Tout ce qui n'est pas écrit disparaît, art de la fiction
de James Salter

critiqué par Jules, le 21 août 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Vraiment intéressant
Il s’agit ici d'un petit livre hors commerce. Il est offert par l'éditeur et le libraire et reprend une interview donnée par James Salter à « Paris Review » en 1993.
Salter y donne ses sentiments sur l’évolution du monde, ses propres oeuvres, celles d'autres auteurs qu'il apprécie particulièrement, sur l'écriture en général et bien d'autres sujets.
Il confie : « J'aime écrire. Ecrire m'émeut. On ne peut pas analyser ça plus avant. » En parlant de Miller il dit : « Il me semble que lorsque vous lisez, ce que vous écoutez c'est la voix de l’auteur. C’est plus important que tout le reste. »
Salter admet une certaine féminité dans son style et il avoue être conscient de faire ce qu'il faut pour cela. A ses yeux, la vraie civilisation ne peut qu'inclure la vraie masculinité aux arts et à la beauté qui lui semblent relever davantage de la féminité. Il nous parle de Cocteau, de Léautaud, de Montherlant. A ses yeux Hemingway est bien un des plus grands auteurs de nouvelles, mais son caractère lui déplaît. Il ajoute qu’il en va aussi ainsi de Céline qui est un personnage des plus contestés mais qu’il n'en demeure pas moins qu' « Il est un écrivain époustouflant. »
Le monde et la civilisation ? Voici sa réponse : « Je me réfère aux anciens, aux classiques, à une civilisation qui s'accorde sur le fait qu’il existe certaines vertus et que ces vertus ne peuvent être ternies. »
L'interview touche encore à beaucoup d’autres points mais se termine par la question de savoir ce qui le pousse à écrire. Sa réponse est la suivante : « Parce que tout ça va disparaître. La seule chose qui restera ce sera la prose et les poèmes, les livres, ce qui est écrit, couché sur le papier. L'homme a la chance d'avoir inventé le livre. Sans ça le passé disparaîtrait complètement, et nous serions laissés sans rien, nous serions nus sur terre. »
Cet interview de l'auteur d' « Un sport et un passe-temps » vaut vraiment la peine d’être lu.