Le Hockey comme bouée de sauvetage

Curieuse coïncidence ! Je lisais ce roman alors que Jean Béliveau, le numéro 4 des Canadiens de Montréal, (cf. page couverture) entrait d'urgence à l’hôpital à la suite d’un AVC. Âgé de 80 ans, il hante encore les fans de hockey. C’est le cas de l’auteur, qui a imaginé un garçon fier d’arborer la Sainte Flanelle, le chandail tricolore du club, au dos duquel sa tante avait cousu le célèbre numéro de la vedette.

Si Karl Marx a affirmé que « la religion est l’opium du peuple », on peut en dire autant du sport. Au Québec, c’est le hockey qui a détrôné le Créateur au profit des veaux d’or. Comme Friedrich Nietzsche l’a annoncé, ils sont parvenus mieux que Dieu à embraser tout un peuple, qui prie ses héros afin de gagner le match de la vie. Le sport est aussi efficace qu’une psychothérapie pour bâtir l’estime de soi.

Comme les enfants n’existent que dans la mesure où ils comptent pour leurs parents, ceux qui se sentent rejetés se tournent vers un ersatz. C’est le profil de Clément Belzile. Le jeune héros s'est tourné vers le sport pour suppléer aux carences affectives d’une prétendue génitrice et de son institutrice, une religieuse qui a mis sa bouée de sauvetage en péril en lui confisquant sa précieuse collection des cartes des joueurs de hockey, y comprise celle de Jean Béliveau, presque impossible à dénicher à l’intérieur des emballages de chewing gum. Un malheur ne se pointe jamais seul. Clément se retrouve orphelin de père peu de temps plus tard. Dépourvue de fibres maternelles, sa mère le confie à l’orphelinat Saint-Arsène, où les bons religieux sont tout heureux d’accueillir un nouveau corps à explorer.

Mais le héros n’a pas dit son dernier mot. Il s’est fait un allié parmi les frères de l’institut, où il a appris par hasard qu’il était un enfant adopté. Le coup de massue ne l’a décontenancé qu’un bref instant. Il s’est donné le défi de retrouver sa mère biologique. C’est ce qu’il entreprit devenu professeur pour l’institution même où il a vécu son adolescence. C’est le suspense qui soutient l’intérêt de ce roman sur les enfants abandonnés.

L’auteur a le mérite d’avoir tissé sa trame avec brio sur une toile sportive. Toute l’histoire du club des Canadiens de Montréal est revisitée de 1950 à 1970. De Maurice Richard à Guy Lafleur, tous les joueurs viennent faire un tour de patinoire. Ils se rendent même en classe à travers les textes littéraires ad hoc qu’utilise Clément pour enseigner les différentes notions du programme.

Ce roman populaire vise un vaste public qui saura l’apprécier autant pour son volet humain que pour son volet sportif. Volet sportif qui devient inutile, précise l’auteur, quand on guérit de son enfance. Hormis les longueurs et quelques naïvetés, c’est une œuvre agréable écrite d’une plume sûre, mais qui ne se démarque pas outre mesure.

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  Sainte Flanelle, Gagnez pour Nous!

  de Dionne, Claude
  VLB
  ISBN : 9782896493524 ; 17,00 € ; 13/02/2012 ; 273 p. ; Broché

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