Le bar parfait
de Jean-Bernard Pouy

critiqué par Nomade, le 24 mars 2012
( - 12 ans)


La note:  étoiles
Un cru ? Non. Une piquette ? Non. Un petit vin ? Oui.
Le bar parfait. Un titre qui attire l’œil pour l’amatrice de bières, de vins et de troquets que je suis. Alors qu’est-ce que c’est un bar parfait ? Un endroit où l’on vous propose une bonne marchandise ou du moins que l'on ne vous mente pas sur la nature de la camelote ? Où le patron est un sacré personnage ? Où la décoration vaut le détour ? Où l’atmosphère est conviviale ? Où les clients sont des acteurs sans le savoir ? Où les brèves de comptoir abreuvent le zinc ? Pour le narrateur (copie conforme de Jean-Bernard Pouy sans nul doute), « c’est celui qui est fait pour vous. Celui dont vous êtes presque le seul à reconnaître les mérites. » Le narrateur, c’est ce gars, un marathonien du blanc qui profite de trois jours de RTT pour trouver son Eden viticole. Son verre de blanc, « c’est une vieille habitude qui nettoie les plombages et hérisse un peu la langue ». Cela me plaît (ce franc-parler) sauf que notre bonhomme a besoin de son breuvage dès 11 heures et « après, au cours de la journée, (il) pouvait varier, tenter des mélanges… ». Là, je me dis "saperlipopette". Ce livre n’est pas un hymne à l’honneur du vin mais à l’ivrognerie. Et pour faire sa tournée afin de dénicher la perle rare, il décide non pas de suivre son instinct mais l’ordre des rues disposées dans le Monopoly. Pas trop la classe, non ? Quoi de mieux que de se fier à son nez pour savourer un bon blanc dans un inoubliable troquet ?

Alors, tant pis pour la saveur d’un cru. Ici, la piquette prend, au fil des pages, le goût d’un petit vin grâce à l’écriture nerveuse avec ses phrases courtes. J’y ai même perdu le fil à partir de la séance de l’hospitalisation. A croire que j’avais bu un peu trop vite ce carnet de quelques dizaines de pages.