Le rouge est mis
de Auguste Le Breton

critiqué par Noir de Polars, le 18 avril 2012
(PARIS - 56 ans)


La note:  étoiles
Truand mon ami, gaffe aux gonzesses!
Le mot de l’éditeur

Pas de la tarte, cette putain de vie ! On va sur un braquage. On croit que c’est du tout cuit. Puis crac… Un encaisseur qui renaude. Un jeune flic qui s’en ressent. Et c’est la panique. Faut s’tracer en vitesse. Mais pour échapper aux poulets… Et comme Louis le Blond, Raymond le Matelot, Fredo Quesquidi, et Pépito le Gitan se servent pas de pistolets à bouchons… Tout ça, c’est de la vie, à pleine pogne, et de la tuerie, à pleine rage. Ca fume…

La trame

Connaissez le gang des tractions ? Des zigues qui châssent le braquage, le préparent avec soin, l’exécutent avec ou sans violence –plutôt avec- et se remettent au vert une heure après, tout tranquilles ? Cherchez pas, c’est les hommes qui suivent. Celui qu’indique, qui réfléchit, qui prépare, c’est Fredo dit « Quesquidi » du temps où il était aux Amériques pour éviter Verdun et ses tranchées. Le gonze à la bastos facile, vacharde, volontaire voire sadique, c’est Pépito « Le Gitan ». L’homme aux nerfs d’acier, conducteur émérite de Citroëns 15, dur avec tout le monde mais tendre avec sa M’man, c’est Louis, « Le Blond ». Pis y’a aussi Raymond « Le Matelot ». S’fait repasser à la moitié du bouquin, c’lui là.

Braque, braque, re-braque… Fredo n’en peut plus, il a les foies, y va tout laisser tomber. Ses potes pensent le dessouder –manque de confiance- mais en auront pas le temps. S’ront faits aux pattes avant.

Y’a une mousmée aussi, Hélène, une belle garce qu’aime le pognon, surtout le pognon. Voilà-t-y-pas que Pierre, le frangin de Louis, en est dingue. Mais fait pas le poids, le Pierrot, un jeunot qu’a un cœur trop tendre et pas grand-chose dans l’falzar. Gaffe aux gonzesses ! Louis l’avait bien compris, lui : il consomme, c’est tout. Quand on est truand, le premier duce à suivre, c’est qu’il faut jamais s’attacher. Aux potes, à la rigueur, aux gonzesses, jamais.

L’avis

Excellentissime polar, tout ce que j’aime. D’abord, ça se lit en trois heures et j’ai jamais compris pourquoi certains (surtout des saxons d’ailleurs) voulaient toujours rajouter des pages et des pages. Ici, l’histoire est brute de coffrage, sans fioritures complètement inutiles, sans bluette qui vient comme un œuf à la coque dans une cafetière. Brute, oui, simple, oui, mais bien écrite, crédible. On retrouve un Paris des années cinquante, avec la Butte, la rue Lepic où la vieille M’man vend ses cerises. Les truands sont pas des fous de Dieu, ils sont simplement fous d’artiche, de flouze, de grisbi qui permet de boire le Champ’ avec des nanas, et de se promener en fils à fil gris, borsalino sur la calebasse, au lieu de se traîner misérablement en bleu de chauffe. Bon évidemment, ce sont des affreux, c’est sûr, qui n’hésitent pas à repasser de braves pères de famille pour s’approprier l’oseille. N’empêche qu’on ressort de tout ça avec une certaine sympathie pour Louis « Le Blond », et un mépris certain pour son frangin.

A lire d’urgence si ce n’est déjà fait. Publié en 1954, « Le rouge est mis » a été remarquablement porté à l’écran par Gilles Grangier, avec Gabin, Ventura, Frankeur, Bozuffi et Annie Girardot en salope haïssable. Sorti en DVD récemment, le film est fidèle au roman.

retrouvez cette chronique, ainsi que la vidéo sur NoirdePolars, ici:
http://noirdepolars.e-monsite.com/pages/…