La porte des larmes
de Abraham Verghese

critiqué par Elya, le 29 janvier 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Un résumé prometteur
Abraham Verghese est médecin aux Etats-Unis. Il est né en Ethiopie, et ses parents sont d'origine indienne. Il était donc sans doute tout naturel pour lui d'écrire un premier roman dont l'histoire commence en Afrique, mais dont les personnages principaux sont originaires d'Inde, et finiront par immigrer aux Etats-unis, sans oublier bien sur de situer le cadre dans un hôpital africain afin de glisser quelques anecdotes sur sa profession médicale...
Nous ne saurons pas si cette histoire est en partie autobiographique, en tout cas il est certain que l'auteur a mis à contribution son expérience personnelle en tant que médecin mais aussi citoyen aux origines étrangères pour écrire ce livre.
Cela aurait pu donner quelque chose d'intéressant.

Malheureusement, le récit de la vie de ces deux jumeaux abandonnés à la naissance est très, trop lent. Au bout de 100 pages, on en est encore à raconter leur naissance, à présenter les personnages qui prendront toute leur place dans le reste de l'histoire.
Cette lecture est une déception car on sent que l'auteur aurait pu faire quelque chose de bien de son histoire. Son style d'écriture n'est pas désagréable, et les thèmes qu'il aborde sont déjà vu mais intéressant tout de même : la construction identitaire, les inégalités sociales et continentales, la place de la femme dans la société et plus particulièrement dans le secteur médical...

Seulement le rythme n'est pas là, on s'ennuie vite, et on peine à terminer ces plus de 500 pages qui laissent un goût amère.
Intéressant 7 étoiles

Il est vrai que ce roman est un peu longuet (défaut fréquent des romans indiens), mais on se laisse prendre à cette histoire de jumeaux épris d'une même jeune fille. La partie consacrée à l'Ethiopie est passionnante : pays peu connu qui se remet de sa brève colonisation par les Italiens, les saveurs et l'odeur de cette terre sont bien rendues. C'est aussi un bon "roman médical", assez intéressant.

Otello - - 63 ans - 1 avril 2014


Un premier roman ambitieux… 7 étoiles

Un pavé de plus de six cents pages pour un premier roman fort ambitieux d’un auteur qui a déjà deux ouvrages publiés, en plus d’être un éminent chirurgien et non moins éminent professeur à la faculté de médecine de la prestigieuse université Stanford aux États-Unis.
En principe, j’adore ces sagas qui fourmillent de mille et une anecdotes qui alimentent la trame principale de détails plus ou moins pertinents, qui sont rarement inintéressants, mais qui parfois par leurs digressions répétées peuvent diluer une trame qui ratisse trop large.
Tout fascine dans ce roman; les lieux d’abord, le Madras en Inde dont on parle peu souvent, l’Éthiopie d’Haïlé Sélassié et un de ses voisins immédiats, l’Érythrée, pays situés dans la Corne d’Afrique dont je ne connais presque rien sauf les noms, le Bronx de New York et Boston, théâtres d’un système de santé à deux vitesses au cœur de la plus grande puissance capitaliste au monde, une vitesse privilégiant l’élite sociale et une deuxième pour les moins nantis.
Les personnages foisonnent et sont tous aussi fascinants avec leur passé trouble et leur destin souvent tragique.
La trame principale édifiée sur la naissance et le parcours de jumeaux nés d’une liaison clandestine d’une jeune religieuse qui meurt en couches et du médecin-chef d’un hôpital de brousse au cœur de l’Éthiopie et qui de son côté fuit ce pays en abandonnant ses enfants aux soins de deux médecins résidents originaires du Madras, n’a rien de très original et passionne peu, y compris un épilogue des plus dramatique.
L’écriture est belle, simple et soignée, l’auteur aime beaucoup ses protagonistes, le jargon médical est accessible et les digressions tout aussi captivantes d’intérêt, qu’assassines pour le rythme.
Cette lecture m’a beaucoup charmée, même si mon intérêt a connu des hauts et des bas.

P.S. Lu en version originale américaine.

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 12 juin 2012