L'Abyssin
de Jean-Christophe Rufin

critiqué par Bolcho, le 26 octobre 2002
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Encore des sillons abreuvés
C'est un roman historique. Il en a les qualités et ceux qui ont parlé des autres titres de Rufin disent toutes les bonnes choses qu'il faut en dire. Il en a aussi certains défauts : les ressorts de l'intrigue sont un peu convenus. Mais, honnêtement, c'est un peu pour cela qu'on ouvre ce type de livre, non ? Ce que j'aime beaucoup chez Rufin, ce n’est pas tant l'histoire qu'il nous raconte, c’est la verve comique qui va se nicher partout. Un des personnages, prêtre de famille très aisée, explique à l’autre pourquoi il s’est donné à Dieu : « Dieu m’a comblé des grâces de sa Providence. Il m'a tout donné ; j’ai voulu seulement tout lui rendre ». Vous devinez sans doute la réponse de l’autre personnage : « (.) Eh bien moi (.) c'est tout à fait le contraire (…). Au fond, si je vous suis, je devrais dire : Dieu ne m'a rien donné et je suis quitte… ». Ou bien cet autre dialogue : « - C'est le fils de ma troisième femme, dit le Roi. On ne sait pas ce qui lui arrive. Tout passe à travers. S’il mange du mil, il fait du mil ; s’il mange du sorgho, il fait du sorgho ; s’il mange de la viande, il fait de la viande. Il se tourna vers les médecins pour recueillir leur avis. (.) - C'est très simple (.), qu'il mange de la merde ».
Oui, je sais, j’ai parfois l'humour un peu poussif. Allez, encore un extrait. C’est le dernier, je le jure. A propos du Pacha Mehmet-Bey qui aimait tant posséder des étrangères. « Il le faisait sans renier sa piété, bien au contraire. Jamais il ne se sentait aussi humblement utile au Prophète qu'en épandant sa semence de vrai croyant dans des sillons labourés d’abord par d’autres (.). Les muftis connaissaient l'ardeur presque missionnaire du Pacha et ne s’en formalisaient pas. Ah ! Cette ardeur « presque missionnaire » qui nous éclaire même au passage sur la position adoptée.
Encore une petite réflexion pour faire comme si l’on continuait à penser en lisant : pourquoi les romans historiques mettent-ils en scène, si souvent, des médecins ou guérisseurs ? Peut-être parce qu’ils sont écrits aujourd’hui, chez nous, et que c'est la dernière forme d'héroïsme qu'une société en pantoufles puisse imaginer ?
Une lecture plaisante et qui sort de l'ordinaire 8 étoiles

Jean-Christophe Rufin est un auteur que j'apprécie pour sa capacité à nous faire voyager vers des destinations exotiques mais aussi à travers les siècles. Ne dérogeant pas à cette règle, l'Abyssin nous envoie au temps de Louis XIV suivre les aventures du sieur Poncet, apothicaire de son état. Mêlant aventure et romance ce roman fut plaisant et donne envie de connaître sa suite. J’ai apprécié cette plongée au cœur d’un territoire que je ne connaissais pas, l’Abyssinie et sa riche histoire.
Une lecture intéressante et plaisante.

Sundernono - Nice - 40 ans - 19 octobre 2023


Des intrigues médicales, diplomatiques et amoureuses 8 étoiles

Les intrigues croisées détonnent déjà ; le fait qu'elles croisent la grande Histoire et qu'elles adoptent un ton exotique, de surcroît dans une contrée peu connue, l'Abyssinie, et une autre à portée fantasmagorique, l'Egypte, mais la musulmane du début du XVIIIème siècle, constitue autant d'éléments d'attraction pour cette histoire complexe et bien emmenée. La trame est amenée finement, avec un style abordable, ce qui est préférable, vu sa complexité.
Ce roman en apprend beaucoup, ce qui n'est pas vain. Il est intéressant pour l'Histoire et ses histoires. Il mérite d'en suivre les détours.

Veneziano - Paris - 46 ans - 27 juin 2018


Ni plaisant ni déplaisant 5 étoiles

Un livre d'aventure qui prend sa source à un fait historique intéressant. Point de départ et prétexte d'un voyage à travers l'Afrique, avec évocation des luttes intestines entre les communautés chrétiennes pour asservir les pays à leur foi.

C'est très bien écrit, mais sans verve. On suit un périple sans grand rythme, de façon assez convenue, pimenté d'une histoire d'amour improbable (et guère crédible). Sans être ennuyeux, ce n'est pas non plus passionnant.

Colt - - 51 ans - 31 octobre 2014


Un bon moment de lecture 9 étoiles

Je viens de terminer l'Abyssin. J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre et je me suis surprise à me retrouver embarquée dans une aventure qui me surprenait à chaque phrase. Ruffin écrit très bien, pas un moment de lassitude dans la lecture, une fluidité et une incroyable capacité à nous emmener avec lui. Vraiment je recommande la lecture de ce roman qui me laisse au coeur, l'envie du voyage...On s'attache aux personnages, aux lieux...une histoire dans l'histoire

HildegardeVonBeaumont - Beaumont - 56 ans - 19 mai 2014


Quel bon voyage! 8 étoiles

Le seul sous-titre, "relation des extraordinaires voyages de Jean-Baptiste Poncet, ambassadeur du Négus auprès de Sa majesté Louis XIV", a suffi d'emblée à gagner mon enthousiasme.
Je suis très preneur de ces récits d'expéditions vers l'inconnu et le danger. Ajoutez à cela un revigorant souffle de liberté, des intrigues politico-religieuses, des personnages hauts en couleurs servis par de savoureux dialogues, enfin une plume précise et belle. Bref un excellent moment. Rouge Brésil est déjà sur ma liste!

Elko - Niort - 47 ans - 29 août 2013


Roman d’aventures ou quasi conte de fée au siècle de Louis XIV 9 étoiles

Tout au long de cette belle histoire d’amour et de démêlés diplomatiques, nous suivons avec délectation les aventures d’un herboriste-médecin qui le mèneront du Caire en Abyssinie et retour, et puis jusqu’à Versailles pour rendre compte au Roi Soleil de son expédition chez le Négus.

Finesse et humour émaillent ce passionnant roman, rédigé avec une particulière élégance dans cette belle langue du XVIIè siècle, et qui nous transporte, à cheval ou en calèche, à dos de chameaux ou de mules, sur des routes de France et d’Orient, dans un contexte d’intrigues de cours et de luttes d’influence entre l’Eglise et l’Etat.

S’il tourne à regret la dernière page de cette merveilleuse histoire, que le lecteur admiratif de Jean-Christophe Rufin se rassure : l’auteur lui ménage une suite prometteuse avec son nouvel opus 'Sauver Ispahan' !

Ori - Kraainem - 88 ans - 29 juillet 2010


Trop vaudevillesque mais agréable tout de même 7 étoiles

Galerie de portraits assez truculents, variété des paysages (Le Caire, l’Abyssinie, Paris ainsi que tous les trajets variés des héros) et lecture très facile sont les points forts de ce roman.
Malheureusement, il y a aussi un côté beaucoup trop vaudevillesque (particulièrement au début) qui alourdit le récit.
Mais lecture agréable, c’est certain !

Manumanu55 - Bruxelles - 44 ans - 17 novembre 2009


Un régal 9 étoiles

Des aventures, des intrigues, un peu d'Histoire, des paysages, une atmosphère...Ce roman de Jean-Christophe Rufin est un régal. S'il est vrai, ainsi que l'a fait remarquer un lecteur, que les ressorts de l'intrigue sont parfois trop convenus, ce qui me plaît chez cet auteur (j'ai lu auparavant "Rouge Brésil"), c'est qu'il parvient à nous emmener avec ses personnages à travers les contrées qu'ils traversent. Ses descriptions ne sont ni trop pompeuses, ni trop peu fournies.

C'est un beau voyage qu'il nous offre, profitons-en!

Léa001 - - 45 ans - 13 novembre 2006


Rythmé et plein de rebondissements – A dévorer 8 étoiles

Jean-baptiste Poncet, jeune médecin des pachas du Caire, homme sans titre, tombe amoureux de la fille du consul, Alix. Il est amené à soigner le roi d’Abyssinie. Sur fond de conquête religieuse des territoires d’Afrique par les occidentaux sous Louis XIV , ce jeune médecin ne reniera jamais ses convictions malgré son amour pour la fille du Consul.
Une belle histoire d’amitié entre ce jeune médecin et son herboriste, protestant.
Et une belle histoire d’amour entre un homme du peuple, jean-baptiste, et une jeune fille de bonne famille, Alix.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 11 septembre 2005


Abyssinus Rufinus. 6 étoiles

JC Rufin est de la race des raconteurs d’histoires. D’histoires dans l’Histoire. C’est le cas ici puisqu’il est question d’un Jean Baptiste Poncet, médecin non-officiel au Caire, révolutionnaire dans l’âme (nous sommes sous le règne de Louis XIV), qui, par suite d’évènements qu’un écrivain comme Rufin a tout loisir de provoquer, se retrouve mandaté pour aller soigner le Négus, le Souverain d’Abyssinie, cette contrée mystérieuse de l’autre côté de l’Arabie qui pratique un Christianisme non-orthodoxe.
L’Abyssinie attise toutes les tentations : des politiques qui lorgnent sur les richesses du pays et sa position géostratégique à revers du monde arabe, des Jésuites, des Capucins qui veulent y faire acte de mission pour en recevoir l’autorité et le prestige qui rejaillirait sur les « vainqueurs ». Bref du LE CARRE sous Louis XIV !
Bien écrit, il faut aimer ce genre d’ouvrage qui vise à refaire, ou interpréter l’Histoire, en en racontant une de son cru.

Tistou - - 67 ans - 28 août 2005