Le Corbeau vient le dernier
de Italo Calvino

critiqué par CC.RIDER, le 26 juillet 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Petites histoires bien agréables à lire
Liberesco, le jeune jardinier anarchiste, couvre de cadeaux insolites Maria Nunziata, la petite servante bigote... Au bord de la mer, deux bandes de gamins se disputent une vieille épave rouillée... Deux enfants pauvres, Giovannino et Serenella, pénètrent par le trou d'une haie dans une riche propriété, se baignent dans la piscine, jouent au ping pong et se régalent avec le goûter d'un jeune châtelain neurasthénique... Un peu plus tard, à l'aide de roseaux et de bouts de bois, ils jouent à la guerre et se retrouvent en plein milieu du théâtre de vraies opérations... A cause d'un importun, un chasseur et son fils rentrent bredouilles d'une chasse au lièvre... Le fils d'un propriétaire terrien doit surveiller des ouvriers agricoles en train de moissonner. C'est l'oeil du maître, mais il ne connaît rien à rien... Pietro et son frère Guido, deux jeunes bons à rien, font le désespoir de leurs vieux paysans de parents qui doivent trimer pour les entretenir...
« Le corbeau vient le dernier » est un recueil de 24 courtes et souvent surprenantes nouvelles dont l'action se situe dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale dans une Italie déchirée entre Allemands, miliciens, Anglo-américains et partisans. Elles narrent de tout petits faits de la vie quotidienne avec fantaisie, humour et ironie amusée. Certaines sont plus cruelles que d'autres. La meilleure reste « La maison aux ruches » avec son apiculteur misanthrope qui vit en autarcie au sommet d'une colline en refusant tout contact avec la civilisation. Magnifique et cruelle, elle est particulièrement réussie grâce à sa chute étonnante. A travers ces petits récits réalistes, poétiques, mélancoliques, pittoresques et souvent fort drôles (« Vol dans une pâtisserie » en est une magnifique démonstration), Calvino nous fait découvrir la réalité disparue de ce petit peuple de l'époque avec ses gamins pouilleux, ses chasseurs, ses vieilles prostituées sur le retour, ses GI's en goguette, ses paysans matois ou exploités, ses délateurs, ses voyous et autres demeurés célestes... Bien entendu, pas du niveau du célèbre « Baron perché », mais bien agréable à lire quand même.