Les droits de l'homme
de Thomas Paine

critiqué par Oburoni, le 5 mai 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Vive la Révolution !
Dédié à George Washington, le président d'une nation dont il avait encouragé l'indépendance avec ferveur (il y voyait le triomphe de la lutte citoyenne pour les "droits naturels" contre la tyrannie monarchique), "Les Droits de l'Homme" de Thomas Paine est en fait une réponse critique aux "Réflexions sur la Révolution de France" d'Edmund Burke, publié l'année précédente en 1790.

C'est que, contrairement à Burke qui défendait un ordre social traditionnel monarque-noblesse-clergé, Paine, lui, encourage sa démolition au profit d'une démocratie représentative. De fait, il supporte donc la Révolution française, avec laquelle il ne prendra ses distances qu'à la suite de l’exécution de Louis XVI.

Le titre dit tout : contrairement à Burke, il a parfaitement compris que derrière une crise économique et les évènements violents qui vont en découler surgit en fait, aussi et surtout, le triomphe d'un nouvel idéal politique, celui de citoyens avides de réclamer leurs "droits naturels" que le système monarchique, absolutiste en particulier, leur dénie. Il s'agit de la souveraineté du peuple, incarnée par un gouvernement chargé de défendre les droits de tout ses citoyens, mettant à bas la vision d'une société telle que prêchée par Burke et ses partisans, à savoir une souveraineté entre les mains d'un monarque ou d'une dynastie royale, appuyée par une aristocratie héréditaire et justifiée par les "superstitions" d'une Eglise, elle-même servant ses propres intérêts et non ceux de ses ouailles.

Thomas Paine ose même aller plus loin. Là où Burke et les anti-révolutionnaires se soucient de l'avenir de la noblesse et du clergé lui se préoccupe de celui de ceux que l'Ancien Régime oppressa : les pauvres. Il propose en fait toute une série de mesures, de l'éducation des enfants à l'instauration de pensions pour ceux incapables de pourvoir à eux-mêmes qui sont frappantes à lire aujourd'hui.

On le devine, anti-royaliste, moquant le principe de gouvernement héréditaire, fervent défenseur des "droits naturels" et de la démocratie représentative, réformateur radical, "Les Droits de l'Homme" est une claque qui résonne même sur les joues de la monarchie anglaise. Le livre sera d'ailleurs interdit et l'auteur, jugé in abstentia, s'exilera en France.