Chrétiens
de Jean Rolin

critiqué par Zazy, le 25 avril 2012
( - 75 ans)


La note:  étoiles
séjour en Palestine
En se promenant chez les bouquinistes, on peut faire des rencontres inattendues :
Ce livre en est la preuve. Un auteur que je ne connaissais pas du tout. La main n’a pas failli lorsqu’elle a touché ce livre !!!

Suite au siège l'occupation par des combattants palestiniens de la basilique de la Nativité en avril-mai 2002, Jean Rolin, décide d’aller à la rencontre de ces chrétiens de Palestine. Souvent logé chez les sœurs franciscaines il nous narre son séjour.

« Cet épisode avait également fait ressortir l’ambiguïté des relations islamo-chrétiennes en Palestine, même si cet aspect n’en avait été que rarement et timidement souligné ».
Cette dernière partie de phrase est importante car, tout au long de son périple. Les chrétiens rencontrés ne parleront jamais autrement, mais étaient trahis par leurs gestes, une phrase, ou un seul mot lors d’un repas commun.

« Qu’est-ce que vous voulez savoir des chrétiens ? Vous ne comprenez pas qu’ils ne peuvent rien vous dire parce qu’ils sont menacés de tous les côtés ? » lui dira un type d’un air goguenard.

Ce livre nous livre toute l’ambiguïté des chrétiens. Ainsi un professeur de l’université lui dira devant l’abandon de vestiges chrétiens « je ne m’indigne pas en tant que chrétien, insiste-t-il, mais en tant que Palestinien : ce pays n’a-t-il pas été chrétien plusieurs siècles avant de devenir musulman, et ce monument, oui ou non, fait-il partie de son histoire » Cet attachement viscéral à leur terre fait que certains refusent d’émigrer vers les USA comme tant voudraient le faire

Ce livre n’est pas un reportage. En premier lieu, l’atmosphère plombée, donne le « la » au bouquin. Les relations intra-palestiniennes entre islamistes et chrétiens, sorte de jeux de chat-souris vénéneux où la souris est le chrétien.

Mais, comme dans les relations ambiguës, le double opprimé donne tort au Juif et soutient le Palestinien, va même jusqu’à l’excuser, le protéger de l’ennemi commun. « Israël a privé les Palestiniens de leurs droits politiques et de leur liberté de mouvement ; désormais, l’islam prive les chrétiens de leur liberté de vivre comme ils l’entendent » « Plus le style de vie des musulmans s’aligne sur les prescriptions des islamistes, plus celui des chrétiens est montré du doigt. »

Jean Rolin ne se place ni dans un camp ni dans l’autre et essaie de rester neutre bien que, en dernière page, il écrive « … je passai une partie de la nuit à me demander si je n’avais pas fait fausse route depuis le début : si je ne m’étais pas mêlé indûment de quelque chose qui, au fond, ne me regardait pas. … »

Son écriture suinte l’ennui, la peur et la tension qui existent chez les chrétiens palestiniens mais sans être ennuyeux et instructif pour moi.