En lisant, en écrivant de Julien Gracq

En lisant, en écrivant de Julien Gracq

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 14 novembre 2011 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 854ème position).
Visites : 5 540 

Un ouvrage de référence

Avant de commencer la lecture de ce livre, il vous faudra couper au « coupe-papier » ces pages, comme dans les éditions d'autrefois. Certains s'en extasieront, d'autres trouveront cela snob, désuet et à la limite insignifiant, mais l'éditeur l'a voulu ainsi. Ce livre est composé de notes sur la littérature et… à la gloire de la littérature. L’auteur écrit en parlant de ses lectures. Son jugement est donc celui d’un lecteur, et surtout d'un critique littéraire chevronné. N'étant pas le premier venu, il peut juger (parfois un peu à l'emporte pièce, mais qui n'a pas ses préférences...) des textes de Hugo, Flaubert, Stendhal, Zola, Balzac, Proust, Claudel, Baudelaire, Rimbaud, Malherbe, Mallarmé, Nerval et de tant d’autres encore, " En lisant en écrivant " est surtout le plus célèbre des recueils critiques de Julien Gracq, l'auteur du « Rivage des Syrtes ». Contrairement à l'habitude, il n'essaie pas d'établir un système cohérent d'analyse critique. Il nous livre plutôt ses impressions de lecture, ses réflexions personnelles, sans outil théorique précis. En suivant une thématique très personnelle, il nous parle de ses lectures et donc, des textes des autres écrivains, mais aussi de la littérature, de la presse, de la peinture et du cinéma. Il aborde également la poésie, le surréalisme.
Citations :
Stendhal est « un refuge fait pour les dimanches de la vie ».
« L'allegro de Mozart l'excède autant que celui de Stendhal le ravit. »
En littérature « toute description est chemin ».
« La totale impossibilité de l'instantané - due à l'étalement dans le temps de l'opération de lecture, laquelle à chaque instant élimine autant qu'elle ajoute - fonde l'antinomie propre à la littérature descriptive. »
« Décrire, c'est substituer à l'appréhension instantanée de la rétine une séquence associative d'images déroulée dans le temps. »
Les écrivains sont « des hérétiques enfermés chacun dans leur hérésie singulière, et qui ne veulent pas de la communion des saints car leur jardin d'Eden reste à jamais celui des sentiers qui bifurquent. »
Un ouvrage de référence.

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Les éditions

  • En lisant, en écrivant [Texte imprimé] Julien Gracq
    de Gracq, Julien
    J. Corti
    ISBN : 9782714303035 ; 20,00 € ; 01/01/1980 ; 302 p. ; Relié
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Miscellanées

7 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 11 novembre 2017

Mon rapport à Julien Gracq est des plus complexe. Je n'ai lu de lui que ses oeuvres de fictions (si on excepte la forme d'une ville) et parmi ces dernières, j'en admire (Un balcon en forêt, Un beau ténébreux ténébreux et bien sûr le sublime Rivage des Syrtes) et j'en déteste (essentiellement l'objet littéraire non identifié qu'est Au château d'Argol).
Dans cet essai qui a l'apparence assez étrange d'un carnet de notes qu'on aurait retravaillé au point d'en faire un livre, Julien Gracq fait se côtoyer les articles aussi inspirés qu'ennuyeux. Le livre se présente en effet sous la forme d'une succession de paragraphes plus ou moins longs (de quelques lignes à quelques pages) vaguement organisés de façon cohérente.
L'auteur émet des jugements sur ses lectures favorites (au nombre desquelles surnagent les oeuvres de Stendhal, Balzac et Flaubert, les trois prosateurs importants de la littérature française du siècle littéraire français qu'est le XIXe siècle), des réflexions sur les rapports entre littérature et peinture, entre littérature et musique. Le lecteur est même gratifié de l'opinion de Gracq sur le parvis de la Tour Montparnasse.
Un joyeux fourre-tout en apparence, mais qui suit à la réflexion un fil rouge, celui du plaisir du lecteur à retrouver dans ses ouvrages préférés, la matière à la réflexion et à l'évasion que procure la littérature. Il est vraiment difficile de tirer une analyse structurée des 300 pages qui constituent le livre, tant il est riche et explore différents thèmes parmi les grands noms de la littérature française et mondiale. Le lecteur peut tout à loisir picorer parmi les nombreux paragraphes du livre sans être obligé de commencer sa lecture au début ni l'achever à la fin de l'ouvrage: chacun de ces paragraphes est indépendant et constitue en quelque sorte un petit exposé sur un sujet donné.
Julien Gracq met au profit de ses petits exposés son style parfait mais qui peut se révéler très exigeant pour un lecteur moyen. Il m'a fallu à de nombreuses reprises relire plusieurs fois chaque phrase pour en discerner le sens. Une lecture compliquée donc pour comprendre ce qui motive l'un des meilleurs prosateurs du XX e siècle en France: ce n'est pas toujours captivant, mais c'est toujours intéressant car les grands écrivains sont toujours de grands lecteurs; en voici une preuve.

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