Le dernier stade de la soif de Frederick Exley

Le dernier stade de la soif de Frederick Exley
(A fan's notes)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Zurco, le 10 février 2012 (Inscrit le 5 février 2011, 39 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 060ème position).
Visites : 4 394 

Attention Chef D'oeuvre !!!

Fréderick E. Exley signe une œuvre autobiographique tout en indiquant au début qu'il s'agit d'une fiction.
Il y décrit un long le long malaise qu'a été sa vie. Dans l'ombre d'un père très populaire , il vit sa vie par procuration à travers les succès de son équipe de football US, les NY Giants et de leur joueur vedette Frank Gifford. Restant persuadé que le succès lui est promis sans rien faire pour l'obtenir, celui ci s'enfonce dans la schizophrénie, un paradoxe entre sa vie réelle et celle dont qu'il considère méritée qui le guidera tout droit à Avalon Valley- hôpital psychiatrique dont les méthodes de soins le marqueront à vie. Un livre qui décrit les dérives de l’Amérique de son époque, à travers les rêves d'un homme.

J'en ai assez dit sur ce magnifique livre, qui au passage, en plus d'être passionnant est très bien écrit. La manière de vivre sans attache, au gré des rencontres, des bars, des litres de bières me fait penser à Bukowski, Céline mais l'écriture est différente.
L'humour y est aussi très présent... Bref tout simplement à lire

Petit détail, l'édition unique sortie en France très tardivement (Début 2011 pour un livre sorti en 1968 au États Unis) est en plus très joli.
Tout est parfait !!!^^

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Lisez comme vous voulez...

10 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 4 février 2014

Lisez comme vous voulez, mais lisez le !

Merci aux éditions "Monsieur Toussaint Louverture" d'avoir sorti ce livre en édition francophone.
Resté ici dans l'anonymat de 1964 à 2011, il s'agit assurément d'une naissance tardive. Mais ne boudons pas notre plaisir les bonnes choses savent se faire attendre.

D'abord un avertissement : ce livre n'est pas facile à lire. Il y a des flottements dans l'écriture, des errances du texte.
Une seconde d'inattention et c'est la catastrophe.
Contrairement à Kerouac où j'aimais noter les endroits afin de dessiner mentalement l'itinéraire, ici, après une centaine de pages je me suis résolu à me laisser bercer sans comprendre réellement la chronologie des séquences.
Ami lecteur, si vous renoncez après quelques pages je vous invite à ne pas le faire avant d'avoir lu les pages 143 - 144 - 145...(de l'édition 10/18) décrivant le match de ping-pong ! C'est là que j'ai compris que l'auteur est un écrivain hors du commun. Autre scène à ne manquer sous aucun prétexte (page 344), le retour de Mister Blue chez sa fiancée l' "USS déborah". C'est tout simplement délicieux. Pauvre Monsieur Bleu, parviendra t'il à réaliser son rêve d'embrasser le pudendum féminin ? Chacun aura sans doute sa propre réponse.

Bref allons au vif du sujet : l'alcool.
Exley est capable de dire des choses presque communes (exemple : "à force de fermer les yeux on ne voit plus clair" ou "un homme amoureux n'a pas de prix"), mais il peut aussi être très pointu en disant : "l'abstinence mène à voir le monde avec une telle acuité que ça en devient insoutenable.
Qui aura connu des problèmes de dépendance comprendra que c'est vrai.
Le texte donnera sa définition de l'alcoolisme via Paddy the Duke qui dira "l'alcoolisme c'est la tristesse". Là on arrive dans la triste réalité.
Dans un pays où le mouvement est la plus grande des vertus, où le claquement rapide des talons sur le bitume est érigé en sainte valeur, rester sans rien faire pendant des mois relève du geste grandiose. Le narrateur excellera en ce domaine.
Puis Exley dira "j'avais dans la bouche un goût de cuir tanné, d'iode et de sang. Ce goût était pour moi synonyme d'un mauvais choix". En prononçant cette phrase il plaide la force irrésistible. Cette force sera la vague de ce livre, une déferlante.
Une lecture extraordinaire et dense.

Poète maudit

8 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 9 avril 2012

La soif, c’est le besoin de vivre en étant (re)connu, admiré par les autres. La soif c’est la nécessité d’être quelqu’un à ses yeux, de ressentir de la confiance en soi pour conquérir le monde. Et quand on n'y arrive pas, on cherche à oublier l’énorme différence qu’il y a entre ses aspirations et la banale réalité vécue du quotidien.

Il s’agit d’une histoire en partie autobiographique qui se passe aux alentours des années 50 sur le thème intemporel du génie incompris. Un homme, la trentaine, a fait des études littéraires veut écrire des romans profonds. Il a débuté un essai de carrière à laquelle il ne croyait pas dans la publicité ou le journalisme d’entreprise, et il n’a donc pas réussi dans ce domaine. Il boit car il n’arrive pas à mettre en œuvre concrètement ce désir de devenir écrivain. Il reste des heures à penser, fantasmer sur ce qui pourrait être sans parvenir à entreprendre la rédaction de plus de quelques phrases.

Il fréquente les bars et rencontre des personnes qui, comme lui, voudraient être autre chose que ce qu’ils sont et noient leur impuissance à y parvenir dans l’alcool. Il vit de petits boulots mais surtout de l’argent de sa famille, de ses amis ou d’inconnus de passage. Il vit surtout dans un monde très masculin où on boit et fume beaucoup. Il y a aussi leurs nombreuses paroles sur le sexe et des différentes manières de le pratiquer que l’on ne sent pas suivies de réels passages à l’acte. La télévision avec le sport et les loyautés à un joueur ou une équipe sont également omniprésents dans ce long texte, sorte de confession, de mise à nu de soi sans concession. Sa mère, les femmes qu’il rencontre dont celle avec qui il aura des jumeaux, essaient de le tirer de son mal-être mais sans y parvenir car elles l’admirent en même temps.

Le narrateur fait plusieurs séjours dans un hôpital psychiatrique mais n’arrive pas à résoudre son problème existentiel. Les méthodes de soins à base d’électrochocs notamment sont anthologiques. Devenu professeur de littérature, il se pliera à l’obligation de donner la moyenne aussi bien au brillant élève qu’à celui qui fait des efforts. 

Il ne trouvera un certain apaisement que lorsqu’il aura accepté le vide de l’anonymat et le fait qu’il mourra un jour, lorsqu’il prendra conscience qu’il ne sera qu’un supporter et jamais une idole.

C’est un livre, truffé de références, égratigne le rêve américain ’’clean’’ de la réussite virile. Il est à la fois dur et attendrissant sur la marginalité et ses causes, sur la quasi-impossibilité d’en sortir si on refuse la normalité du courant dominant telle qu’elle est imposée aux masses. C’est un rebelle qui lutte contre le conformisme de l’idéal ambiant. Cette existence, pour partie apparemment ratée, propose un condensé de réflexions philosophiques sur ce qu’est, pour chacun, le sens de la vie.

IF-0412-3872

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