Arno : Un rire et une larme de Gilles Deleux

Arno : Un rire et une larme de Gilles Deleux

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Patman, le 8 février 2012 (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 61 ans)
La note : 9 étoiles
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Oh la la la... c'est magniiiifiiiique !

Arno ? Bien sûr, tout le monde connaît. Enfin, on pense qu’on connaît, mais si on y réfléchit bien, le connaît on si bien que ça ? Est-il Flamand ? Belge ? Européen ? Ou tout simplement « Ostendais » ? C’est à Ostende que commence l’histoire en tout cas. Les Hintjens sont des ostendais pur jus. Le petit Arnold Charles Ernest y voit le jour en mai 1949. Son père travaille à la Compagnie des Wagons-Lits, sa mère, la belle Lucrèce « Lulu » van den Kieboom est la fille d’un patron de bistrot. Arno grandit dans la cité balnéaire. Scolarité difficile du fait de son bégayement qui le handicape beaucoup. Qu’à cela ne tienne, il en fera un atout un jour. Au début des années 60, alors que beaucoup découvrent le rock’n’roll, Arno lui découvre le blues. Big Bill Bronzi, Sony Boy Williamson, … c’est le coup de foudre. Il suit temps bien que mal des études de cuisine et consacre désormais son temps libre à la musique. Il joue assez bien de l’harmonica et prête son concours à quelques groupes locaux vers la fin des sixties et puis en 1969, il rejoint le groupe « Freckle Face » formé autour du bassiste-chanteur Paul Vandencasteele et du guitariste Paul De Coutere (alias Paul Couter). Le groupe rencontre un petit succès et, chose exceptionnelle en Belgique à l’époque, réussi à enregistrer un album ! http://www.youtube.com/watch?v=O6MI5pdsEL0
Mais le groupe éclate bientôt. Qu’importe, Arno et Paul Couter décident de continuer l’aventure en duo, le groupe Tjens Couter est né. Arno, malgré une voix atroce, devient le chanteur et harmoniciste, Paul est à la guitare. Bien vite les 2 complices se trouvent un batteur et un bassiste et leur groupe s’électrise. Succès là aussi. L’aventure va durer jusqu’à la fin des seventies avec 3 albums à la clé et quelques morceaux qui ont laissé des traces dans les juke-boxes des caberdouches de la Côte Belge (qui n’est pas encore la Vlaamse Kust). Mais les bonnes choses ont une fin. Paul et Arno ne sont plus trop sur la même longueur d’onde, le chanteur se sent des velléités de modernisme, Paul n’évolue pas assez à son goût et Tjens Couter se sépare. http://www.youtube.com/watch?v=7xxr89afq5A
Un nouveau groupe voit immédiatement le jour, c’est l’étape suivante pour une reconnaissance nationale et même un petit peu internationale. T.C.Matic voit le jour en 1980. Pourquoi ce nom ? Simple : les initiales T C pour Tjens Couter (l’ancien groupe) et Matic, du nom du poète surréaliste serbe Dusan Matic qui vient de mourir. TC Matic va vite faire un malheur en Flandres d’abord, dans toute la Belgique ensuite. Dès le second album, le groupe tourne aux Pays-bas et en Scandinavie, il fera même une mini-tournée en Angleterre, un concert au mythique Marquee à Londres et, cerise sur le gâteau, un concert promotionnel à New York ! « Oh La La La », « Putain, Putain », « Elle adore le noir », voici quelques titres qui contribuent à la notoriété du groupe. Arno au chant et à l’harmonica, Jean-Marie Aerts à la guitare, Serge Feys aux claviers, Ferré Baelen à la basse et Rudy Cloet à la batterie, une solide bande de musiciens déjà rodés (Arno a presque 30 ans quand commence l’aventure TC Matic !). Ce sera l’âge d’or du rock « made in Belgium » avec des groupes tels que De Kreuners, Toy, the Kids, Jo Lemaire + Flouze ou encore les Tueurs de la Lune de Miel, pour n’en citer que quelques uns ! TC Matic est cependant le plus populaire de tous et de loin si on en croit le nombre de disques vendus et de concerts donnés ! Mais Arno décidément se sent pousser des ailes… début 1986 le groupe arrête les frais après quelques albums mémorables. http://youtube.com/watch/…
Commence l’ère « Doctor Arno & Mister Charles »… A presque quarante ans, Arno se lance donc une carrière « solo » et de plus en plus française. En effet, à l’époque de TC Matic, notre ostendais a décidé qu’il ferait du rock « européen » en opposition avec le rock « anglo-saxon » qui dicte trop souvent les règles. Dès 1980, les chansons qu’il compose sont des mélanges de langues, on y trouve de l’anglais bien sûr, mais aussi du français, du flamand, de l’italien, etc… Une fois devenu un artiste « solo », Arno va encore amplifier cette démarche et ses textes seront de plus en plus souvent écrits en français. Entre 1986 et 1990, Arno signe trois albums et se fait découvrir par le grand public en France. Au Québec l’accueil est moins réussi, on lui reproche outre-Atlantique de trop chanter en anglais et pas assez en français ! Mais en 1991, nouveau revirement ! Alors même que se prépare un quatrième album, notre Arno national décide de revenir à ses premières amours : le blues (du bon, du gros qui tache !) …ce sera l’épisode « Charles et les Lulus » réalisé avec de nouveaux partenaires pour l’occasion : Ad Cominotto aux claviers, Roland Van Campenhout à la guitare, Piet Joorens aux percutions. Un album splendide suivi d’une tournée enflammée initialement prévue pour 4 ou 5 dates et qui va durer plus d’un an ! http://youtube.com/watch/…
Dans la foulée sort en 1992 une compil, puis, un nouvel album en 1993, le splendide « Idiots savants » où figure une reprise des « filles du bord de mer » d’Adamo : http://youtube.com/watch/… Succès monumental. Arno se retrouve sur le devant de la scène et défile sur les plateaux télés. Son look improbable, son français hésitant et son bégaiement, ses jugements tranchés et à contre courant en font vite un « bon client ». On croit Arno lancé dans une carrière française et on s’attend à un nouvel album dans la même veine (il sortira d’ailleurs sous le titre « à la française » en 1995) mais Mister Charles frappe encore en sortant avant ça un album tout en anglais sous le nom des Subrovniks (Water en 1994)!
Sur « à la française » se trouve une pépite : http://youtube.com/watch/…
Un fabuleux diamant brut d’émotion… hommage d’Arno à la belle Lucrèce, sa maman, disparue en 1972 à l’âge de 44 ans à peine. Sur le même album on retrouve une reprise de Jacques Brel, « le Bon Dieu » et une autre de Ferré « Comme à Ostende ». Pour Arno, c’est la consécration. L’album « Arno en Concert » sort en 1997. Jamais deux sans trois, Mister Charles revient en 1998 cette fois sous le pseudo de « Charles & the White Trash European Blues Connection » pour un album de blues électrique du plus bel effet ! et comme il adore surprendre il signe en 1999 un « single » en duo avec BJ Scott « Jean Baltazaar » (reprise croisée entre la fille du père Noël de Dutronc et Jean Genie de Bowie !) .
En 2002 sort « Charles Ernest » où l’on trouve un étonnant duo avec …Ophélie Winter. En 2004 c’est au tour de l’album « French Bazaar » tout en français comme son nom l’indique. C’est ici que s’arrête cette magnifique biographie signée Gilles Deleux. Près de 700 pages pour mieux cerner et découvrir un chanteur inclassable et déroutant, adulé par certains, honni par d’autres, mais en tout cas toujours fidèle à lui-même. J’ai eu la chance de croiser l’homme à quelques reprises, la première fois en 1981 dans les coulisses d’un concert à Bilzen, puis souvent à Bruxelles ( à l’Archiduc et au Coq, notamment, deux lieux bien connus des buveurs de bières à Bruxelles)… toujours accessible et souriant. N’hésitez plus, lisez ce livre, et surtout écoutez Arno !

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Les éditions

  • Arno [Texte imprimé], un rire et une larme Gilles Deleux
    de Deleux, Gilles
    Ramsay
    ISBN : 9782841146994 ; 23,00 € ; 18/05/2004 ; 496 p. ; Broché
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