Quel est notre sens moral ?

Voici un récit qui débute formidablement bien mais a - hélas - tendance à pédaler à partir du milieu.
Londa est la fille d'une célèbre généticienne, Edwina Sabacthani, qui se livre à toutes sortes d'expériences peu politiquement correctes dans une zone reculée et tropicale. Londa est la création - au sens premier du terme - d'Edwina mais elle connaît un raté important, elle ne dispose pas de sens moral. Bien ou mal, elle est incapable de faire la différence entre les deux et ses émotions sont du même acabit. Mason Ambrose est un philosophe utopiste qui s'interroge justement beaucoup sur le sens que prend notre destinée à travers nos consciences morales. Edwina lui propose de faire l'éducation de sa fille. Le boulot est temporaire, plutôt bien payé et le futur lieu de vie de Mason est paradisiaque. Autant de raisons qui le poussent à dire oui.
A peine installé, Mason se rend compte que son travail s'avère bien plus délicat que prévu et si Londa semble dépourvue de sens moral, elle connaît des notions telles la cruauté et le mensonge et n'hésite pas à s'en servir. Londa mais aussi ses soeurs, car elle en a deux, séparées les uns des autres, ignorant même leur existence.
Mason Ambrose ne tarde pas à découvrir les raisons de ce silence et ça fait froid dans le dos.

Les premières pages englouties, je me réjouissais déjà de parcourir un bouquin dans lequel des philosophes bataillaient sur le thème de la morale. Idem lorsque Mason Ambrose débarque chez Edwina et Londa. Les joutes verbales sont gourmandes, piquantes et l'esprit se régale. Quand Mason découvre le jeu terrible auquel se livre Edwina, le lecteur est implicitement mis à contribution car les argumentaires développés, pertinentes, ne peuvent qu'appeler des réactions de notre part sur les manipulations génétiques.
Mais ensuite, quel dommage, les choses se gâtent. Quelques années après que Mason ait quitté la vaste propriété, Londa se lance dans une croisade morale qui la rend complètement dingue et là, le récit part dans tous les sens, de manière parfois absurde. Les événements traînent en longueur, ça s'essouffle, c'est parfois proche du ridicule dans certains épisodes d'hystérie et le discours philosophique du début cède la place à des scènes d'action qui n'apportent pas tout le temps quelque chose. L'idée maîtresse de cette révolution morale est pourtant intéressante et mériterait qu'on lui accorde un traitement plus épuré, une sobriété qui permettrait à notre sens moral d'être à nouveau titillé sur ce qui est bien ou mal pour notre planète et notre civilisation. Mais tout se retrouve ici noyé dans un bavarde par moments épuisant.
Heureusement, il reste le début du livre, excellent.

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  L'apprentie du philosophe [Texte imprimé], roman James Morrow traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Rouard

  de Morrow, James Rouard, Philippe (Traducteur)
  Au diable Vauvert
  ISBN : 9782846262897 ; 23,00 € ; 10/02/2011 ; 482 p. ; Broché

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