Désaccords imparfaits
de Jonathan Coe

critiqué par Jlc, le 10 mars 2012
( - 80 ans)


La note:  étoiles
Plaisir majuscule pour un livre minuscule
« Désaccords imparfaits » est un tout petit recueil de nouvelles, les seules que Jonathan Coe ait écrites au cours de ces quinze dernières années. Il reconnaît d’ailleurs qu’il lui est difficile de « faire court », attiré qu’il est par « la complexité et le panorama » romanesques. Difficile peut-être pour l’écrivain mais quel bonheur pour le lecteur !

Une très belle nouvelle autobiographique sur l’enfance, toujours présente par le souvenir jamais effacé de son grand-père, où la magie de Noël est plus forte que la peur d’un enfant qui écoute trop les grandes personnes. Une autre, très sentimentale, raconte l’occasion manquée d’un pianiste de bar qui « n’arrive pas à se décider » et se réfugie dans la rêverie fantasmée d’une brève rencontre avec « celle qui avait les cheveux bruns, sévèrement tirés en queue de cheval, de minuscules tâches de rousseur sur le nez, et des yeux brun-vert qu’elle plissait en souriant chaque fois que je la regardais, c’est à dire pas souvent ». En quelques mots, Coe dit l’essentiel. On peut retrouver musicalement cette nouvelle sur le site (hélas payant) www.tricatel.com. La troisième, ironique et drôle, au « panorama » plus large, fait le portrait d’un musicien, un peu coureur, un peu veule, qui va se retrouver, entre épouse, ancienne amante et conquête du jour, dans une position pour le moins perturbante. Ce recueil s’achève sur une commande des « Cahiers du cinéma » qui décrit l’obsession de Coe à vouloir retrouver la version intégrale du film de Billy Wilder « La vie privée de Sherlock Holmes ». Jonathan Coe a bien vu que la volonté de possession et la recherche qu'elle implique enlève à l'objet de la recherche une partie de son intérêt lorsqu'il est sur le point d'être possédé. C’est aussi un nouveau clin d’œil au grand-père qui a su lui faire aimer Sherlock Holmes.

Tout ceci est écrit dans un style d’une limpidité parfaite, remarquablement rendue par la traductrice Josée Kamoun pour qui la traduction n’est pas de traduire des mots, mais de traduire des effets.

Un très agréable moment de lecture, hélas trop court, qui ne peut qu’inciter à lire ou relire ses romans.
Tea time 8 étoiles

Je dois avouer avoir été agréablement surpris par ce petit recueil de nouvelles. J. Coe écrit des romans plus ou moins conséquents et n’est pas connu comme étant un spécialiste du format nouvelle. Néanmoins les quatre nouvelles que compte ce recueil se lisent avec grand plaisir, bien desservies par une écriture élégante, bien plus qu’à l’accoutumée d’ailleurs.
Cette lecture fut une agréable parenthèse estivale.

Sundernono - Nice - 40 ans - 11 septembre 2019


Nouvelle, récit, scénario... 7 étoiles

Comme le signale Jonathan Coe lui-même dans l'introduction de ce recueil de quatre textes, il représente toute sa production de nouvelles des vingt dernières années. Il ne lui est pas facile de faire court. Ce qui l'attire dans la fiction, dit-il, c'est plutôt la complexité, le panorama.
Ce qui naît d'idées sous forme de nouvelles devient vite un roman. Il a fini par répondre à l'amicale pression de directeurs littéraires et d'éditeurs. Ainsi est naît « Désaccords imparfaits. »

C'est sans doute pour cela que j'ai été un tout petit peu déçu par cet auteur que je découvre.
Dans l'ensemble, une écriture plutôt classique, avec une pointe subtile d'étrangeté, qui dans les trois premières nouvelles, donne lieu à des rencontres qui font ressurgir des réminiscences du passé, parfois sous forme de fantôme dans « Ivry et ses bêtises ». Peu importe si elle dit vrai, fantasme ou affabule. Ne sommes-nous pas tous hantés par nos histoires les plus lointaines...

« Journal d'une obsession » est à part. Ce texte s'apparente davantage à un scénario « littéraire », plutôt qu'à une nouvelle.
On suit un personnage, depuis ses onze ans, jusqu'à ses quarante-trois ans. Il est obsédé par le film de Billy Wilder « La vie privée de Sherlock Holmes », qui fut un échec commercial.
Le héros de cette histoire n'a de cesse de faire des recherches pour visionner ce film introuvable à l'époque. Nous étions loin des DVD ou cassettes vidéo en 1972, date du début de cette quête.
Huit grandes étapes : 1972-75-76-78-79-Au fil des années 1980-1994-97, et un Post-scriptum surprenant...

Pour moi, une évidence s'impose : lire un de ses romans.

Henri Cachia - LILLE - 62 ans - 2 juin 2017


Vite lu, mais quel plaisir ! 9 étoiles

Jonathan Coe n'aime pas le style court, ça lui est difficile d'écrire sous le format si contraignant qu'est la nouvelle. Il s'y est essayé cependant à quelques rares reprises dans sa carrière et c'est donc le fruit de ces quelques essais qui se trouve dans ce tout petit ouvrage (à peine 100 pages...).
Quatre nouvelles... c'est peu dans une déjà longue carrière. On ouvre avec "Ivy et ses bêtises", souvenirs d'enfance d'un gamin du Shropshire (Coe lui-même ?). La seconde nouvelle s'intitule "9ème et 13ème". J'avoue que c'est celle que j'ai préférée. Elle se passe à New York, un musicien minable qui vivote en jouant dans un piano-bar guère plus reluisant, rêve... mais chut, j'en dis pas plus. "Version originale" nous entraîne dans un festival de cinéma fantastique en France. Un compositeur de musique de film anglais se retrouve confronté à un amour passé, une aventure future éventuelle et ses scrupules ... Un univers typique de J.Coe !
"Journal d'une obsession" clôt ce livre sur un texte commande des Cahiers du Cinéma. Coe y raconte son obsession de collectionneur d'une oeuvre quelque peu oubliée de Billy Wilder. Les amateurs de cinéma apprécieront !
Voilà, quatre textes, une petite heure de bonheur, Jonathan Coe... Ses nombreux fans apprécieront !

Patman - Paris - 61 ans - 11 janvier 2013