La merditude des choses
de Dimitri Verhulst

critiqué par Patman, le 24 janvier 2012
(Paris - 61 ans)


La note:  étoiles
Affreux, sales, et...Flamands !
Ne cherchez pas Reetveerdegem sur une carte de Flandres, vous ne trouverez pas. Ou plutôt si, vous en trouverez une bonne centaine, du côté d’Alost ou encore en Campine, car le village que nous décrit ici Dimitri Verhulst, il en existe tant et plus en Flandres, encore aujourd’hui. Seulement en Flandres ? Pas sûr. Nos amis du Nord de la Belgique n’ont sans doute pas le monopole des soûlographies tempétueuses ; mais c’est une autre histoire. Dans ce récit (c’est plus un récit qu’un roman) parait-il largement autobiographique, Verhulst nous fait découvrir une famille un peu particulière. La sienne. Le jeune Dimitri (prononcez « Dimmetrie » ) vit chez sa grand-mère avec son père Pierre (dit Pie) et les trois frères de celui-ci : Herman, Zwarren et Karel (dit Poutrel). La mère de Dimitri les a abandonné depuis belle lurette, il faut dire que la galerie de personnages que forment les frères Verhulst pourrait en décourager plus d’un ! Affreux, sales, soiffards, feignants, bagarreurs, les Verhulst ont une sérieuse réputation et elle n’est pas usurpée. La jeunesse de Dimitri se passe donc dans la fumée de cigarettes des cafés des environs entre les billards, les juke-boxes qui hurlent du Roy Orbisson, les concours d’à fond et autres idioties qui peuvent passer par la tête de son père et de ses oncles… jusqu’au jour où une assistante sociale, mais chut, je n’en dis pas plus…

Superbe bouquin, même si je l’avoue, j’ai failli le fermer après quelques dizaines de pages, effrayé par la perspective de suivre les descriptions par trop détaillées de bitures pendant tout le livre. Heureusement je me suis accroché et je ne l’ai pas regretté. Verhulst signe ici un roman fort, plein d’une immense tendresse dissimulée derrière un apparent cynisme qui n’est que de façade. Un roman qui doit être une sorte de thérapie sans doute, une façon pour lui de dire au revoir à ce passé pénible sans toutefois rien renier. Chapeau Dimitri, mission réussie et j’ai compris à la lecture de ce livre le succès rencontré par le film qui en a été tiré (et que je n’ai pas vu mais je pense réparer cette lacune).


Misère 5 étoiles

Evidemment le film a été un évènement marquant du cinéma belge néerlandophone et ce n’est que bien après que je découvre le roman, ou plutôt l’autobiographie de l’auteur.

Le film est un résumé de ce livre qui est (oui c’est possible) encore plus dérangeant qu’un film qui nous décrit une famille du quart monde sous ses plus tristes aspects. Quand on regarde le film, on peut fermer les yeux, quand on lit, l'option s'est de sauter des passages.

On ne peut pas ne pas mettre en parallèle ce récit et l’ouvrage plus récent d’Edouard Louis et de son Eddy Bellegueule qui décrit aussi une forme de drame familial dans un milieu misérable. La seule différence est que le récit de Dimitri Verhulst laisse croire à un certain bonheur, une insouciance, la présence d’une solidarité, voire un certain bon sens.

Mais cette histoire manque de détachement et n’est par moment pas assez romancée ; l’auteur s’emporte en oubliant de soigner son style.

Je confirme aussi comme Sundernono que le film est davantage réussi.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 26 décembre 2015


Le Reetveerdegem Brothers 8 étoiles

Dimmetrie, un tout jeune ado vit avec sa grand –mère, son père et trois oncles dans une maison de la Flandre profonde. On y boit, on y hurle, on frappe, on gueule, on vomit … et tout ce qui va avec. Maïe à maïe ! Bienvenue dans le quart-monde !

A pointer tout particulièrement : la première cuite de la petite Sylvie – la fin heureuse du vieux chien de Palmyre – La soirée Roy Orbison à la télé chez les voisins iraniens - la visite de la madame du service de l’aide à la jeunesse – Dimmetrie, pédophobe (= qui n’aime pas les enfants) et les toutes premières minutes de sa vie … dans les bistrots.

Un choc !


Extraits :


- « Le miracle est accompli, ma chatte est mouillée et pas par la pluie «. C’était un extrait d’une des chansons salaces qu’elle avait apprises ce soir, la « chanson des chattes «, très prisée à l’époque, longue de douze couplets.

- Des infirmières très mignonnes, selon lui, qui étaient restées durant trois jours scotchées à son lit à lui susurrer des mots doux à l’oreille, ce qu’elle font toujours, paraît-il, aux gens qui sont dans le coma.

- Notre télévision était, pour ainsi dire, toujours allumée, le feu ouvert des pauvres d’esprit.

- J’ai pensé au poète Hans Andreus qui a chassé sa femme du chevet de son lit de mort avec les mots : « Pars maintenant, je dois faire ceci seul. « Ca m’a consolé. Elle allait mourir sans moi.

Catinus - Liège - 72 ans - 23 juin 2013


Beuverie en continu... 9 étoiles

La famille de Dimitri n'est pas des plus banales, son père et ses trois oncles vivant avec leur mère et profitant de sa pension, se contentant de petits boulots au black, sauf Pie qui est postier, et buvant, buvant, jusqu'à se rendre minables le plus souvent possible. La vie s'écoule ainsi, entre bitures et ennuis de toutes sortes, ils sont tous revenus au foyer familial suite à diverses déceptions sentimentales, n'ont pas su s'accommoder d'une vie "normale" et passent leurs journées à écumer les bars, à lever les minettes et à regarder la télé, surtout quand Roy Orbison y fait une apparition... Le jeune homme aime ses oncles pourtant si attachants, se sent aimé en retour et les accompagne parfois lors de leurs beuveries, mais est-ce bien la place d'un jeune adolescent... ?

Si on ne craint pas les descriptions pipi-caca et certaines scènes parfois plus trash, on peut se lancer dans la lecture de ce livre qui vaut le détour. Je l'ai lu en riant parfois, tant certains récits sont drôles, celui du Tour de France, mais l'épisode de la télé est de loin celui que j'ai préféré. Dimitri n'a pas eu peur de nous partager l'histoire de sa famille et de ces quatre frères que l'on peut juger "primitifs" à bien des égards, mais malgré tous ces défauts avoués, touchants, surtout Pie, son père.

Une écriture qui accroche, des anecdotes qui peuvent nous rappeler certaines "bringues" que chacun d'entre nous a pu connaître au cours de sa jeunesse et qui ne transpiraient pas non plus l'intelligence, un livre qui remplit bien sa fonction, celle de divertir.

Je remercie Saule de m'avoir donné l'occasion de le lire.

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 2 mai 2013


Un éclair de tendresse et d'humour 9 étoiles

Grâce à son ton drôle et tendre, l'auteur rend une famille d'affreux soulards très attachante, son récit est tellement savoureux et même émouvant parfois qu'on en vient à éprouver une certaine admiration pour ce mode de vie anti-consumériste qui consiste à dépenser tout son argent dans les cafés en beuveries sans fin.

Comme le dit Septu, on peut regretter parfois que l'auteur démarre puis abandonne chaque fois une nouvelle histoire, et aussi de perdre trace des personnages secondaires qui apparaissent dans un court chapitre pour disparaitre. Ainsi des personnages trop savoureux, comme la famille d'immigrés indiens à qui ils infligent un concert de Roy Orbinson, ou bien la cousine collet monté qui va être joliment débauchée. Et puis que dire de la bande improbable qui participe au tour de France des boissons. Une sacrée invention d'ailleurs cette version du tour de France ! C'est tordant.

Ce livre est vraiment un régal, très marrant mais sans méchanceté, au contraire il y a même une tendresse, ainsi la culpabilité assumée de l'auteur d'avoir réussi et quitté son milieu. J'ai trouvé la fin très juste et émouvante quant à moi. De rares passages m'ont paru d'un goût douteux, d'où la demi-étoile manquante. Je vois que le livre est maintenant disponible en version de poche, raison de plus pour tenter l'expérience.

Saule - Bruxelles - 58 ans - 24 mars 2013


ET DIRE QUE J’AI FAILLI PASSER A CÔTÉ !... 9 étoiles

Alors là je dois dire que j’ai aimé, vraiment beaucoup aimé !... Et pourtant la première fois que je l’ai vu chez mon libraire je ne l’ai pas acheté… pas assez convaincu !
Puis je le retrouve sur la table d’une autre librairie et là je me convaincs de lire quelques pages… et là le choc, la révélation, j’avais entre mes mains un grand, très grand livre !...

On s’attache à tout dans ce petit livre (un peu plus de 200 pages, qui se lisent d’une traite en quelques heures…), l’écriture, simple, belle, directe sans fioritures inutiles, c’est une écriture plus «parlée» que littéraire, les pages se tournent sans vraiment y penser, sans s’en apercevoir…

Mais le plus qui m’a marqué sont les personnages, et leur aspect psychologique très profond et très fouillé, surtout Dimitri le héros et conteur de l’histoire, qui est vraiment très, très réussi. Pas étonnant quand on sait que M. Dimitri VERHLUST s’est inspiré de sa propre vie, et que ce livre est donc en grande partie autobiographique.

Non je n’ai vraiment rien à redire dans le récit des aventures de ces «petites gens», soiffards invétérés, sales, crado, bagarreur, piliers de bar, criblés de dettes assaillis par les huissier et l’assistante sociale, passant d’une bêtise à l’autre, d’une biture à l’autre… et pourtant si tendres, si attachants, avec leur petite vie tranquille…

Je ne mets que 4 étoiles et demi, et non pas cinq, pour les quelques «erreurs de jeunesse» de l’écrivain, notamment le fait de commencer des histoires mais de ne pas nous en raconter la fin (on aurait bien aimé savoir qui a gagné le « tour de France » de la boisson…), et le changement de style un peu trop brusque dans les dernières pages et la fin du livre qui est un peu trop bâclée…

Mais je reste à dire que je tiens avec ce livre une vraie «pépite», et que je vais sans aucun doute suivre la carrière très prometteuse de ce jeune écrivain… et que bien sûr, on l'aura compris, je conseille ce livre à tous…

Un court extrait : …«Le souvenir est le spasme consolateur d’une vie, une forme supérieure de placenta. Ce n’est que lorsque tout souvenir s’est desséché que la mort peut vraiment faire son œuvre, la décomposition commence quand nous avons cessé de nous rêver, et si aucun témoin n’ose courir le risque d’être pris pour un menteur, les histoires du café Liars Pub tomberont comme nous dans l’oubli, ce qui revient à peu près à n’avoir jamais existé. Certains laissent un crâne et une poignée d’os, tel un brachiosaure solitaire, il y a quelques millions d’années et une heure, ça leur fait une belle jambe, mais quant au contenu de leurs journées, on ne peut que deviner, s’en remettre au pifomètre»…

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 15 mars 2013


Too much 2 étoiles

Fait rare, j'ai franchement préféré le film au livre, et de loin!
J'ai attaqué ce livre il y'a bien 6 mois de cela mais je n'ai jamais réussi à dépasser la 80ème page, et pourtant je m'y suis repris à deux, trois fois, cherchant désespérément ce qui m'a fait apprécié le film éponyme: les péripéties de Dimitri, de son père et de ses oncles, grands soiffards invétérés.
Quoiqu'il en soit ce fut un échec, l'écrit n'étant pas à la hauteur du film pourtant lui tiré du roman. Peut être est-ce du à la force des mots qui font ressortir un côté crade et glauque qui ne m'a pas gêné plus que cela au cinéma.
@Patman l'a très bien écrit dans sa critique, l'atmosphère des bars, de la fumée de cigarette, les biturds.. tout cela m'avait plu et fait rire dans le film, mais repoussé et dégoûté dans le livre.
Le style de Verhulst n'aide pas non plus, mais cela n'engage que moi.
Bref, une grosse déception.

Sundernono - Nice - 40 ans - 23 février 2012