La Cerisaie
de Tchekhov

critiqué par PaulArthur, le 18 janvier 2012
(Lille - 28 ans)


La note:  étoiles
Une comédie légère, un drame intense
Lioubov Andréevna a quarante ans, et est la propriétaire de la cerisaie, elle y revient après avoir passé cinq années à Paris, en "exil" pour ne pas penser à son mari et son fils de sept ans mort à une année d'intervalle. Beaucoup de gens se croisent dans la cerisaie : ania fille de dix-sept ans, varia vingt-quatre ans fille adoptive, léonid gaev frère ainé, un marchand, ancien serf, ermolai lopakhine, un lettré, petia trofimov; une ribambelle de domestiques, yacha, le vieux firs, la jeune douniacha, le malheureux épikhodov, l'étrange charlotta... Les maitres sont criblés de dettes, mais ils restent insouciants. La cerisaie va être vendue pour dette. On le sait, mais on fait la fête sans y penser, comme si cela n'aura jamais lieu...

voilà la présentation indispensable, maintenant à moi de vous convaincre.
La cerisaie est ma pièce préférée, lisez, c'est du grand art!
Prenons un drame classique, comme Phèdre (le scénario n'a rien rien à voir, mais imaginez) et remplaçons tous les personnages de Phèdre par des gens normaux de la vie de tous les jours. Eux ne regarderont pas le drame en face, dans les yeux, mais ils se détourneront comme le font gaev et lioubov. Je ne dis pas que dans la vie de tout les jours il n'existe aucun instant tragique, ce serait faux, archifaux. La vie n'est pas 'tout le temps' tragique simplement. Il y a des instants dans la vie, des instants très courts, et très violents qui arrachent à la tranquillité et choquent, troublent, font peur. Quand un instant de ce type intervient pendant une joyeuse fête, et par la faute de personnages heureux et insouciants, adorables presque, par effet de contraste, il est décuplé.

J'aime bien faire des comparaisons stupides, alors j'en ferai:
Phèdre est un bain d'eau froide, glaçant, flippant qui dure deux heures, on en sort sonné. Du moins, Je.
La cerisaie est un seau d'eau glacé jeté sur le visage quand on somnole lové dans un canapé au coin du feu. j'en suis sorti sonné.

Cette pièce m'a brutalisé.
Je la connais par coeur aujourd'hui.