Ce parfait ciel bleu
de Xavier de Moulins

critiqué par Lecassin, le 27 mars 2012
(Saint Médard en Jalles - 68 ans)


La note:  étoiles
Histoires d'aujourd'hui et de toujours...
Autant l’avouer tout de suite : je ne suis pas un fervent pratiquant de prose journalistique. En matière de roman, s’entend. Mon goût pour la lecture repose essentiellement sur le dépaysement, et un journaliste, ça témoigne … et souvent, ça témoigne de son époque, qui n’est pas toujours très drôle. C’est donc avec un peu d’appréhension que j’entame « Ce parfait ciel bleu »…

D’abord y’a Antoine, récent divorcé, le narrateur, qui accepte mal sa condition d’ex malgré Laurence, sa nouvelle compagne ; et ses fils à elle et ses filles à lui...
Et puis y’a Alice, l’ex, remariée à François, beau et riche…
Et puis, il y a Mouna, l’aïeule qui a pris la place de son mari, trop tôt décédé pour l’occuper, à la maison de retraite.

Comme on peut le voir, des thèmes d’aujourd’hui, le divorce, le désert affectif de l’un des divorcés, les familles recomposées et les relations complexes entre ex, beau, belle, mère, père, frère, sœur… Et un thème de toujours : le vieillissement, la vieillesse et la fin de vie…

Ceci étant dit, force est de reconnaître que Xavier de Moulins sait raconter les histoires : chapitres courts, un certain franc parler, voire une certaine dose de cynisme ; on est saisi par l'intrigue, mieux, on s'attache aux personnages...
Le style est parfois cru. Direct. La phrase est courte… sauf dans les passages de « l’enlèvement de Mouna », où il se fait tendre, empreint de nostalgie. Mouna qui porte en elle un secret qu’elle ne révélera qu’à la fin de l’escapade en Normandie.
Finalement, j’ai beaucoup apprécié de découvrir cet auteur, suite à un cadeau. Il a dans la plume quelque chose de Jean-Louis Fournier qui m’a beaucoup plu.

Enfin, et ce n’est certainement pas négligeable à l’époque où tablettes, liseuses, que sais-je encore… tentent de « faire la peau » au livre à l’ancienne, un petit livre très élégant comparé à la célèbre « Collection Blanche », un peu tristounette. Félicitations !
Le bon moment pour partir 8 étoiles

Le bon moment pour partir
Nouveau livre aux chapitres courts pour lire dans le métro mais qui font quand même 5 à 6 pages. De nombreux effets poétiques les parsèment et amènent un peu de légèreté. Car 2 drames se disputent les faveurs de l’histoire. Un homme vient de divorcer et est encore jaloux de sa femme qui vient de se remarier, même s’il a trouvé une nouvelle compagne accueillante. Sa grand-mère vient d’entrer dans une maison de retraite suite au suicide de son mari qui commençait à s’engouffrer dans la maladie d’Alzheimer. Il vient la visiter de plus en plus régulièrement et une nouvelle complicité s’instaure entre eux qui libère la parole et leur permet d’aller de l’avant.

Le non-dit, les secrets de famille bien gardés, le voyeurisme, les regrets de la perte, la peur de changer de vie et de tout quitter pour l’inconnu, le parcage des personnes âgées qui ne sont plus autonomes et leur infantilisation avec l’imposition des rythmes collectifs d’une maison de retraite, leur crainte de la déchéance physique et mentale sous les yeux des enfants et petits-enfants, tout cela est abordé de façon subtile. La plasticité enfantine dans les familles recomposées qui ne s’embarrassent pas des états d’âme de certains adultes, la façon généreuse et sans complexe de concevoir la vie, le fait d’assumer ses décisions amènent les touches plus joyeuses.

Avec comme mot de la fin et comme philosophie « Fais toujours de ton mieux et ne regrette rien » (p. 203).

IF-1012-3964

Isad - - - ans - 20 octobre 2012