Black Planet: Facing Race During an NBA Season
de David Shields

critiqué par Oburoni, le 15 janvier 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Blancs et Noirs en NBA
Durant la saison 1994-95 l'écrivain et essayiste David Shields a suivi les Seattle Supersonics, équipe de basketball américaine évoluant en NBA. Le duo Shawn Kemp-Gary Payton, le coaching de George Karl, le trauma de la défaite en playoff face aux Denver Nuggets l'année précédente... Les amateurs apprécieront, le tout est un très bon livre de basketball.

L’intérêt du bouquin réside, toutefois, ailleurs. Tenu comme un journal, "Black Planet" se veut en effet être une réflexion sur le racisme en NBA.

C'est que, si l'écrasante majorité des coaches, arbitres, fans, propriétaires, managers, journalistes, critiques ou encore diffuseurs sont Blancs, la majorité des joueurs, eux, sont Noirs. Dans une Amérique encore marquée par l'héritage de la ségrégation raciale et où les Afro-Américain forment comme une nation au sein d'une nation David Shields (qui est Blanc) voit la un exemple de commensalisme entre races.

Si on ne comprend guère mieux pourquoi tant de joueurs sont Noirs, certaines tensions intéressantes se dévoilent. Blancs et Noirs ont du mal à communiquer, ne perçoivent pas le sport de la même manière, sont comme sur deux planètes différentes. Le regard de David Shields lui-même est très révélateur. Etant un fan de Gary Payton il lui dédie de (trop ?) nombreuse pages et, si on a l'impression qu'il perd alors le fil pour sombrer dans la vénération béate et fétichiste de son joueur favori on se rend vite compte que, loin de s'éloigner du sujet on reste au contraire en plein dedans. Petit Blanc en extase devant les corps athlétiques de jeunes Noirs multimillionnaires et à l'attitude cool il nous expose, par son expérience personnelle, l'ambivalence des relations interraciales en NBA. Les Blancs y admirent certes des Noirs, ils les exploitent néanmoins sans scrupule pour leur divertissement. Une relation compliquée qu'il faut, à mon avis, être américain pour comprendre (je suis européen et j'avoue que beaucoup m'est passé au-dessus !).

Fan de basketball ou intéressé par les questions raciales, il y a de quoi picorer.