Ma guerre silencieuse
de Kim Philby

critiqué par HJ, le 4 septembre 2012
( - 46 ans)


La note:  étoiles
Le plus grand espion de tous les temps
Kim Philby est sans doute le plus grand espion de tous les temps. Fils d'un grand savant, il se passionne pour le communisme, et horrifié par l'arrivée d'Hitler au pouvoir (1933) s'engage dans les services secrets soviétiques. Commençant en bas de l'échelle des espions, il magouille et finance quelques coups pour aider les étudiants antinazis d'Allemagne, Autriche et Europe centrale. Bénéficiant d'une très haute éducation et d'un statut aristocratique, il est utilisé par les SSS pour infiltrer les milieux pronazis anglais. Il y réussit très bien. En 1936 il est envoyé en Espagne espionner le camp franquiste, sa couverture est journaliste pour le Times. Il y réussit là aussi très bien, il est décoré par Franco pour avoir survécu à un attentat. En 1939 il est rappelé à Londres pour être envoyé sur le front de France en 40. De retour à Londres encore une fois, il est engagé dans les services secrets britanniques grâce à son ami Guy Burgess qui est lui aussi des SSS. Philby s'occupe de la formation des agents des SSB envoyés en Europe occupée, on y apprend le camouflage, les explosifs etc. Puis, les SSB mettent à profit son expérience espagnole et le nomment chef du renseignement pour la péninsule ibérique. Une place de choix pour un infiltré soviétique ! Philby, habile et diplomate, se fait des amis qui lui laissent regarder les fichiers des SSB pour l'URSS, ce qui lui permet de dégoter les noms des agents anglais là-bas. Moscou est ravi. Peu à peu Philby se rapproche du sommet. Il remplace son chef à la tête du contre-espionnage. Puis il est même chargé de la cellule spéciale chargée de l'URSS ! Mais la roche tarpéienne est proche du Capitole : dès la fin de la guerre, à cause de restrictions budgétaires, les services sont réorganisés, et il est envoyé à Istanbul. Chargé de plusieurs missions d'infiltration à la frontière soviétique, il les fera toutes échouer. Quelques temps après il est envoyé à Washington pour adoucir des relations qui se sont tendus depuis la découverte par les Américains d'une taupe communiste à l’ambassade anglaise. Philby, toujours diplomate et habile, parvient à faire s'évader son camarade grillé et Guy Burguess (proche de la retraite). N'ayant aucune preuve contre Philby, aussi bien les Américains que les Anglais, ne peuvent rien formellement contre lui ; mais les soupçons sont si forts désormais qu'il est discrètement mis à l'écart (1951). Occupant divers emplois jusqu'en 1965 il décide de s'établir au Liban, aussi bien parce que ce pays n'a pas d'accord d'extradition avec l'Angleterre que parce que pour lui c'est une planque idéale pour espionner. Finalement, mis au courant qu'il serait prochainement kidnappé, il s'échappe une dernière fois, cette fois pour l'URSS, la patrie du socialisme qu'il a si bien servi toute sa vie. C'est là que l'auteur rédige son livre publié en 1968, un livre au style parfois décousu, mais dont le contenu est tellement explosif qu'il mérite d'être lu et relu. Il est évidemment impossible pour lui, surtout encore à l'époque, de livrer tous ses secrets. Mais, le peu qu'il nous en livre suffit à faire comprendre pourquoi au fond les Britanniques ont plus cherché à étouffer l'affaire (1951-1955) qu'à l'étaler sur la place publique ! C'eut été un tel choc pour la reine, et ce en pleine guerre froide en plus, l'amitié américano-britannique en eut sûrement souffert ! Un livre à lire absolument.