Le Cri du peuple, tome 2 : L'Espoir assassiné
de Jean Vautrin (Scénario), Jacques Tardi (Dessin)

critiqué par Nothingman, le 26 septembre 2002
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Quand la B.D. devient littérature
Enfin la suite de cette magnifique série en trois volumes tirées du roman de Vautrin. Le premier tome avait été brillamment critiqué par Jules. Nous revoici plongés dans l'ambiance de ce Paris frondeur du XIXème siècle, au temps de la commune; dans la gouaille populaire de ce Paris miséreux qui luttait pour une utopie, dans la force de ces insurgés prêts à tout pour faire triompher un idéal de justice.
Le trait de Tardi toujours aussi grinçant et irrésistible couplé à la force de ce scénario font que cette bande dessinée se rapproche clairement de la littérature. Tardi, décidément un de mes dessinateurs favoris, décrit avec justesse et minutie les rues de Paris. L'impression en noir et blanc a pour effet aussi d'installer un climat de noirceur omniprésent au sein de ce livre.
Nous retrouvons aussi tous les personnages du premier tome dont les vies s'entremêlent au fur et à mesure que se joue le sort de la Commune: Tarpagnan le capitaine au joli coeur, Gabriella Pucci la jolie prostituée, Horace Grondin à la vengeance tenace,...
Il me tarde que sorte le volume trois, qui sera le dernier de cette série indispensable pour qui aime le beau dessin et l'Histoire
Gouaille historique 8 étoiles

Ce deuxième volume parvient à garder le même niveau que celui brillamment développé dans le premier.
C'est juste, c'est beau. L'auteur réussit à nous décrire la Commune dans tous ses aspects positifs ou négatifs, louables ou non.
Une réussite.

Vinmont - - 49 ans - 12 janvier 2020


Dans Paname la rebelle 9 étoiles

Ce tome commence très fort avec l’arrivée de Tarpagnan à l’Oeil de verre, la maison close où vit Gabriella Pucci dit Caf’Conc’. Tarpagnan tentera en vain d’arracher la jolie prostituée des griffes de son mac Edmond Trocard, dit la Joncaille. Mais l’affaire tournera mal pour les deux amants. Gabriella Pucci sera punie en étant conduite dans une "maison d’abattage", et Tarpagnan, dépité d’avoir perdu sa belle, trouvera refuge chez des forains, où il sombrera dans l’alcool et la déprime. Grondin, la Némésis de Tarpagnan, se retrouvera salement amoché dans une émeute en raison de son apparence de notable. Il sera sauvé par un clochard, « Trois-Clous » et retapé par « la Chouette », une rebouteuse sans-le-sou vivotant dans un bidonville aux portes de Paris. Cette expérience lui permettra, à lui le notable à l’abri du besoin, de comprendre et au final épouser la cause des gueux dans leur révolte contre les « Versaillais », même si ce ralliement n’est pas totalement désintéressé puisqu’il lui permettra de mieux se fondre dans la masse pour retrouver celui qu’il croit le meurtrier de sa fille adoptive.

C’est une véritable plongée dans les bas-fonds les plus glauques du Paname de la fin du XIXème, où la misère était noire et la colère âpre ! Une suite passionnant et saisissante qui trouve bien son rythme par rapport au premier tome, et qui se termine avec le déboulonnage très symbolique de la colonne Vendôme.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 15 décembre 2010


Et vive Tardi ! 9 étoiles

J'aime bien Vautrin comme écrivain, mais ses personnages prennent une tout autre dimension encore sous le crayon de Tardi. Des visages, des tronches, des expressions incroyables ! Bien sûr qu'on est du côté de la commune contre le vilain Thiers, mais cette commune-là ne rassemble pas non plus que des enfants de choeur ou des idéalistes ! Et puis, la politique est une chose et la vie de tous les jours une autre. Tous les trafics sont possibles et celui de la chair fraîche et des femmes bat encore plus son plein lors des périodes troublées. C'est une époque qui est décrite ici, terrible dans l'histoire de France, un des grands massacres de l'époque, comme bien souvent dans les guerres civiles. Ce sont des milliers d'hommes qui seront fusillés par les troupes versaillaises dont un grand nombre contre le mur du Père Lachaise appelé depuis "le mur des fusillés". Mais c'est aussi tout un peuple que l'on nous montre dans sa plus grande diversité. Une super BD comme toutes celles de Tardi.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 25 novembre 2002