Persépolis, tome 1
de Marjane Satrapi

critiqué par Darius, le 26 août 2002
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
La première BD iranienne
Marjane Satrapi a réalisé l'exploit, le tour de force de nous faire découvrir la fin du règne du Shah d'Iran et les débuts de la république islamique d'Iran à travers les yeux et la sensibilité d'une petite fille de 8 ans.
Le résultat est grandiose : humour, dessins suggestifs en noir et blanc, ton juste, histoires d'emprisonnements mises à la portée des gosses, grandeur et décadence du pays, ennemis d’hier et d’aujourd’hui, mesquinerie des gens, opportunisme, lutte de classe, différences sociales, espoirs de révolution déçus… tout est là. Et l'on ne s'ennuie pas une seconde, même celui ou celle – dont je fais partie - qui ne supporte guère les BD.
Le dessin en noir et blanc parait enfantin à première vue, mais
recèle un esthétisme évident qui jaillit au fil des pages.
Chaque dessin vaut une affiche à lui seul.
Le jour de l'incendie du cinéma REX perpétré par le régime du Shah qui vit ses derniers jours, où les victimes flambèrent comme de vulgaires feuilles de papier, un dessin suggestif nous montre des flammes obliques terminées par des têtes, yeux et bouches béants, bras dans le prolongement des flammes, hurlant au secours.
« Après le vendredi noir, les massacres se succédèrent, il y eut beaucoup de morts ». On pourrait songer pour l'illustrer à des victimes qui jonchent le sol, dans un beau désordre, mais l'auteur procède différemment :
des têtes identiques, yeux fermés, bouches béantes, se succèdent, serrées côte à côte dans le sens d'un tricot entamé par une main experte.
« La fin du shah était proche » : on voit le shah, couronné, revêtu de ses plus beaux atours, poussé dans le dos par une armée de fantômes…
Cette petite fille de 8 ans qui lit Marx en cachette, qui se régale des histoires révolutionnaires de ses oncles et grand-père, qui vit dans un milieu privilégié, qui va manifester avec la bonne à l'insu de ses parents, me fait vaguement penser à « Mafalda », cette petite fille futée née sous le crayon d’un Argentin et qui, ingénument, place les adultes face à leurs contradictions.
Très bonne BD 7 étoiles

Cette BD rend très bien ce qu'a été la fin du Shah et la terrible désillusion qui a suivi alors que nombreux étaient ceux qui attendaient une véritable démocratisation. Au lieu de cela ils sont tombés sur des islamistes acharnés qui ont tout étouffé.

Marjane Satrapi doit énormément à ses parents, gens évolués et a l'esprit ouvert.S 'élever intellectuant n'étant plus possible en Iran, elle partira en Autriche mais les choses y seront moins agréables que prévu. Elle a le mal du pays et se trouve difficilement des amis. A la déprime succédeont bien d'autres maux au point qu'elle décidera de retourner.

Les effets de la guerre entre l'Irak et l'Iran sont très bien rendus puis viendra un semblant d'ouverture.

Je dois avouer que j'ai trouvé que certains passages étaient moins intéressants que d'autres. Cela me venait sans doute du fait que je les trouvais un peu trop long qund elle analyse son propre comportement au sein de la société dans laquelle elle vit.

Oui, le dessin noir et blanc, et volontairement dépouillé, convient très bien.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 7 septembre 2008


Superbe! 10 étoiles

Une bande dessiné aux graphisme particulier, et incroyablement évocateur! Marjane Satrapi nous livre un chef d'oeuvre de bande dessinée, et nous livre l'Iran après la chute du Shah tel qu'il est, au travers les yeux d'une jeune fille.

On sent tellement le vécu derrière cela, que Satrapi est la seule à pouvoir nous raconter et nous dessiner cette histoire avec une telle franchise et une telle intensité!
Un chef d'oeuvre absolu.

Soldatdeplomb4 - Nancy - 34 ans - 4 juin 2008


Chef d'oeuvre bouleversant d'humanité 10 étoiles

Comme vous tous, je suis tombé sous le charme de cette extraordinaire bédé. Marjane Satrapi réussit brillamment tour à tour à nous émouvoir, nous faire sourire, nous indigner, nous attendrir et nous instruire sur la vie en Iran, de la dictature du Shah à celle des ayatollahs. Un livre à lire d'urgence, au moment où la folie des hommes menace ce grand pays, parce qu'il nous fait comprendre, avec un profond humanisme, que les Iraniens sont comme nous, des gens de chair et de sang, qui souffrent, aiment, et tentent courageusement de garder leur sens de l'humour, qui comme chacun sait est la politesse du désespoir. Ce livre est, au-delà des anecdotes, un hymne vibrant à la fraternité humaine. Bouleversant de vérité et de sobriété. Un chef d'oeuvre absolu.

Le rat des champs - - 73 ans - 30 septembre 2007


Une autobiographie en bande-dessinée 10 étoiles

Même si l'on n'est pas très féru de bande dessinée, on aurait bien tort de passer à côté de l'excellent "Persépolis". En effet, lorsqu'on met le nez dedans, il est impossible d'en sortir! Loin d'être une BD ordinaire, "Persépolis" à la particularité de mettre en images un destin peu commun: celui de l'auteur elle-même, Marjane Satrapi.
L'histoire commence en Iran, au moment de la chute du régime du shah. Marji est encore une petite fille mais est néanmoins très sensible aux bouleversements politiques qui affectent son pays: le milieu dans lequel elle grandit (ses parents sont des intellectuels progressistes) et les récits de guerre dont elle se délecte forgent son caractère et son amour inconditionnel de la liberté. Adolescente, ses parents l'envoient en Autriche, espérant ainsi la protéger du régime au pouvoir, totalitaire et particulièrement intransigeant envers les femmes. Elle reviendra en Iran, après quatre années difficiles à Vienne et repartira, définitivement cette fois, pour la France où elle réside toujours. Les quatre volumes de"Persépolis" sont passionnants, mais je dois dire que le séjour de Marjane en Europe, ses déboires et désillusions, qu'elle nous conte dans le volume 3, m'ont particulièrement touchée. L'émotion est palpable, tant dans le texte que dans le dessin, en noir et blanc: celui-ci malgré sa grande sobriété, n'en est pas moins saisissant. La représentation de scènes de violence ou de guerre, souvent très imagée, est aussi réussie que celle des sentiments des personnages: colère, douleur, tristesse et joie sont remarquablement bien rendus, avec très peu de moyens. Un sourire, un regard, et le tour est joué!

Un grand coup de chapeau, Madame Satrapi.

Jemangeleslivres - - 50 ans - 16 novembre 2005


De la toute grande BD 10 étoiles

Il y a 4 volumes de Persepolis. La petite fille de 8 ans devient une jeune fille puis une jeune femme. C’est émouvant, drôle, triste, vrai, nuancé. C’est en plus superbe. Comme le dit Darius, chaque dessin vaut une affiche. Et tout ça avec une infinie simplicité, un vrai sens de l’Histoire et la part belle à des personnages extrêmement attachants.
C’est…parfait. Un vrai coup de cœur.
Une des prises de conscience du personnage principal :
« (…) on ne peut s’apitoyer sur soi que quand nos malheurs sont encore soutenables…une fois cette limite franchie, le seul moyen de supporter l’insupportable, c’est d’en rire ».
Ce n’est pas très original ?
Sans doute, mais dans le contexte, ça vaut son pesant de larmes et de rires.

Bolcho - Bruxelles - 75 ans - 9 juillet 2005


à travers les yeux d'une enfant 10 étoiles

Or donc, mes amis, essayons d'être conceptuels !
La valeur d'une bande dessinée se mesure à l'aide de trois plans parfaitement perpendiculaires l'un par rapport à l'autre : le dessin, le scénario, le contexte.
Sauf que tout ça, c'est des conneries. Tout ça, c'est bon quand on peut encore réfléchir rationnellement après avoir lu une bd, tout ça, c'est bon quand on peut encore faire marcher son intellect, bref, quand on est passé à côté de l'essentiel, à côté de ce qui fait qu'on s'arrache un livre, une bd : le CHARME.
Le charme qui se dégage de "Persépolis" tient du sortilège. Moi qui suis de nature méfiant par rapport aux succès de librairie annoncés, il faut reconnaître ici que le battage autour de Persépolis est amplement mérité.
MSatrapi nous donne un cours d'histoire bien plus efficace que tous les cours d'histoire du monde : les atrocités des régimes iraniens successifs à travers la naïveté malmenée d'une enfant. C'est beau, c'est sobre, c'est touchant. Une bd faussement naïve qui s'impose d'emblée comme un classique désormais incontournable.

B1p - - 50 ans - 25 mars 2004