Fatum, tome 2 : Premières armes
de Froideval (Scénario), Francard (Dessin)

critiqué par Jean Loup, le 16 septembre 2002
(Vaulx en Velin - 50 ans)


La note:  étoiles
Sanglant et d'une morale douteuse
"Premières armes", malgré son titre, est le deuxième tome de la série Fatum de Froideval et Francard (que de F, voilà qui simplifie la recherche en librairie !). Le premier album représentait un moment de lecture agréable, ni plus ni moins. J'avoue que cette suite m'est apparue nettement plus indigeste.
Le dessin de Francard est toujours aussi orienté manga, y compris dans les visages : Don Cenettonne a parfois un furieux air de Kaneda ! C'est cependant un style qui convient bien à la série, plutôt réussie graphiquement. En revanche, le scénario de Froideval commence à sombrer dans une violence gratuite qui domine tout le reste et cherche à occulter les faiblesses du récit. A part de la baston, il n'y a rien dans cet album. Ah si, je suis mauvaise langue : le personnage de Nadine apporte une touche d'érotisme... mais point trop n'en faut, alors c'est surtout une nana qui flingue comme personne !! Vous l'aurez compris, cette succession de combats ne suscitera l'éventuel intérêt que des plus jeunes lecteurs. Mais que dire de la violence psychologique du personnage principal, c'est-à-dire du "héros" ? C'est par un "dégagez-moi cette merde" qu'il fait évacuer le cadavre de sa soeur. On lui annonce la mort d'une vingtaine d'innocents ? "Pas grave, rien qui ne puisse se remplacer", rétorque-t-il. Il veut que Nadine soit opérée par le meilleur chirurgien de la ville ? Il entre dans la salle opératoire, fait balancer le corps inanimé du patient que le chirurgien est en train d'opérer, et on lui colle deux balles qui règlent définitivement son sort. Quant au médecin, s'il échoue à ranimer Nadine, sa famille entière sera massacrée. Le tout, sans aucun retour de bâton, pour l'instant tout au moins. Le gosse n'obéit qu'à une loi, la sienne, et fait massacrer sans le moindre remords toute personne qui peut le gêner. Le lecteur est-il censé adhérer à cette idéologie nauséabonde ? Les truands, en général, sont dans l'illégalité mais respectent des règles, la loi du milieu. Or, le gosse créé par Froideval se comporte comme une véritable ordure, un être inhumain qui a plus de sang sur les mains (en déléguant toujours le sale boulot...) que le pire des serial killers. Mais c'est le héros.
Soit Froideval a des opinions douteuses, soit c'est un mauvais scénariste qui se complait dans la violence et rend son héros antipathique. Dans les deux cas, cet album est un échec. On verra si dans le troisième, le gamin paie pour ses actes. Mais j'ai comme un doute