Aime-moi
de Véronique Marcotte

critiqué par Libris québécis, le 6 décembre 2011
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une mythomane
La trame brosse le portrait d’une enfant issue d’un milieu familial lourdement perturbé par une secte, dont les sévices à l’égard des enfants sont inqualifiables. Ils sont soumis à des dérèglements sexuels, voire même entraînés vers une mort horrible. Maëlle échappe miraculeusement aux mains de ses tortionnaires pour finalement être confiée à une femme empathique.

L’enfer se referme sur l’une pour mieux s’ouvrir sur l’autre. Accueillir une autiste légère de surcroît ne rend pas la tâche facile à Judith, bien résolue à combler les carences affectives de sa protégée. Une protégée incapable de partager l’attention que sa bienfaitrice lui porte. Crises de dissociation, tentative de suicide, tout y passe pour l’attacher exclusivement à son service. Cet attachement sans répit épuise Judith même si sa mère et son oncle la supportent dans son désir de cheminer avec Maëlle vers une paix intérieure. Tâche qui devient impossible quand on veut se faire le sauveur d’une mythomane. Le mensonge l’entraîne sur de fausses pistes. Des pistes qui ne peuvent que les perdre toutes les deux sur le chemin du salut.

Dans ce roman polyphonique, l’auteure joint sa voix à celles de ses deux personnages aveuglés par les stratégies qu’ils mettent en œuvre pour fuir le malaise qui les habite. En fait, Véronique Marcotte, qui s’intéresse aux troubles mentaux dans ses œuvres, raconte avec simplicité l’histoire qu’on lui a rapportée, écrit-elle dans l'introduction, pour signaler la complexité de l’âme humaine.

Les cas qui s’offrent à la psychologie n’ont pas fini d’étonner. L’humanité vit dans une tour de Babel. L’auteure a tenté de le prouver à travers la magie de la fiction afin d’éviter le piège doctoral. Mission réussie, mais c’est dommage que le dénouement ne laisse pas présager d’un amont moins ou, encore, plus tumultueux.