À l'ombre de Marc Lépine
de Luc Labbé

critiqué par Libris québécis, le 14 avril 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Tuerie à la Polytechnique de Montréal
Partenaire aux échecs de Gamil Ghjarbi, alias Marc Lépine, alors qu'il fréquente le cégep (lycée), le narrateur promet de présenter une camarade de classe à son copain, qui est trop timide pour l'aborder malgré le béguin qu'il éprouve pour elle. Promesse qu'il ne tient pas pour conquérir lui-même le cœur de la belle. Sa trahison le rend doublement coupable de la mort des quatorze femmes que Marc Lépine a abattues froidement, en 1989, dans une salle de cours de l’université de Montréal.

Ce remords le taraude alors qu'il entame une vie de couple déboutée par un échec lors de la tempête de verglas, qui a paralysé le Québec pendant 26 jours en 1998. Coincée entre deux catastrophes, sa vie se déroule sous de mauvais haruspices. Même son diplôme d'ingénieur ne lui facilite pas l'entrée sur le marché du travail. Pour la plus grande honte de ses parents, il exerce mille et un métiers peu rémunérés qu'il accompagne de soûleries pour noyer la vacuité de son existence. En fait, les circonstances rendent la traversée du désert interminable avant que le héros ne découvre la littérature comme planche de salut

Luc Labbé a écrit un roman réconfortant pour tous ceux qui croient s'être engagés dans un tunnel qui mène au suicide. Malheureusement, il développe la thématique en culbutant dans les fleurs du tapis. Par une intertextualité référant à Dostoïevski, il décuple sans nécessité les stations du chemin de croix qui amènent Marc Lépine à privilégier la mort pour liquider ses problèmes existentiels. Cette hybridation relève quelque peu ce roman populiste apparenté aux journaux jaunes (consacrés à la criminalité).