La graine écarlate
de Ellis Peters

critiqué par Persée, le 26 août 2002
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
Flamboyant
Que l'amour pouvait se transformer en haine, cela, on le savait. L'inverse restait à démontrer. Edith Pargeter l'a fait. Avec quelle maîtrise !
"La Graine Ecarlate" est le dernier volet d'une trilogie qu'elle écrivit avant de se faire connaître sous le pseudo d'Ellis Peters ("La Pierre de Vie" - "Le rameau Vert" voir critique sur ce site).
L'action se passe au 13ème siècle (période que votre serviteur affectionne) aux confins du pays de Galles. Le jeune Harry Talvace nourrit un sentiment de vengeance légitime contre Isambard, seigneur de Parfois. Sentiment légitime mais prématuré puisqu'à peine entré dans l'adolescence, il tente de s'en prendre à ce guerrier redoutable, ce qui lui vaut de passer plusieurs années en captivité sur les lieux mêmes où son père, maître d'oeuvre, a bâti un sanctuaire et trouvé, pour toute récompense, une mort ignominieuse.
Captivité ou apprentissage ? Humiliation ou initiation ? Hé, hé !
S'engage un troublant face à face entre le jeune justicier et l'impitoyable vieillard. Et c'est par cet affrontement que l'auteur nous tiendra sur le fil du rasoir durant tout le volume. Les deux antagonistes se haïssent mais voilà qu'ils se prennent à se respecter, à s'apprécier.
Peu à peu, les jeunes chevaux de la haine espacent leurs ruades tandis que le vieux dresseur d'hommes s'humanise jusqu'à connaître une rédemption qu'il ne recherche pas, tant est grand son orgueil ou profonde sa désespérance.
Le pardon ne sera pas demandé. Sera-t-il accordé ? Un mot vient à l'esprit au terme de ce livre : compassion. Et aussi, accomplissement : l'adolescent, libéré de sa haine, trouvera le chemin de l'humanité.
Ce dernier tome est tendu comme un arc, cintré comme une croisée d'ogives. Il atteint les sommets du genre. Un grand cru des années cinquante, aujourd'hui redécouvert. Hmmm ! Quel bouquet !
Conclusion en beauté ! 8 étoiles

En lisant ce dernier volume de la trilogie d'Edith Pargeter, on se rend compte que toute la trame de cette histoire repose sur la fidélité absolue à la parole donnée et qui entraîne les personnages dans des comportements ou des sentiments qui nous paraissent désuets de nos jours mais qui sont tout à fait vraisemblables vers 1230, c'est à dire au début du règne de Saint-Louis en France.

Le dernier tome de cette trilogie ne baisse pas en qualité (cf tome I "la pierre de vie", tome II "le rameau vert"). L'histoire est toujours aussi prenante et les références historiques sont très bien documentées. Les caractères et cette société médiévale se précisent encore davantage avec une mention particulière pour cet Isambard de Parfois, personnage terrible et fascinant.

Edith Pargeter conclut en beauté cette œuvre qu'elle considérait comme sa meilleure (elle est l'auteur à succès sous le nom d'Ellis Peters de la série du moine enquêteur Cadfaël).
Après « Les piliers de la terre » de Ken Follett, vous ne pouvez pas ignorer ce chef d'œuvre du roman historique.

Domimag - - 66 ans - 6 juillet 2007