Avale
de Sefi Atta

critiqué par Elya, le 11 décembre 2011
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Un aspect du Nigéria dans les années 80
La couverture de l’édition Actes Sud de ce roman a su attirer mon attention ; on y voit une femme noire la tête baissée, la colonne vertébrale recouverte d’étranges petites boules piquantes rouges, mi-plante, mi-bêtes. On pourrait imaginer que cela représente beaucoup de choses ; la femme serait Tolani, cette jeune femme issue d’une famille modeste et qui vient tenter sa chance en ville à Lagos, ou bien Rose, sa colocataire, au caractère bien trempé.
La position reproduirait alors la condition de ces deux femmes, soumises à la société Nigériane, pleine de corruption et de contradiction, et au gouvernement autoritaire qui impose des règles disciplinaires de plus en plus strictes.
Ces petites boules pourraient être les obstacles qui parsèment leur insipide vie : une pour la misère, l’autre pour la faim, une autre pour les harcèlements moraux et sexuels, et toutes finalement pour l’injustice qui semble commander leur destinée.
Quand au titre, ‘Avale’, on comprendra sa signification qu’après avoir parcouru les 2/3 du livre ; à mon sens c’est à partir d’ici que le roman vaut la peine d’être lu et dénonce vraiment les abus qui dictent les relations sociales dans certaines parties de l’Afrique.

Tolani et Rose sont deux secrétaires qui chacune à leur façon sauront se révolter. Leur parcours et leur rencontre sont malheureusement desservis par une forme narrative on ne peut plus simpliste. Certes quelques retours en arrière présentés en italique donnent un rythme différent au récit et nous permettent de mieux connaitre la famille dont est issue Tolani. Mais cela ne suffit pas pour agrémenter un style assez plat.

Il s’agira alors de se concentrer sur le fond de ce roman, un très beau vent de rébellion contre les rapports de force, la subordination mais aussi envers les expatriés. Cette lecture suggère en effet les Nigériens de toutes les classes sans exception sont en partie responsable, à leur façon, de la situation socio-économique du pays bancale et injuste ; fuir l'Afrique n'est pas une solution mais une renonciation. Cette idée est sans doute à relativiser puisque Sefi Atta, l'écrivain, vit depuis de longues années aux Etats-Unis...