Cité de Dieu de Edgar Lawrence Doctorow

Cité de Dieu de Edgar Lawrence Doctorow
(City of God)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Tistou, le 9 février 2012 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 4 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (57 661ème position).
Visites : 3 463 

Roman ? Romans !

Touffue de chez touffue, la « Cité de Dieu ». On y trouve le Doctorow roi des digressions, qui traite mille sujets en un roman ! Résumer « Cité de Dieu » ? Impossible. Il y est question de religions ; la croix d’une église épiscopale volée et retrouvée sur le toit d’une synagogue. (Nous sommes à New York sans pour autant qu’on puisse penser que N.Y. soit la Cité de Dieu ! Certes non.) Il y est question de prêtre déchu, de prêtre qui se convertit au judaïsme pour l’amour d’une belle rabbine. Il y est question d’Einstein, Wittgenstein, Frank Sinatra (du moins l’on devine que c’est lui) … Tout ceci au fil d’infinies digressions.
Le foisonnement constant des thèmes abordés ainsi que le surgissement abrupt d’un Einstein ou d’un Sinatra, tombant comme un cheveu sur une soupe, rend le roman pas facile à lire. On ne le lit pas d’une traite, c’est sûr ! Sans compter que le sieur Doctorow a une profondeur de pensée qui lui permet effectivement de faire surgir Einstein ou Wittgenstein avec toute la pertinence voulue, ce qui n’est pas précisément évident.
La théorie du Big Bang intervient à plusieurs reprises, comme en contrepoint, et Dieu n’est jamais loin. D’ailleurs n’est-il pas partout ?
Mais surtout, ce qui me restera d’abord de la « Cité de Dieu », c’est cette conceptualisation de ce que je ressens si fortement et que E.L. Doctorow exprime si clairement, concernant les adaptations de romans à l’écran:
« Ainsi l’expression « langage filmique » est-elle une contradiction dans les termes. L’expression littéraire prolonge l’impression dans le discours. Elle s’épanouit jusqu’à la pensée à l’aide de noms, de verbes, de compléments d’objet. Elle pense. Le film fait imploser le discours, il ôte à la pensée toute dimension littéraire, il la réduit à la signification compressée de l’intuition, de l’impression ou de la compréhension pré-verbales. On reçoit ce qu’on voit sans avoir à le demêler par la pensée. On voit la scène éclairée et décorée, on entend la musique, on voit les expressions du visage, les mouvements du corps et les attitudes des acteurs costumés et coiffés – et on comprend. Voir un film est un pur acte d’inférence. Au sens le plus profond, les films sont illettrés par nature. C’est peut-être pourquoi une part de la prose la plus recherchée qui s’écrit aujourd’hui est l’œuvre de critiques de cinéma qui traitent assidûment de films indignes de la moindre attention. Pourquoi ? Ca peut être les films les plus exécrables, les plus stupides – peu importe. On aura droit à l’intégralité de la réaction du critique, puissamment argumentée. Même s’il n’en est pas conscient, le critique défend la culture du verbe, soumettant l’expérience prélittéraire ou postlittéraire de la vision du film aux développements de la pensée syntactique.
Le roman va partout, dedans, dehors, il s’arrête, il repart, son action peut être mentale. Et il n’est pas esclave du temps. Le film est esclave du temps, il ne médite jamais, il montre les dehors de la vie, il montre le comportement. Il tend au raisonnement moral le plus simple. Les films produits par Hollywood sont linéaires. La simplification narrative d’une réalité complexe et moralement conséquente est toujours ce vers quoi dérive un roman adapté au cinéma. Les romans peuvent tout faire dans les ténébreuses horreurs de la conscience. Les films font des gros plans, des arrivées en voiture, des lieux, des poursuites, des explosions.”

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Melting pot de styles, philosophie rasoire

1 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans) - 30 avril 2015

J'ai eu mille fois envie d'arrêter la lecture de ce livre et j'aurais dû : rien de plus intéressant n'en est sorti. Je n'ai pas accroché à ce fouillis de morceaux de littérature, racontés par autant de narrateurs qui n'ont pas vraiment de liens les uns avec les autres… quand on sait qui est le narrateur (ce qui n'est donc pas toujours le cas), dans des styles les plus variés et biscornus les uns que les autres (chansons, conférences philosophico-scientifiques, récit historique, conversations-interviews (?), réflexions religieuses, etc.) ! Je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir et cette lecture fut tout sauf agréable !
L'histoire principale semble être une histoire d'amour très chaste entre une rabbin veuve, Sarah, et un prêtre, Tom Pemberton, qui finit par se faire défroquer et l'épouser. Vient s'y mêler l'histoire du père de Sarah, enfant juif dans un ghetto en Lituanie pendant la seconde guerre mondiale. A quoi l'on rajoute un ami de Pem, écrivain, Everett, avec qui il a des conversations. Et un autre condisciple de Pem devenu grand savant, qui discourt sur les théories de l'univers et bla bla bla et bla bla bla. Agrémentez le tout de philosophie sur le dégoût du religieux et le pessimisme et vous obtenez une recette totalement indigeste !

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