Vous n'écrivez plus ?
de Laurence Cossé

critiqué par Isis, le 9 mai 2012
(Chaville - 79 ans)


La note:  étoiles
Le mal d’écriture…
Comme le titre de ce recueil de nouvelles le laisse aisément supposer, les textes rassemblés ici mettent tous en scène, à des degrés divers, des écrivains en mal d’écriture ou qui expriment leur mal être à travers l’écriture.
Une des onze histoires intitulée «Un pull bleu très doux» ne s’achève-t-elle pas sur le postulat selon lequel : « Tous les gens qui écrivent sont cinglés. Plus ou moins cinglés, mais cinglés. C’est pour ça qu’ils écrivent du reste. Quand on va bien, on n’écrit pas.»
En tout cas, Laurence Cossé n’était sans doute pas dans sa meilleure forme lorsqu’elle a écrit cet ouvrage, tant sur le plan de l’inspiration que de son moral du moment.
Il se dégage en effet de l’ensemble beaucoup de pessimisme et d’amertume sur les servitudes et les frustrations de ce métier qui, pour d’aucuns, ne serait pas du «vrai travail», pour faire référence à une récente petite phrase assassine laquelle a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps !
Témoin, ce propos mis dans la bouche d’une de ses héroïnes qui en dit long : «Bien, moi qui étais en train d’écrire, c’était différent, j’étais disponible. Ceux qui écrivent ont tout leur temps, ça va de soi. Personne ne considère qu’ils travaillent»
Par ailleurs, la nouvelle est, certes, un art difficile à manier et si la chute devrait en constituer l’aboutissement et l’apothéose, elle tombe ici régulièrement à plat, (sauf, peut-être pour le texte intitulé «Les carnassiers» auquel j'accorderais une mention spéciale) laissant le lecteur sur sa faim et libre d’inventer lui-même une… fin plus originale.
Au total, j’ai été assez déçue par ce livre alors que, précisément, j’avais beaucoup apprécié l’originalité des précédents ouvrages de cet auteur et, notamment, «Le 31 du mois d’août» tout comme «Au bon roman». Et pourtant, –je viens tout juste de l’apprendre en consultant Wikipedia- ce recueil a obtenu le grand prix de la Nouvelle en 2006…
Alors… Je vous laisse juges !