critiqué par AmauryWatremez, le 23 novembre 2011
(Evreux - 54 ans)

La note: étoiles

"Baby Doll" dans son lit de poupée

Baby Doll est une femme enfant qui n'a jamais réussi à grandir et qui ne le veut pas. Tous les hommes la regardent et la désirent. Elle se balade toute la journée en tenue légère et ne travaille pas comme les femmes du petit bourg rural où elle habite. Elle est mariée à un pauvre type trop vieux qui voudrait bien que son épouse soit quelqu'un de respectable, mais qui désire aussi, au fond de son coeur, la voir le tromper avec un inconnu. Elle, elle ne sait pas trop ce qu'elle veut.
Il y a la morale commune des rednecks, ploucs américains, qui entourent Baby Doll et son mari, et celle de l'auteur. La sensualité bridée, retenue conduit à la frustration, et de là, à la tragédie. Les petites gens sont des gens qui n'ont qu'une petite morale.
L'auteur eut à la subir, d'ailleurs, homo, alcoolique, angoissé à la recherche d'un bonheur impossible. La tragédie s'installe dans le quotidien, aussi. Chez Tennesse Williams, elle ne manque pas d'humour ni du sens de la dérision.

A lire

On ne présente plus Tenessee Williams, auteur majeur de la littérature américaine.
Il fait partie des auteurs qu'on lit et relit, sans se lasser. Si vous n'avez pas encore lu Baby-Doll, n'héistez pas ; il ne faut pas contenter du film d'Elia Kazan, magnifique lui aussi, bien sûr. Le texte restitue encore davantage de nuance, de profondeur, à tous ces personnages qui ne sont pas si simples qu'on le penserait. Sous des dehors d'une caricature, l'histoire met à nu les ressorts cachés de la personne humaine. Nul n'en sort indemne, même si la critique impitoyable des Etats-Uniens réactionnaires de l'époque est parfaitement réussie.
Bref, une lecture à recommander sans hésiter, ne serait-ce que pour la plongée dans cet univers étrange et familier à la fois, celui des relations brisées, torturantes parfois entre les êtres, qu'ils s'aiment ou se détestent.

Neoliber - - 82 ans - 19 décembre 2011