En l'absence de classement final de Tristan Garcia

En l'absence de classement final de Tristan Garcia

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Cyclo, le 23 juin 2012 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 987ème position).
Visites : 3 390 

De la compétition

Trente et un textes courts, de deux à dix-huit pages. Tous traitent du sport, et racontent les heurts et malheurs des petits, des obscurs, des sans grades, aussi bien que des champions, ces nouveaux "damnés de la terre". C'est un peu à dessein que j'utilise cette expression tirée de "l'Internationale", car justement me semble que le sport, tout au moins le sport de compétition, est devenu le nouvel opium du peuple, et a remplacé la religion ! L'auteur est philosophe et imaginatif. On sent qu'il connaît assez bien le sujet, qu'il regarde la télévision, qu'il sait observer et, à partir de l'observation, inventer. Bien sûr ici, Tristan Garcia fait une critique assez sévère du sport de compétition, devenu métaphore de l'économie mondialisée, à base d'efforts et de persévérance (chez les athlètes), d'insincérité et de combines chez les entraîneurs, les parieurs et les politiques. On croisera donc un sauteur en longueur, un cycliste, un pongiste chinois, un lutteur ouzbek, une volleyeuse cubaine, un boxeur latino, un pilote de course finlandais, des basketteurs américains, des nageuses, des footballeurs, des coureurs à pied éthiopiens, etc. Tous sont des victimes du système, de la compétition forcenée (et parfois truquée, voir les nouvelles parfois terrifiantes sur le cyclisme, le volley-ball ou la course à pied), des entraînements intensifs (et parfois du dopage qui va avec), de coups tordus (avec en arrière-plan la politique, voire des complots), du cynisme et de l'argent, de névroses diverses, de l'obligation d'être toujours au top : un concentré de notre belle civilisation ! On rit parfois, on frémit souvent, on est aussi effrayé par l'hyper-réalisme de la dérégulation sportive, tellement analogue à l'horreur économique.
En l'absence de classement final montre aussi la beauté des gestes, l'impossibilité parfois de saisir dans leur complexité tous les tenants et aboutissants d'un merveilleux exploit (ainsi d'un but de football particulièrement réussi, tributaire des "passes, des renvois" tellement inattendus qu'une sorte de poésie se dégage de cette réussite). Bien sûr, il s'agit toujours d'athlètes imaginaires. Et donc de littérature. Mais parfois l'imagination permet de mieux comprendre les choses. On ne peut plus, après cette lecture, regarder le Tour de France ou une course de fond avec la même innocence, et dire : « On ne savait pas ! » Il y a une horreur, une barbarie, une indécence sportives, parfois une absence de respect et de sens de l'honneur que l'auteur ne veut pas escamoter, et qui confine souvent au désastre.
Superbe recueil de nouvelles, à méditer.

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Les éditions

  • En l'absence de classement final [Texte imprimé], nouvelles Tristan Garcia
    de Garcia, Tristan
    Gallimard
    ISBN : 9782070137473 ; 17,90 € ; 05/04/2012 ; 208 p. ; Broché
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Pas pour moi !

2 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans) - 29 octobre 2019

Des nouvelles que je n’ai pas comprises, quel que soit le sport concerné – pour celles que j’ai lues.
Arrivée au tiers du livre, je l’ai lu en diagonale, espérant que l’une ou l’autre nouvelle éveillerait mon intérêt. Que nenni !

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