Kim de Rudyard Kipling
( Kim)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Echemane, le 7 août 2002 (Marseille, Inscrit le 12 juillet 2002, 45 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 022ème position).
Visites : 6 997  (depuis Novembre 2007)

Le dernier roman picaresque?

Difficile de s'attaquer à la critique d'un Nobel, surtout quand il s'appelle Kipling. Surtout aussi quand le livre en question est Kim, et qu'il représente un peu son grand oeuvre.
Bizarrement je n'ai vu aucun roman de Kipling dans ces critiques, j'essaie donc de réparer un oubli injuste. Car Kipling, loin d'être un auteur élitiste, a écrit pour tous. Peu d'auteurs ont en effet une aura aussi large auprès du grand public. Kipling a conquis cette aura par ses livres pour enfants, ses poèmes (tu seras un homme, mon fils) et si l'on faisait une enquête, son Livre de la jungle serait l'un des ouvrages les plus populaires au monde. C'est pourtant Kim qui représente, parmi ses ouvrages "sérieux", ce que Kipling a écrit de meilleur.
L'histoire est celle d'un jeune garçon d'origine anglaise, orphelin ayant appris à vivre selon les coutumes de l'Inde. Lorsque son chemin croise celui d'un lama tibétain, il suit celui-ci dans sa quête d'un ruisseau qui serait doté de vertus mystiques et devient son "chela" (guide). Ce point de départ est un prétexte à un voyage initiatique (terme galvaudé s'il en est), où Kim croisera également l'armée anglaise. Engagé comme espion, puis formé, il retrouvera toujours le Lama qui l'a engagé sur sa route: voyons-y un éloge de l'amitié indéfectible, presque éternelle. Quoiqu'il en soit, ces pérégrinations sont dans l'ensemble assez agréables à suivre, mais appartiennent aussi à un genre tombé aujourd'hui en désuétude. Le roman picaresque avait déjà connu son heure de gloire bien avant Kim (Lazarillo de Tormes est loin) et le livre de Kipling ne parvient probablement pas à dépasser les frontières du genre, si ce n'est peut-être dans la vision qu'il donne de l'Inde sous domination anglaise. On parcourt en effet la plupart des régions et les rapports entre indiens et colons sont plutôt bien décrits. Ce fut pourtant l'un des reproches adressés à Kipling lors de la parution du livre, à savoir que le récit reste encore trop empreint d'une vision de domination des uns sur les autres. Gardons-nous toutefois de juger cet aspect délicat quand on sait que l'enfance de Kipling s'est passée en Inde et que le pays l'a profondément marqué, sorte de paradis perdu pour lui. Alors ne boudons pas le plaisir de recommander Kim qui au demeurant se lit fort bien. Et surtout gardons en tête le conseil du Patient Anglais (de Michael Ondaatje): "Kipling se lit lentement. Guettez attentivement les virgules et vous découvrirez les pauses naturelles. C'est un écrivain qui utilisait une plume et de l'encre. (...) Votre oeil est trop rapide, trop nord-américain. Pensez à la vitesse de sa plume. Sinon, ce bon vieux premier paragraphe vous paraîtra horriblement ampoulé"

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Roman majeur de Kipling

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 28 juillet 2018

Oui, « Kim » est clairement considéré comme le roman majeur de Kipling, du Nobel de Littérature Kipling.
Je ne sais pas si c’est le roman majeur de Kipling, j’ai surtout lu des nouvelles et des contes mais « Le Livre de la jungle » ainsi que « Le second livre de la jungle » sont des écrits de Kipling qui m’ont bien impressionné également.
Kim est un jeune garçon, d’extraction irlandaise mais livré à lui-même – et aux bons soins d’une « femme de demi-caste », vivant de manière très libertaire à Lahore, dans l’actuel Pakistan. Il s’auto-éduque, se montre des plus débrouillards et jouit de sa liberté. Un concours de circonstances va lui faire mettre la main dans des affaires du « Grand jeu » (comprendre : l’espionnage), la main puis le bras puis …
Récupéré par des agents au service de l’Angleterre, le colonisateur, il va se voir offrir une chance d’être éduqué dans le plus réputé des établissements d’enseignement de la colonie anglaise, tout en continuant son apprentissage « sur le tas » par des individus hauts en couleur.
Et à qui doit-il cette chance d’être éduqué dans le meilleur des endroits ? On n’est pas à un paradoxe près, c’est à un vieux lama tibétain qu’il a commencé à aider et qui se sont voués affection mutuelle. Un lama uniquement préoccupé de sa recherche de la « Rivière de la Flèche », une rivière qui permettrait à celui qui la trouve d’échapper au cycle infernal des réincarnations, préoccupation majeure des bouddhistes.
A vrai dire, Kim il s’en fout de la « Rivière de la Flèche ». Mais pas du lama, pour lequel il joue le rôle de « chela » (disciple qui mendie pour le lama). Il s’en fout aussi du Bouddha, comme d’Allah et des autres Dieux de la confrérie. Kim est pragmatique, Kim joue en même temps le « Grand jeu ».
C’est cette histoire que nous raconte Rudyard Kipling, nous faisant traverser maints territoires de l’Inde actuelle et du Pakistan jusqu’aux contrées himalayennes. Rudyard Kipling laisse transparaître dans toutes ces tribulations l’amour profond qu’il porte à ce sous-continent et on jurerait bien qu’il se voyait bien dans la peau de Kim.
Il y a du John Le Carré dans ce Kipling là, un John Le Carré du siècle précédent avant tout amoureux d’une contrée.
Curieusement « Kim » ne se lit pas rapidement, ne se livre pas si vite. Mais il laisse une profonde impression rétrospective, un signe qui ne trompe pas.

peut-être le meilleur de Kipling

10 étoiles

Critique de Som Lang (Ecrouves, Inscrit le 28 octobre 2011, 50 ans) - 28 octobre 2011

On a pu reprocher à Kipling son impérialisme latent, mais force est de constater que le prix Nobel, à travers "kim" ou "ses histoires en noir et blanc" et "Le livre de la jungle", connaît parfaitement "son" Indes. Cette connaissance si approfondie des moeurs, des coutumes, des groupes religieux, de la personne même de l'indien, n'est possible que si l'auteur a vraiment aimé ce pays.
Et pourtant, "Kim" a été écrit lorsque Kipling fut de retour en Angleterre, encore adolescent. C'est avec la force de son souvenir et de cette amour qu'il rédigera Kim. Et cette nostalgie de l'enfant finissant, et de l'homme en devenir, pas tout-à-fait indien, mais pas tout-à-fait anglais ( Kim est de descendance irlandaise, mais élevé par une une indienne), au milieu des tumultes du sous-continent indien, se révèle à chaque page. Et cette interrogation, qui gagne en force à travers le livre: il y a le monde et il y a Kim, qui est Kim ? Obsédante, monstrueuse presque. Interrogation, que tous, nous nous sommes posée au seuil de l'âge adulte. Pour ce passage, 2 hommes improbables vont aider le jeune Kim: un colonel de l'armée britannique, agent secret, et un Lama tibétain tout absorbé par la quête d'une source sacrée.
roman picaresque, roman d'espionnage: oui, mais ce ne sont que des prétextes. Kim est avant tout l'histoire d'un enfant qui cherche à rassembler ces 2 parts de lui-même ( indienne et anglaise)."Kim", c'est la une quête de soi, d'un enfant sans parent.
Kim, est-ce Kipling lui-même ? Probablement.
En tout cas, ce roman résonne comme une lettre d'adieu à un ami, dont on sait qu'on ne le reverra plus. Lettre touchante et émouvante. Dans laquelle on dit tellement de choses enfouies .

Sans doute le meilleur roman de Kipling.

L'Aventure

8 étoiles

Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 45 ans) - 4 janvier 2006

Kim est un roman d'aventure à travers l'inde dans laquelle l'auteur a grandi. C'est avec ironie que Kim navigue entre traditions et religions hindoues, tibétaines, arabes et de l’Angleterre coloniale. Kipling nous présente son héros, un enfant comme l'était Mowgli, qui va faire son apprentissage auprès des adultes les plus divers. Du voyage, beaucoup d'humour et de dérision et un discours humaniste de tolérance qui vaudra à Kipling les foudres de l'église chrétienne en son temps.

Etonnant en effet...

8 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 61 ans) - 7 août 2002

Kipling était absent du site ! Voilà donc une horreur réparée. Kim est un bon roman, mais je préfère personnellement "La Lumière qui s'éteint" et l'extraordinaire "L'Homme qui voulu être Roi".

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