L'incohérence française
de Christian Saint-Étienne

critiqué par Veneziano, le 1 mai 2012
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
La concurrence fiscale et sociale en Europe : l'erreur fatale
Si le Traité de Maastricht a bien créé une monnaie unique, il a instauré une concurrence fiscale et sociale en Europe. En France, cela a conduit à une désindustrialisation, une fuite des revenus, des rentrées financières et des savoirs, alors qu'aucune rigueur budgétaire, ni aucune réforme structurelle n'a été pratiquée. Et cela n'a pas été présenté comme tel par les décideurs politiques, qui soit ne comprennent pas ce qu'ils négocient, signent et font adopter, soit mentent honteusement.
Après les Trois mortelles, 1991 à 1993, et les Douze Bérézina, de 1999 à 2010, des réformes s'imposent d'elles-mêmes, une gouvernance économique et financière mutualiste unique au niveau européen, une politique de désendettement qui ne nuise pas à la croissance, l'adoption d'un système financier, fiscal et social de développement des PME, la création d'une grande métropole tirant la croissance nationale française vers le haut.

Comme souvent, le ton de l'auteur est alarmiste, un tantinet provocateur, mais surtout novateur et à la fois fort réaliste sur le constat et les mesures qui s'imposent.
Comme souvent également, cet universitaire médiatique est pédagogue sans être austère, en raison des motifs évoqués plus haut. Ce livre est donc aussi rude à lire que nécessaire pour se rendre compte des efforts à accomplir pour redresser la France.
Cri d'alarme 10 étoiles

Le propos de ce livre est clair: "La France est à la veille d'une crise de finances publiques d'ampleur historique.." (p.9). L'économiste Christian Saint-Etienne n'y va pas par quatre chemins.
Son diagnostic est clair. Deux phénomènes concourent à créer les difficultés actuelles. Le premier est la coupable habitude, droite et gauche confondues, des budgets en déséquilibre depuis la fin des années 1970 qui accroît sans cesse une dette infernale (70000 à 80000€ par ménage français). Le second est la détestable négociation du traité de Maastricht géré par des responsables (Mitterrand, Delors) qui n'en ont pas compris la portée ni imaginé les conséquences dommageables pour notre pays. "La France ne pouvait signer le traité de Maastricht qu'en s'engageant dans une politique durable de compétitivité productive et de rigueur budgétaire inflexible." (p.30) Les conséquences de cette erreur ont été masquées un temps par la baisse de l'euro par rapport au dollar (1€= 1,15 US$). Puis les faiblesses structurelles de notre économie (compétitivité dégradée et inconséquente gestion de la dépense publique) sont apparues au grand jour, malgré tous les mensonges de la classe politique, pour aboutir à la situation actuelle.
L'avantage du livre de Saint-Etienne est ensuite de dessiner fermement les pistes de redressement:
- la compétitivité des entreprises,
- mettre la production au coeur du dispositif,
- le renforcement d'un réseau d'entreprises moyennes exportatrices,
- la relance de l'innovation et de la recherche et développement,
- repenser l'urbanisation, l'aménagement du territoire et la structure administrative du pays,
- favoriser la mobilité du travail, la protection des travailleurs et la justice sociale,
- créer un Haut Commissariat à la Stratégie de la République chargé d'orienter les investissements nationaux et locaux,
- réorganiser la fiscalité pour alléger le financement de la dépense publique par les charges sur les entreprises,
- réduire la dépense publique de 100 milliards d'euros par an, c'est à dire de 55,5% du PIB à 48,5% en 2017.

COMMENTAIRE: Voici la potion amère du Docteur Saint-Etienne. A bon entendeur, du courage. Ce dont manque toute la classe politique qui laissera dériver le bateau jusqu’à ce que des autorités extérieures viennent exiger ce qu'elle est incapable de faire. Contrairement à Veneziano, je mets 5 à cet ouvrage qui, discutable et amendable sur certains points, a le mérite de tracer la seule voie possible à court terme.

Falgo - Lentilly - 84 ans - 10 décembre 2012