Seigneur Venin
de Gabbarel Dalmatius

critiqué par Pucksimberg, le 18 août 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Une bande dessinée épique
Gabbarel Dalmatius, pseudonyme de Gabriel Delmas, a enfanté un univers de fantasy minutieusement construit. Le monde a été ravagé par une apocalypse nucléaire. Les survivants sont d'un côté les hommes gouvernés par l'autoritaire et effrayant Erebus qui n'a pas hésité à massacrer sa famille pour asseoir son pouvoir, de l'autre côté les Singes. Ces deux populations se mènent une guerre sans merci. Les divers combats et l'héroïsme de certains personnages justifient ce caractère épique.

A ces personnages, s'ajoute le monde des morts, mystérieux, ouvert, sorte de magma où la matière semble naître et se fondre. Le Seigneur des venins observe les hommes, semble maître de leur destinée et engendre des univers viables. Le lecteur a l'impression de lire un texte mythique qui expliquerait la naissance du monde.

La bande dessinée est d'une extrême richesse. Gabbarel Dalmatius a inventé un monde avec ses règles, son territoire, ses habitants et leurs croyances, des rivalités. Le lecteur peut complètement s'immerger dans cet univers (dés)organisé avec science.

Les dessins sont en noir et blanc, ce qui accentue le caractère apocalyptique de la BD. Les personnages semblent sortis de l'imaginaire de Bosch, peintre qu'affectionne le dessinateur. Le texte est très bien écrit, poétique, élégant malgré la violence de certaines scènes, hermétique parfois.

Cette BD est un peu un ovni dans la production actuelle. Elle peut déconcerter, mais est franchement réussie. Je ne suis pas du tout un habitué des oeuvres qui narrent les affrontements entre des pays imaginaires, mais cette BD touche à l'universel. Elle évoque la guerre, la soif de pouvoir, les meurtres politiques, la conquête, l'évolution, la création et pourquoi la religion puisqu'il est question de création de mondes ...

Une oeuvre originale, sombre, esthétique et poétique.