Le manoir des tortures
de R. L. Fanthorpe

critiqué par Kalie, le 20 avril 2012
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Mystère et boule de gomme
« Le manoir des tortures » (« The Unconfined » - 1966) est le seul roman de l’écrivain anglais Robert Lionel Fanthorpe publié dans la collection Gore. Cet auteur, très prolifique dans son pays, a publié sous de nombreux pseudonymes.

Je préviens tout de suite que ce roman, très peu sanglant, n’est absolument pas représentatif de la collection Gore.

Une jeune femme, Marion Sanderson, est en vacances au « Château Ténébreuse », une sinistre demeure nichée entre les sommets déchiquetés des Alpes Suisse. Seul un téléphérique permet d’accéder au lieu. Marion y rencontre Paul Janvier un poète et dramaturge venu interviewer une célébrité qui s’est désistée… La demeure est occupée par une certaine Olga Voyageur, la très désagréable maitresse de maison, aux mains disproportionnées dont la principale activité est de tricoter (?). Il y a aussi Pierre Sombre, un vieil homme aux grands ongles crochus qui joue de la harpe. Au fil du récit, Marion et Paul vont faire la connaissance d’autres personnes toutes plus bizarres les unes que les autres.

Dès son arrivée, Marion se sent oppressée. Il faut dire qu’avec ses ours et son loup taxidermisés, plus vrais que nature, la salle de réception impressionne. Et que dire de la chambre de Marion avec ses petits montagnards sculptés des plus inquiétants, la bibliothèque avec ses livres maudits et son jeu d’échecs dont les pièces se déplacent toutes seules. Cette dernière dissimule un passage secret qui mène à un véritable labyrinthe où se trouve une chambre des tortures avec ses instruments rouillés et une salle pleine de sarcophages. Et que dire de cette odeur de décomposition qui semble provenir d’une Chose répugnante rôdant dans le labyrinthe…

Marion se découvre un point commun avec Paul et émet une première hypothèse sur la raison de leur présence au « Château Ténébreuse ».

Voilà le début de ce livre étonnamment riche au vu de son faible nombre de pages. Il ne paraît pas avoir beaucoup souffert de la traduction.

L’auteur pratique l’autodérision : « quelles sont les circonstances qui vous ont amenée en ces lieux ? On ne vante pas ce château dans les dépliants touristiques, que je sache !... Est-ce une supercherie ? Réfléchissez : où, si ce n’est dans un mauvais roman fantastique, trouveriez-vous un tel rassemblement de personnages ? Un bossu chauve, un barbu jouant sur une harpe une musique ensorcelante, une Mme Olga Voyageur ?... Et écoutez-moi ces noms Voyageur, Sombre ! A quoi peut bien rimer tout ce cirque ? ». Ou encore : « Appelez-moi monsieur Trois - Encore un nom à coucher dehors ! s’exclama Paul… ».

Les premiers chapitres tiennent le lecteur en haleine grâce aux nombreuses interrogations qu’ils soulèvent. L’accumulation de lieux et de personnages intrigants éveille forcément la curiosité du lecteur. Les réparties de Paul Janvier et ses réflexions philosophiques sur la religion, le Mal et les croyances sont aussi intéressantes qu’amusantes.

En revanche, la fin du roman ne plaira qu’aux lecteurs dotés d’une imagination débridée. Personnellement, j’avoue avoir légèrement décroché lorsque des forces maléfiques, une entité extra-terrestre et un moine guerrier sont entrés en scène.