Sous le signe du rasoir
de Jim Nisbet

critiqué par Pietro, le 24 avril 2012
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Un récit noir doublé d'une radiographie sans concession de l'Amérique
Ecrit au début des années 90, ce roman très noir n'a pourtant rien perdu de son actualité; A travers le portrait de Mark Paulos, dit Pauley, Nisbet parle de cette Amérique des laissés pour compte, qui travaille dur mais qui a du mal à boucler ses fins de mois, qui vit dans des studios insalubres en dessous des toits, qui s'abrutit de programmes télévisés plus affligeants les uns que les autres..
Nisbet critique de manière subtile cette Amérique dont l'ascenseur social est tombé en panne, car si on commence mal dans la vie, et si on n'a pas trop de chance, comme c'est le cas de Pauley, et bien on a du mal à s'en sortir.
Pourtant Pauley fait tout pour, mais ça ne suffit pas, et le destin s'en mêle inexorablement.
Une histoire franchement noire, mais non dénuée d'un certain humour distancié, décalé.
Je trouve quand même la fin d'une ironie hallucinante, et on ne peut qu'éprouver une profonde empathie envers ce pauvre Pauley, dont la vie n'est qu'un scénario noir du début à la fin.
L'écriture de Nisbet est dense, et chaque phrase véhicule une quantité considérable d'informations, qui permettent une description clinique de chaque scène - notamment lorsque le père de Pauley s'électrocute en voulant changer l'ampoule de la salle de bains.
Les personnages sont fouillés, et la notion d'identité sexuelle, ou plus précisément de recherche d'identité sexuelle, notamment chez le tueur dans ce livre, est présente, comme dans tous les romans de Nisbet.
A lire rien pour que pour l'émotion particulière que provoque le dénouement final.
Sombre et attachant 6 étoiles

Les quelques personnages dont on nous montre une tranche d’existence, vivent au jour le jour mais croient fermement que le futur ne pourra être que meilleur. C’est l’optimiste qui ne baisse jamais les bras, même s’il doute parfois, et vit le rêve américain de s’en sortir par lui-même.

On navigue ici dans des quartiers pauvres et décrépis, l’amitié des bars et des marginaux à la frange des trafics et vols illégaux. L’alcool et la cocaïne sont omniprésents, le sexe et l’homosexualité prennent également une large part du temps. Et dans cette atmosphère de récupération de matériel et de bricolage incessant pour faire fonctionner les choses, la plupart des gens débordent d’une générosité désintéressée devant les amis touchés par l’adversité, en partie peut-être pour la conjurer.

La vie nous est présentée dans ce roman sous son caractère ambigu avec pratiquement toujours, pour compenser les petits bonheurs, une contrepartie négative.

Ce livre est aussi bourré de références littéraires mais aussi cinématographiques et musicales.

IF-0512-3890

Isad - - - ans - 3 juin 2012