Kampuchéa de Patrick Deville

Kampuchéa de Patrick Deville

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Dirlandaise, le 25 janvier 2012 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 677ème position).
Visites : 3 868 

Un remarquable périple dans l'histoire du Cambodge

Ce livre est qualifié de roman mais ce sont plutôt des chroniques historiques et politiques sur le Cambodge. Il ne se lit pas comme un roman. Il demande une bonne dose de concentration et surtout un minimum de connaissances de l’histoire du Cambodge et du colonialisme en général afin de ne pas très vite s’y perdre. J’avoue avoir eu du mal à bien suivre monsieur Deville dans son périple cambodgien. J’ai trouvé le texte confus, sans vraiment de fil conducteur. L’auteur raconte et raconte sans tenir compte du lecteur qui peine à le suivre. Car, porté par sa grande érudition, monsieur Deville brosse un portrait touffu et extrêmement dense de l’histoire de ce pays ainsi que des pays voisins le Vietnam et le Laos. C’est d’une richesse remarquable cependant et si vous aimez cette région du monde et vous donnez la peine de plonger dans ce bouquin, vous en ressortirez en ayant l’impression d’avoir accompli un très beau voyage en compagnie de l’auteur.

Outre l’aspect politique, le livre renferme plusieurs références à des écrivains ayant écrit sur le Cambodge dont entre autres Graham Greene, Pierre Loti, Malraux, Morand, Ponchaud et Conrad. C’est cet aspect du livre que j’ai le plus apprécié. J’ai tout noté afin de pouvoir choisir mes lectures si jamais je désire continuer sur ce thème. J’ai particulièrement aimé le fait que l’auteur ressuscite plusieurs d’entre eux pour entretenir des conversations fort intéressantes. Le contenu politique est également assez exceptionnel. L’auteur retrace le parcours de Pol Pot depuis sa jeunesse, ses études, son séjour à Paris et son goût pour la littérature française, ensuite le retour au pays, vingt ans de maquis pour ensuite s’emparer du pouvoir pendant seulement quatre années au cours desquelles il y eut plusieurs millions de morts.

Monsieur Deville raconte aussi la vie de plusieurs explorateurs comme Henri Mouhot qui a découvert les ruines de la cité d’Angkor et le parcours d’Auguste Pavie, photographe des rives du fleuve Mékong.

Enfin, impossible de bien résumer un tel livre car il est trop riche, trop dense pour pouvoir lui rendre justice comme il le mérite. L’auteur mélange avec bonheur la politique, la littérature, l’ethnologie et l’histoire pour nous livrer une œuvre remarquable mais qui demande un effort de la part du lecteur. Personnellement, j’ai dû me documenter afin de ne pas m’égarer dans les méandres et les circonvolutions du grand voyageur qu’est monsieur Deville dont l’érudition m’impressionne au plus haut point.

« C’est la Troisième guerre, après la française et l’américaine la chinoise. Une guerre par procuration. Aucun soldat chinois ni russe ne monte au front. La férocité est celle des temps angkoriens. Les vieilles méthodes des supplices, les prisonniers assis ligotés au-dessus d’une pousse de bambou qui s’allonge de quatre centimètres par jour, leur perfore l’anus et traverse lentement l’abdomen jusqu’aux poumons. On massacre les civils mais préfère blesser les combattants. Mutiler plutôt que tuer. Submerger les capacités médicales et démoraliser. Chaque amputé éloigne plusieurs ennemis du champ de bataille. Au fond des pièges, on n’enduit plus les chamrongs de poison. « Pour porter un homme blessé, il en faut quatre autres, et pendant ce temps il crie, crie, crie, cela fait réfléchir les autres. »

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Les éditions

  • Kampuchéa [Texte imprimé], roman Patrick Deville
    de Deville, Patrick
    Seuil / Fiction & Cie
    ISBN : 9782020992077 ; 20,30 € ; 01/09/2011 ; 252 p. ; Broché
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Les livres liés

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bouillon de cultures

8 étoiles

Critique de Gg de coat canton (, Inscrit le 30 septembre 2009, 83 ans) - 5 juillet 2013

Les mystères de l'Indochine ont fait rêver plus d'un de par la beauté du pays, des femmes, les fumeries, les piastres, tous les trafics et des populations aux traditions souvent incompréhensibles... Une vraie terre d'aventure avec des héros amoureux fous de ce pays.
Le livre Kampuchéa est un véritable bouillon de cultures au même titre que ces pays bouillonnant de sagesse et de cruauté. Il est assez difficile à lire et demande une grande attention.
C'est un très bon livre. Il faut avoir des "rêves de jonques".
"Au fond des forêts du Siam, j'ai vu l'étoile du soir se lever sur les ruines de la mystérieuse Angkor" (Pierre Loti)

Réflexions politiques, historiques et géographiques sur les pays de l'Indochine

8 étoiles

Critique de Marimori (Gif-sur-Yvette, Inscrite le 18 juillet 2011, 72 ans) - 7 janvier 2013

Mon commentaire complète celui de Dirlandaise qui reflète en bonne partie mon ressenti.
Le fleuve Mékong est semble-t-il le fil directeur du récit de par son rôle stratégique de frontière entre plusieurs de ces pays.
Je vois principalement dans ce livre une réflexion politique sur les rôles joués par la France et l'Angleterre sur le destin des pays de l'Indochine.
Si comme c'est mon cas, on ne connait pas la géographie ni l'histoire de cette région, le livre n'arrange rien car le récit est fouillis, complexe, peu didactique, et son organisation m'échappe.
Il me reste cependant de cette lecture un goût amer à cause des souffrances de ces pays qui ont subi guerre sur guerre, mais aussi l'envie d'en savoir plus sur les hommes et l'histoire de ces pays.

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