Expansion du tourisme : gagnants et perdants
de Collectif Alternatives Sud

critiqué par OC-, le 11 juin 2012
( - 27 ans)


La note:  étoiles
Le tourisme : un étau pour le Sud
"Le tourisme : fils de l'industrialisation et de la démocratie, bon élève de la mondialisation et de la consommation", une formule de Mimoun Hillali, synthétise plutôt bien la situation du tourisme.
Ce livre est un recueil d'articles écrits par des gens du Sud. Cela lui confère une certaine légitimité, et permet d'élargir nos champs de vision intellectuels. Il pose la problématique du tourisme, qui n'est pas à négliger, celui-ci étant le premier poste du commerce mondial.
Le tourisme, d'après les organisations officielles (OMC, ONU, OMT, etc.) qui sont soit de mauvaise foi soit d'une grande naïveté, voire d'une grande ignorance (ce qui est difficile à concevoir), est un moyen de développement économique pour les pays du Sud, d'échanges culturels entre les peuples, de transferts de technologies et même d'un transfert de richesses. C'était sans compter l'AGCS (l'accord général sur le commerce des services) mis en place... par la même OMC : l'hypocrisie est à son comble. Cet accord vise à interdire tout intervention d'un Etat sur le marché des services, toute tentative de régulation. En clair, c'est le triomphe du libéralisme économique, de la mondialisation néolibérale, ayant pour retombée la domination des puissants (multinationales, finance, etc.) sur le reste.
Et c'est en effet bien cela qui se passe dans le domaine du tourisme. Le tourisme n'apporte pas beaucoup de retombées positives : entre 40 et 80% de l'argent dépensé par le touriste ne reste pas dans le pays, et part pour les tour-opérateurs, lignes d'hôtels, groupes agroalimentaires occidentaux (c'est ce qu'on appelle les fuites). Les touristes, parce qu'ils ont beaucoup plus de moyens financiers que la population locale, déséquilibrent l'économie : ainsi, des médecins vont se reconvertir en vendeurs de pacotilles pour touristes, parce qu'ils y gagneront plus. Au niveau environnemental, on observe une érosion accélérée des côtes, une artificialisation des sols, une pollution des eaux accrue, une raréfaction des espèces, etc. Socialement, le tourisme n'est pas non plus bénéfique : exploitation des enfants, privatisations des biens culturels (comme le Machu Picchu).
La solution se trouve certainement dans une nécessaire régulation des flux touristiques, mais aussi dans une démocratisation du tourisme, c'est-à-dire dans l'élaboration de politiques participatives. Ce sont aux populations locales de décider combien de personnes accueillir, où, comment, quelles activités autoriser, quelles activités interdire, etc. Certaines expériences, en Inde notamment, nous montrent la voie. Il ne reste plus qu'à les répandre, à les diffuser, mais aussi à lutter contre les lobbies industrielles. Dommage que les différents articles se répètent.