Signé Picpus de Georges Simenon

Signé Picpus de Georges Simenon

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Noir de Polars, le 2 mai 2012 (PARIS, Inscrit le 28 mai 2011, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 718ème position).
Visites : 2 997 

Le premier "Mauriac-thriller"

Le mot de l’éditeur
" Demain, à cinq heures de relevée, je tuerai la voyante. Signé : Picpus ". Qui est ce Picpus ? Quelle voyante ? Pourquoi ce crime invraisemblable et sans mobile annoncé ? Maigret, qui a fait établir une surveillance très large au risque d'être ridicule, en arrive, pour la première fois de sa carrière, à souhaiter que le meurtre ait bien lieu. Ce qui arrive en effet. Une Mlle Jeanne est poignardée chez elle dans son boudoir. Dans la cuisine mitoyenne est enfermé à clef un vieil homme en pardessus, calmement assis sur une chaise. Il attend. Il semble n'avoir rien vu et pleure doucement à la nouvelle du drame. " Jamais devant un homme [Maigret] n'a eu une telle impression de mystère ", écrit Simenon.

L’histoire
Un comptable à l’apparence minable, Mascouvin, se présente à la P.J : il vient se constituer prisonnier, s’accuse d’un vol chez son patron, gérant de biens. Il ne vient pas seul, mais accompagné d’un buvard qu’il a ramassé dans un café ; sur ce buvard, une prophétie, « demain, je tuerai la voyante », et une signature, « Picpus ».
Effectivement, quelques jours après, une voyante est retrouvée poignardée, dans l’appartement qui lui sert à la fois de crèche et de cabinet, rue Caulaincourt, dans le quartier Montmartre. La découverte du corps se double d’une autre : derrière une porte fermée à clef de l’extérieur, un homme attend, paumé tel un togolais dans la galerie des glaces. Reconduit chez lui, Maigret découvre un intérieur bourgeois gardé par deux femmes, la mère et la fille, la chambre du type, très différente par sa simplicité du reste de l’appartement et surtout, surtout, munie d’un verrou extérieur. Comme si ce type était quelquefois enfermé.
Cette famille intrigue donc Maigret au plus haut point. Tout lui sera sujet à question dans cette histoire, de multiples pions se mettront en place. Rien ne rassemble ces pions ? Si, chacun d’eux a un lien avec la voyante. Qui est par exemple ce monsieur Blaise, amateur de pêche qui ne pêche pas mais ramène du poisson ? Et ce Le Goasguen, le paumé de la rue Caulaincourt, suant sous son pardessus en plein mois d’août, riche d’une grosse rente annuelle ? Anormal, voire fou, et souffrant d’anciennes fièvres aux dires de sa femme. Voire…

Les élucubrations du bertrand
« Signé Picpus » est un Maigret un peu à part. En premier lieu parce que le manuscrit de l’œuvre, initialement publié dès 1941 dans Paris Soir, a été vendu aux enchères au profit des prisonniers de guerre en 1943. Ensuite, parce qu’il s’agit d’un Maigret aux multiples personnages, aux lieux différents, fait d’intrigues entrecroisées. Compliqué ? Que non ! Magistral, plutôt, car tous ces fils se tiennent, mènent à une vérité plutôt effroyable.
Il y a du Balzac dans ce Simenon là ! La peinture des personnages y est remarquable, la complication de l’intrigue n’est jamais ressentie par le lecteur, tout à son plaisir de dévorer ce qu’on appellerait de nos jours un thriller. Un vrai, pas un de ceux où on fait pan-pan, un « Mauriac-thriller » si on me pardonne l’expression, une enquête où les balles s’appellent Intérêt, Calcul, Mépris.

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Compassion

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans) - 12 janvier 2013


Mais qui est donc ce Picpus, celui qui a laissé ce message « Demain, à cinq heure de relevée, je tuerai la voyante «. Et comme de juste Mme Jeanne, voyante extralucide, est assassinée chez elle avec un couteau. Maigret tient à l’œil deux présumés coupables. Dont un vieux bonhomme, Octave Le Cloaguen pour lequel notre bon commissaire, puis peut-être vous, lecteur, éprouverez un sentiment de sympathie, de compassion (= souffrir avec). Surtout quand Le Cloaguen prononce cette phrase, accusant son épouse et sa fille : « Sous prétexte que je ne sais pas me tenir à table, elles m’apportaient ma pâtée dans ma chambre … De quoi ne pas mourir de faim … Je gardais toujours un creux à l’estomac. » Car, oui, c’est bien de maltraitance, et de la pire espèce, dont il est question ici. Mais de bien d’autres choses encore... Hé.

Un Simenon aux multiples personnages qui s’imbriquent les uns aux autres (prenez des notes pour vous y retrouver).

Ambiance !

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