Je ne suis pas celle que je suis
de Chahdortt Djavann

critiqué par Tanneguy, le 13 avril 2012
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Un peu déçu...
On connaît l'auteur, une Iranienne qui a fui son pays, s'est réfugiée en France dont elle a acquis la nationalité, et qui a publié plusieurs livres rédigés en français, la plupart pour dénoncer l’extrémisme des mollahs. Cette fois elle produit un gros ouvrage, en partie autobiographique (c'est elle qui l'affirme, tout en précisant qu'elle n'a pas tout vécu ce qu'elle rapporte - je l'espère pour elle...).

Le livre est construit autour de deux récits, qui paraissent distincts : d'une part une psychanalyse subie par elle-même, d'autre part la vie d'une jeune adolescente (une douzaine d'années à l'arrivée de Khomeiny) qui se rebelle contre l'enfermement qu'elle subit et finit par voyager autour de l'Iran en rêvant d'aller à Londres ou aux USA.

L'idée est bonne et le lecteur s'installe pour l'accompagner. Malheureusement les séances d'analyse sont répétitives et deviennent vite lassantes, même si elle analyse sévèrement le comportement des charlatans qui exploitent la misère psychologique de leurs "clients". Le quotidien de la jeune fille à Téhéran est vite insoutenable. Peu d'espoir dans tout cela !

L'écriture est meilleure que dans ses premiers ouvrages : sans doute connait-elle davantage de vocabulaire grâce au Petit Robert qui ne la quitte pas... Beaucoup de respect pour l'auteur, mais j'attendais davantage !
Ce récit n'est pas une autobiographie .. mais n'en est pas loin 6 étoiles

"Je ne suis pas celle que je suis" de Chahdortt Djavann (528p)
Ed. Le Livre de Poche
Bonjour les fous de lectures….
L'auteur refuse de présenter ce récit comme une autobiographie mais reconnait toutefois que de nombreux passages sont inspirés de sa propre histoire !!!
Voici l'histoire de Donya.
Les chapitres alternent sa vie d'avant, en Iran et sa vie actuelle sur le divan d'un psy à Paris.
En Iran, Donya est une surdouée rebelle, mal dans sa peau.
Elle ne cherche qu'a fuir le régime des mollahs, s'affirmer en tant qu'être humain et non étouffer en tant que femme.
Elle qui a connu l'Iran d'avant, l'Iran où les filles étaient libres, avaient des droit et où ne régnaient pas que terreur et corruption, veut sortir de sous ces voiles qui la phagocytent.
A Paris, Donya est une jeune femme paumée au trouble de la personnalité, qui sort d'une tentative de suicide et qui n'a d'autre choix pour s'en sortir que d'étaler ses sarcasmes sur le divan d'un psy.
Pas évident de faire une psychanalyse dans une langue qu'on ne maîtrise guère.
Rien n'est simple .. ni là bas en orient, ni ici.
Donya se cherche, se questionne, essaye de trouver cet équilibre fragile qui menace de se rompre à tout moment.
Malgré la brique présentée (plus de 500 pages), les chapitres courts rendent la lecture plaisante.
Voici livrée une peinture intéressante, non seulement de la société iranienne et de ses dérives, mais également du domaine de la psychanalyse où le patient n'a que le dialogue avec lui-même pour surnager.
Nous voici le temps de quelques pages devenus le psy de Donya ( ou de son auteur ? )
Petit bémol.. je me serais bien passée des états d'âme du psy avec sa "belle rouquine ", ainsi que de la fin un peu trop improbable .. mais c'est sans doute le côté romancé de ce récit.
J'avais déjà lu un livre de cette auteure que j'avais moyennement apprécié (les putes voilées n'iront jamais au paradis) ...bon celui-ci m'a plus intéressée, surtout les chapitres consacrés à la vie en Iran, les séances chez le psy m'ont plus lassée.

Faby de Caparica - - 62 ans - 4 août 2019


Tehéran - Paris 9 étoiles

Quand cette jeune femme, iranienne, fraîchement débarquée à Paris entreprend une psychanalyse, on ne sait rien d'elle. Elle est seule, immensément seule, son français est encore hésitant et elle apprend dans un dictionnaire les mots manquants ainsi que leurs assemblages qui forment des expressions qui lui paraissent bien étranges.
Le roman étant écrit à deux voix, en parallèle une autre jeune femme raconte sa vie là-bas à l'époque de Khomeini, qui n'était pas vraiment un doux poète. C'est lui, parait-il, qui inventa cette magnifique phrase empreinte d'une suave sensualité persane :  « c'est le turban qui fait le mollah. ah la la »

Ces destins croisés rendent le récit accrocheur et donnent une dimension plus intime au roman qui se laisse dévorer avec gloutonnerie.

Monocle - tournai - 64 ans - 29 juillet 2017