Histoire de la vie privée, tome 1 : De L'Empire romain à l'an mil
de Collectif

critiqué par Bolcho, le 21 août 2002
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
A mort les batailles !
Je voudrais rompre une lance en faveur de la vie privée et de son histoire magnifiquement défendue par cette superbe série. Et maintenant que ma lance est rompue, j’aimerais assez qu’elle reste en l’état et qu'on se désintéresse collectivement de cette histoire poussiéreuse que l’école déjà nous assénait comme autant de gesticulations polémologiques.
Jules (pardon à l'autre Jules.) a battu Vercingétorix ? La belle affaire. Marches et contre-marches n'ont pas fait avancer le monde d'un poil pendant ce temps. Alors que dans le même temps ou presque les astucieux qui ont conçu la moissonneuse antique ou le tonneau de bois, ceux-là, ils ont donné du grain à moudre au monde et ils ont abreuvé l'esprit humain autant que son gosier.
Je viens de relire la partie du premier tome consacrée à la Rome antique. Les auteurs y abordent une telle quantité de « petits » détails surprenants que le Romain de l’époque nous devient familier. Exemples. Quels sont les moyens contraceptifs de l'époque ? Ou bien : un enfant « bien élevé », c’est un enfant que le père a saisi à la naissance pour le soulever de terre et ainsi le reconnaître (l’autre solution est de déposer le nouveau-né sur un tas d'ordures et de l'oublier). La Rome de l’Antiquité a ses jeunes hooligans (d’accord, ils se nomment autrement) qui ravagent la ville au nom d'une équipe de gladiateurs. On s'épouse plus par raison que par amour et on ne copule que la nuit, ce qui ne dispense pas la femme de garder un dernier vêtement dissimulant sa poitrine. Qui sont réellement les esclaves (certains –mais rares- sont riches et ont des pouvoirs de ministres), les affranchis, les « clients » ? En quoi le fameux droit romain était-il surtout de la poudre aux yeux n'empêchant surtout pas le plus fort d’écraser le plus faible ? Et le paganisme, espèce de philosophie libertophile. Et la philosophie, sorte de religion imprégnant l’ensemble du corps social.
Tout ça est d'une lecture aisée et bourré d'illustrations. Et l'ensemble des volumes couvre toutes les époques.
Le problème avec ce type de livre, c'est qu’on a tendance à l’utiliser comme une encyclopédie. On feuillette parce que c'est beau, on lit à gauche et à droite des parties qui font plus rêver et puis on met de côté pour plus tard ou pour le jour où on aura besoin de trouver telle ou telle information. Et la poussière fait alors son œuvre. Dommage car le texte est un régal d’intelligence et de pédagogie. Et puis, entre nous, on trouve la chose dans toutes les bibliothèques publiques, non ?