Le Chat du Rabbin, tome 1 : La Bar-Mitsva
de Joann Sfar

critiqué par Jean Loup, le 8 septembre 2002
(Vaulx en Velin - 50 ans)


La note:  étoiles
Chat philosophe
« Chez les Juifs, on n’aime pas trop les chiens. Un chien, ça vous mord, ça vous court après, ça aboie. Et ça fait tellement longtemps que les Juifs se font mordre, courir après ou aboyer dessus que, finalement, ils préfèrent les chats ». C’est par cette pensée que débute « La Bar-Mitsva », premier tome des réflexions du Chat du rabbin. Car c’est bien ce félin gris aux yeux verts qui est le héros de l’album. On aurait pu s’attendre à un conte avec des animaux debout et humanisés, façon Le roman de Renart ou De cape et de crocs. Mais non. Sfar opte pour un animal normal évoluant dans une cité humaine. Enfin, normal. ce chat est tout de même un peu particulier puisque, après avoir avalé un perroquet, il se retrouve doté de la parole ! Ce don extraordinaire lui permet de converser avec son maître, le rabbin, sur des sujets divers mais souvent profonds. On connaît l’incroyable productivité de Joann Sfar, qui multiplie les albums comme scénariste, dessinateur ou les deux à la fois. C'est en auteur complet qu’il livre cette nouvelle série, et une fois de plus, il parvient à séduire. Son trait est assez particulier, et certains lecteurs risquent de le trouver brouillon ; pour les autres, notamment ceux qui ont déjà lu certaines de ses autres séries, on s'habitue très vite à son graphisme. De toute façon, qu'on aime ou qu'on n’aime pas, il faut reconnaître qu'il sait tenir un pinceau. Côté scénario, c’est inventif, c’est bien découpé, les textes sont joliment écrits et les réflexions du chat sont vraiment savoureuses.
Le deuxième tome devrait sortir très prochainement. Il est donc grand temps de vous y mettre !
Et si la vérité venait des chats ! 7 étoiles

Le chat du rabbin d'Alger se voit doté de la parole après avoir mangé le bruyant perroquet de la maison. De ce fait, le rabbin entreprend de lui enseigner les rudiments de la foi juive en passant par l'étude des textes sacrés. Mais le chat veut surtout faire sa Bar-mitsva ! Le rabbin se trouve désemparé par cette exigence que le chat ne cessera de défendre.

Cette bande dessinée permet de plonger dans un univers qui nous est exotique et pose des questions intéressantes sur la religion, tout ceci en passant par le rire et des situations amusantes. J'ai apprécié ces allusions aux textes sacrés, les remarques effrontées du chat, mais l'histoire en elle-même n'est pas à mes yeux passionnante. Le scénario est assez simple. De plus, les dialogues rapportés par le chat ( "il me dit que", "je lui dis que" répétés des dizaines de fois ) cèdent trop facilement à la répétition, même si l'intérêt réside peut-être dans le fait que le chat soit le narrateur dans ces moments.

Il n'en demeure pas moins que j'ai lu cette bande dessinée volontiers, que j'ai fortement apprécié l'univers décrit. C'est sans doute l'une des forces de Sfar de créer une atmosphère aussi prégnante, un microcosme. Les personnages sont attachants et permettent une lecture agréable.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 31 décembre 2011


Formidable !!! 10 étoiles

… La personne qui m’avait conseillé « Le chat du rabbin », n’était pas un imbécile, alors, malgré ma déception avec les Potamoks, j’ai fait un nouvel essai, et là, c’était tout autre chose.
Tout d’abord, celui-là, d’album, Joann Sfar l’a fait tout seul : texte et dessins. C’est peut-être ça la différence.
Pour le dessin, au début, je me suis dit qu’il ne dessinait pas trop bien les chats, même en admettant que ce soit un Egyptien, mais qu’il était par contre excellent pour saisir les attitudes et habitudes félines. Cette inimitable façon d’être qui fait que l’on aime ou déteste ces petits félins. Et puis, assez rapidement, j’ai bien compris qu’il dessinait vraiment bien les chats et que c’était moi qui avais mal vu. Pour les filles et pour les rabbins, même rien à dire, il avait été convaincant dès les premières pages.
Pour le texte, cela fait bien longtemps que je n’avais pas lu une bande dessinée aussi fine, subtile, aussi amusante et aussi intelligente. Je n’en ai pas sauté un mot. Un régal, du début à la fin.
Cerise sur le gâteau, sourire supplémentaire, l’humour, partout présent est assez souvent souligné par le décalage entre le récit du chat et ce que montre l’image, ainsi que cela est visible dès la quatrième de couverture.
Humour et tendresse. Ce récit baigne dans une grande bienveillance humaniste et le lecteur en est tout éclaboussé – et heureux.
Il y a actuellement 4 tomes au « Chat du Rabbin », c’est clair, il me les faut.

Sibylline - Normandie - 73 ans - 29 octobre 2005


Grat, grat 9 étoiles

Le chat du rabbin est un sacré numéro. Sa vie se déroule entre son maître et sa fille, sa préférée, qui est belle comme le jour et sort très peu. Un perroquet vient un peu gâcher l'ambiance à la maison de par ses cris incessants, alors un jour, le chat l'avale, et se retrouve doué de parole. Là commencent ces dialogues inénarrables, remplis d'humour, de causticité, et de vérités, en fait.

Un exemple :
L'occidental veut résoudre le monde. Faire de l'un avec du multiple. C'est un leurre, me dit le rabbin.
- Oui, mais enfin, maître, est-ce que le judaïsme lui aussi ne cherche pas à faire de l'un avec du multiple ?
- Oui, mais pas de la même manière.
Le logos, c'est thèse, antithèse, synthèse. Alors que le judaïsme, c'est thèse, antithèse, antithèse, antithèse...

Ajoutez à cela des dessins et des couleurs très attirants, et vous avez tous les ingrédients pour passer un très bon moment !

Cuné - - 56 ans - 9 juin 2005


Miaou? Je parle! 7 étoiles

BD délirante racontant l’histoire d’un chat de rabbin qui veut faire sa bar-mitsva. Après avoir dévoré le perroquet trop parleur du rabbin, le chat se retrouve doté de la parole. Le rabbin décide alors de faire l’éducation du chat en lui enseignant le Talmud et la Torah. Mais voilà que le chat y a pris goût et veut étudier la kabbale et faire sa bar-mitsva. Dialogues épiques entre le chat, le rabbin et le rabbin du rabbin. Un humour savoureux. Grâce aux interrogations pertinentes du chat, on apprend et on sourit à la fois; il y a un regard différent posé sur le judaïsme, interprété différement selon qu'on soit chat ou rabbin ou rabbin du rabbin. De l'humour et de la subtilité, ça ne fait pas de tort par les temps qui courent!

Sahkti - Genève - 49 ans - 26 mai 2005


Humour et religiosités 6 étoiles

Sous un abord plutôt caustique, ce fameux chat, à qui on a justement donné la langue, sait ce qu'il veut et ne se prive d'aucune question. Déterminé à faire sa Bar-Mitsva, il va se retrouver face aux oppositions du rabbin (ben oui, même s'il parle, il n'en demeure pas moins un chat!) et cela donnera lieu à de nombreuses conversations philosophiques et religieuses.
L'oeil vif et l'esprit critique, ce chat, très affectueux envers sa jeune maîtresse, porte un jugement tendre et perspicace sur ce qui l'entoure, ne manquant parfois pas d'ironie.
De belles images, un beau coup de pinceau, une BD très agréable à parcourir.

Bluewitch - Charleroi - 44 ans - 2 mai 2004