Enola game
de Christel Diehl

critiqué par Aliénor, le 9 février 2012
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Un premier roman à découvrir absolument
Enola game, c'est le nom que donne la narratrice de ce roman à la catastrophe qui les a contraintes, sa fille et elle, à vivre recluses dans leur maison. Un jeu de mot en référence à Enola Gay, pour une catastrophe mystérieuse survenue sans crier gare, sous forme d'une grande lumière. Depuis, les communications sont coupées, l'eau est d'une couleur douteuse et il n'y a plus d'électricité. Alors cette mère et sa fille vivent un quotidien précaire, puisant jour après jour dans leurs réserves de nourriture, et instaurant des petits rituels pour chasser l'angoisse et donner à cette survie des aspects de normalité. Comme si elles attendaient simplement que leur vie d'avant reprenne son cours.

Ce petit roman, le premier de Christel Diehl, est un huis clos angoissant dans lequel on plonge sans pouvoir le lâcher. On pense à d'autres livres tels « La route » ou « Je suis une légende », mais l'auteur a son propre style pour décrire cette vie qui bascule dans le vide d'une seconde à l'autre, pour une raison que l'on ignore. Le vide de jours où il n'y a plus aucune contrainte, et où on peut à la fois goûter et avoir peur de tout ce temps retrouvé. Un temps que cette mère met à profit pour lire, écrire, jouer avec son enfant. Et se souvenir des moments passés qu'elle n'a peut-être pas apprécié à leur juste valeur puisqu'ils étaient supposés durer.

Cette histoire effrayante est, au-delà de l'intrigue, une réflexion sur le sens de nos vies dominées par une course contre le temps, et par une société de consommation qui nous fait croire que l'essentiel est de posséder toujours plus, au risque de nous éloigner de l'essentiel. Je suis ravie d'avoir eu la chance de découvrir ce premier roman prometteur, et remercie vivement le site Babelio pour son opération Masse critique, ainsi que les éditions Dialogues, jeune maison d'édition brestoise.