La graine de folie, tome 1 : Igguk
de Emmanuel Civiello

critiqué par Jean Loup, le 26 septembre 2002
(Vaulx en Velin - 50 ans)


La note:  étoiles
Superbe dessin gâché par un scénario indigent
"Igguk" est un beau livre d'images. Civiello possède une maîtrise impressionnante de la couleur directe, qui laissera plus d'un lecteur pantois. Beaucoup de planches jouent d'ailleurs sur cette séduction par le dessin, le texte étant parfois totalement absent d'une page. Les amateurs de belles illustrations de type héroic fantasy seront ainsi comblés.
Mais la BD ne doit plus se limiter au dessin si elle veut définitivement sortir du carcan enfantin dans lequel on l'a longtemps cloîtrée. Et le moins que l'on puisse dire (malgré la critique précédente qui donne la note maximale à ce premier tome de La Graine de folie), c'est que Civiello n'est pas bon scénariste. Il ne se passe pas grand chose, l'ensemble manque cruellement d'unité puisque l'on a vraiment le sentiment de lire de courtes scènes juxtaposées, les expressions grossières des personnages sont peu compatibles avec le merveilleux et font donc régulièrement sortir le lecteur du récit. Il n'y a, de plus, rien d'original dans cette reprise des thèmes rabâchés du genre. Delcourt a clairement joué la carte du tape à l'oeil et tablé sur le contact graphique, car en ne se fondant que sur son scénario, il est évident que Civiello aurait été éconduit par son éditeur. Je crois que, depuis, cet auteur s'est justement adjoint les services d'un scénariste pour une nouvelle série. Bien que n'ayant pas encore lu le résultat, on ne peut que se réjouir de cette clairvoyance car un tel pinceau mérite une plume à sa mesure.
On se contentera donc de feuilleter "La Graine de folie", comme un recueil d'illustrations réussi mais une bande dessinée ratée, dans l'impatience d'un prochain album qui saura hisser Civiello au rang que son talent graphique mérite.