Un été autour du cou
de Guy Goffette

critiqué par Zoom, le 1 septembre 2002
(Bruxelles - 69 ans)


La note:  étoiles
style léger, histoire pesante
J'ai failli laisser tomber cette lecture en cours de route, me disant que l'écriture était belle, limpide, légère, mais sans plus.
Une belle écriture ne suffit pas à faire un livre prenant. Puis au fil des pages, l'attention s'accroît, le fond de l'histoire s’intensifie, et dérange. Goffette raconte l'été de Simon, petit garçon de presque douze ans, enfant insouciant et joyeux, précocement pubère, et curieux du sexe opposé. Ses journées auraient pu se passer dans une espièglerie innocente, entre une mère terne qui rêve d’une lessiveuse moderne , un père épicier tyrannique, l'école, et Pauline, la petite copine qui répond avec zèle aux appétits de Simon, derrière l'église. Mais la curiosité de Simon réveille la perversité de " La Monette ", femme infidèle, provocante et sans scrupule, qui va faire vaciller la confiance de l'enfant, en le considérant comme un objet de jeu que l'on prend ou jette méchamment. Le petit Simon s’enfonce dans l'incompréhension, la tristesse, la honte, la solitude, face à une femme qui a l’âge de sa mère, qui l’attire et le repousse en même temps, mais qu'il croit aimante. Au sortir de l'enfance, c’est un mur de dégoût que cette femme ignorante et irrespectueuse dresse dans la vie de Simon.
La légèreté de la vie enfantine décrite dans ce livre contraste violemment avec la perversité et l’inconscience d'une adulte . Les séquelles laissées dans la mémoire dépasseront de loin la tristesse ou la colère et finiront par creuser un gouffre gigantesque dans une personnalité qui se construit . Un livre pas rose donc, malgré un ton et un style anodin, qu’un crescendo subtil alourdit tout au long de l'histoire.
Roman initiatique 6 étoiles

Bonjour les lecteurs ....
Guy Goffette est un poète et écrivain belge.
"Un été autour du cou" est son premier roman.
Les années 50, un village de France...
Simon, 12 ans à peine, coincé entre un père autoritaire, brut de décoffrage et une mère effacée, va découvrir ses premiers émois dans les bras de la torride Monette.
Monette qui est belle, sensuelle et qui est de 30 ans son ainée.
Monette va l'attirer comme le miel attire les abeilles, l'aimer et le rejeter au gré de sa fantaisie..
Et Simon va grandir beaucoup trop vite
Devenu adulte, Simon nous fait le récit de cet été qui a changé le cours de sa vie, son caractère ....cet été où quelque chose s'est cassé, où il a perdu sa tendresse.
Roman initiatique (et largement autobiographique) très joliment écrit, avec à la fois beaucoup de pudeur et une certaine violence.
L'auteur se souvient de l'été de ses 12 ans.

Faby de Caparica - - 62 ans - 5 février 2018


Encore 5 étoiles

J’aurais pu copier-coller ma critique de « Une enfance lingère » car il s’agit pratiquement d’une version identique de cet autre roman de l’auteur. On y retrouve le même personnage de Simon, décliné de nouveau bizarrement à la première et la troisième personne. C’est aussi le même type de récit initiatique. Lors de ma précédente lecture, un certain lyrisme m’avait charmé. Ici, l’univers est plus cru et plus explicite. Alors ceux qui aiment les détails croustillants pourront lire « Un été autour du cou » les autres « Une enfance lingère »

Je suis étonné que certains aient perçu « La Monette » comme une ‘violente’ prédatrice. À mes yeux, ce n’est pas une femme vertueuse évidemment mais pas une méchante mangeuse d’enfants non plus. Pour moi, Simon est victime de sa propre curiosité.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 28 janvier 2013


Une histoire prise d'un manuel de psychopathologie 5 étoiles

Un style par moments bien poétique mais hélas inconvenant de l'histoire qui ne semble que prise d'un manuel de psychopathologie. La problématique n'est pas bien développée.

Valéry - - 37 ans - 11 janvier 2006


J'attendais mieux ! 6 étoiles

Je pense avoir été hermétique au style de l'auteur, un peu trop de pirouettes et de cambrures pour moi ! A mon goût, j'ai trouvé que c'était passablement efficace, l'idée de tourner trop autour du pot, avant d'atteindre l'objectif de son idée. Du coup on oublie presque où l'auteur voulait en venir ! Par contre je reconnais une très belle poésie derrière ses interminables courbettes : "Ce qu'elle dit, je l'entends à peine, c'est sucre et cannelle, cannelle ou sucre; ça coule sur la langue et dans l'oreille, tandis que je la regarde promener au ralenti la serviette sur son cou rose et grassouillet, s'éponger entre les seins. Qui bougent, s'écartent, se touchent". L'érotisme frétillant est très présent ! Il y a intensément de sensualité, de suavité, mais jamais l'auteur ne franchit la ligne jaune, la sobriété est de mise !

Concernant la relation entre le gamin et la femme de quarante ans, c'est un jeu cruel d'attirances, pour l'interdit, pour l'envie, pour l'impossible. Simon, ce gamin feu-follet, bascule dans le monde des adultes un peu abruptement. En est-il responsable aussi ? Qui blâmer complètement ? J'ai du mal à lire ce lamento, rédigé par son narrateur des années après, vieillissant, seul et meurtri par le souvenir de cet "été noir". Certes, à onze ans, ce gamin était innocent et abusé, pourtant il y retournait sans cesse. Pourquoi ? La candeur d'un enfant est-elle aussi mince qu'une feuille de papier de soie ? Parce qu'elle usait d'une voix forte, sèche, d'un ton rogue, qu'elle était hargneuse et dominatrice, l'enfant comprend qu'il n'était qu'un jouet, trompé, bafoué, souillé. C'est difficile à cerner, à comprendre. Cette éducation sentimentale, forcée, envoie plusieurs vagues d'incertitude au lecteur circonspect, dont je fais partie !

Clarabel - - 47 ans - 5 juillet 2005


Le jeu du chat et de la souris 7 étoiles

"La Monette avait tout, savait tout; moi,rien. Elle m'a pris sous son aile, m'a roulé dans ses draps, puis dans la farine. Puis foulé aux pieds, puis jeté dehors. J'avais douze ans à peine; elle, trente de plus."
Ainsi commence ce roman que Zoom a résumé mieux que je ne pourrais le faire. Un été particulier où Simon, jeune garçon précoce, va être confronté à son fantasme: La Monette, femme épanouie, généreuse à tout point de vue. Un peu trop peut-être! Une femme, limite nymphomane, qui va faire souffrir plus que de raison ce jeune garçon, plongé trop tôt dans un amour trop prenant, trop compliqué. Car La Monette, une minute, c'est blanc; l'autre c'est noir. Une femme qui se livre puis se refuse, cruellement. Une femme qui semble considérer l'autre comme un jouet dont on peut se débarrasser une fois que l'on y a trop goûté.Les dégâts se révéleront donc irréversibles pour Simon, qui n'est finalement encore qu'un enfant. Ce roman traite d'un sujet dérangeant mais ne tombe jamais dans les clichés ni le scabreux. On se laisse vite prendre par cette histoire à la fois tendre et cruelle. On est comme happé par la tension inhérente à la situation et la violence contenue. Ecriture poétique, légère, tendre. Constat d'une enfance ternie, malaise d'un enfant trop vite passé dans le monde des adultes.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 22 mars 2003