Le cri d'Archimède
de Arthur Koestler

critiqué par Lecassin, le 6 avril 2012
(Saint Médard en Jalles - 68 ans)


La note:  étoiles
L'acte bisociatif...
Arthur Koestler est né en 1905 . C’est dire qu’il a connu de près ou de loin, les grands drames qui marquèrent le XXème siècle ; et plutôt de près si l’on considère son engagement pendant la guerre d’Espagne et la deuxième guerre mondiale. Plus de 30 ans d’engagement politique qui se termineront en 1956, avec la publication de ce que d’aucuns considèrent comme son testament politique « L’ombre du dinosaure ». Une nouvelle ère commence... Qui sera passionnante, elle aussi... Et tellement différente.

L’ère nouvelle commencera par la publication d’un ouvrage majeur : « Les somnambules », où l’auteur développe la thèse que la connaissance humaine ne progresse pas en ligne droite, mais par tâtonnements faits d’explorations de multiples voies -certaines sans issue - qui demandent parfois un changement de direction, voire un retour en arrière pour en explorer d’autres, etc. Un ouvrage très documenté basé sur l’astronomie moderne débutante…
Un autre thème, vaguement évoqué sans le nommer dans « Les somnambules » est celui de « l’acte bisociatif », c’est à dire l’acte - à différencier de l’acte associatif - qui correspond à un bond novateur, qui, en reliant soudain des systèmes de références jusqu’alors séparés, nous fait vivre et comprendre le réel sur plusieurs plans à la fois, à la manière d’un Newton qui « bisocia » les travaux de Kepler, Copernic et Tico Brahé pour en faire la « Loi de la gravitation universelle »…

« Le cri d’Archimède » parcourt, analyse et généralise la notion d’acte bisociatif dans le cadre de la découverte scientifique et de la création artistique.

Un analyste de la pensée humaine vient de voir le jour. Après une activité politique intense, Arthur Koestler nous livre dans cette trilogie - parce qu’il s’agit bien là d’une trilogie quand on ajoute « Le cheval dans la locomotive » aux « Somnambules » et au « Cri d’Archimède » - le fruit de son expérience dans la compréhension de la condition humaine. Un texte d’une très grande originalité de la part d’un écrivain majeur, pas si connu qu’il le mériterait à mon goût…