Colomba de Prosper Mérimée

Colomba de Prosper Mérimée

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lolita, le 1 août 2002 (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 258ème position).
Visites : 10 691  (depuis Novembre 2007)

Une histoire de Corse

Ors'Anton Della Rebbia rentre de la guerre chez lui, en Corse sur un navire sur lequel il fait la connaissance de la jeune et jolie anglaise miss Lydia Nevil. Pendant la traversée il ne cesse de la courtiser et de lui conter son pays. Arrivé en Corse, Ors'Anton retrouve sa soeur Colomba. Désireuse de venger la mort de leur père (qu'a tué leur rival les Barricini) elle ne cesse de confronter Ors'Anton à ses ennemis. L'honneur de la famille Corse est en jeu...
Un petit régal dans lequel se mêlent amour, action, suspens... L'honneur corse est ici la clé du roman... Il se lit facilement mais quelques difficultés cependant pour comprendre réellement l'intrigue au début du roman...
Un court extrait :
"Colomba s'arrêta devant ce tas de feuillage, et, arrachant une branche d'arbousier, l'ajouta à la pyramide.
"Orso, dit-elle, c'est ici que notre père est mort. Prions pour son âme, mon frère!" Et elle se mit à genoux. Orso l'imita aussitôt. En ce moment la cloche du village tinta lentement, car un homme était mort dans la nuit. Orso fondit en larmes. Au bout de quelques minutes, Colomba se leva, l'oeil sec, mais la figure animée. Elle fit du pouce à la hâte le signe de croix familier à ses compatriotes et qui accompagne d'ordinaire leurs serments solennels ; puis, entraînant son frère, elle reprit le chemin du village. Ils rentrèrent en silence dans leur maison. Orso monta dans sa chambre. Un instant après, Colomba l'y suivit, portant une petite cassette qu'elle posa sur la table. Elle l'ouvrit et en tira une chemise couverte de larges taches de sang. "Voici la chemise de votre père, Orso."

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Un parfum du sud

6 étoiles

Critique de Froidmont (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 32 ans) - 29 avril 2023

Colomba et autres nouvelles (préface de Jean Mistler)
ISBN : 9782253004035

Mateo Falcone
L’honneur vaut plus que tout, plus que le baiser doux d’une femme adorée, plus que les doigts ombrés du glorieux Cagna, plus que le jeune émoi au cœur de l’amant fou, plus que le vert et roux de nos maquis sauvages, éternels et sans âge ; autant que les hauts cieux où dorment nos aïeux. Il vaut ce qu’on entend, il vaut plus qu’un enfant.

Vision de Charles XI
J’ai vu devant témoin dans cette obscure nuit l’avenir et la fin de notre dynastie. J’ai vu le sang versé, j’ai vu la vie qui cède, j’ai vue notre lignée s’éteindre à la Suède. Avant que notre nom ne périsse et s’éteigne avec notre renom, il nous reste cinq règnes.

L’enlèvement de la redoute
Une prise n’est pas un haut-fait si glorieux. C’est avant tout du bruit, c’est avant tout des morts, c’est avant tout ces cris, prières à Dieu, malédictions aussi, pleurs, plaintes et remords.

Tamango
La liberté n’est pas un droit de la naissance. C’est un état-hasard qu’on a en inconscience. Le sort est versatile ; il nous fait un jour maître, riche vendeur d’esclaves … Alors arrive un traître qui vous plonge en l’état de votre marchandise. Européen menteur qu’un sourire déguise, mes frères et moi-même aurons la peau des tiens et vous arracherons notre plus précieux bien !

La perle de Tolède
- Combien vaut peu ton sang et ta mine fort laide face aux beaux cheveux de la perle de Tolède !
- Tout mon sang s’incendie songeant à tes mains raides salissant du toucher la perle de Tolède !
- Ma main de lance armée n’aura pas besoin d’aide pour préserver de toi la perle de Tolède !
- Mon bras plus vigoureux en faveur de moi plaide et saura me gagner la perle de Tolède !
- Je couperai ce bras pour que jamais n’y cède le charme et la beauté, la perle de Tolède !
- J’embraserai ton fief, tes champs et tes pinèdes ; garde tes fruits loin de la perle de Tolède !
- Je brûlerai tes ports, tout ce que tu possèdes ; garde ton or loin de la perle de Tolède !
- Combattons pour l’amour, jusqu’à ce qu’un décède : le survivant aura la perle de Tolède !

La partie de Tric-trac
Je ne voulais rien de ce qui s’est passé.
La fièvre du jeu m’a pris et possédé. La partie de trop a jeté sur la paille elle comme moi : ma maîtresse défaille. Un air de pardon qui vibre dans sa voix me cisaille plus qu’une perte de foi. Alors oui, j’avoue, pour faire sa fortune, pour jeter de l’or au sommet de ses dunes, j’ai osé tricher, plumer cet hollandais.
Je ne voulais rien de ce qui s’est passé.

Le vase étrusque
Ci-gît au cœur de cette terre un amant jaloux d’un fantôme qui broya d’une étreinte fière le cœur de l’amante en sa paume.

La double méprise
- Feu madame de Chaverny s’était éprise de Darcy.
- Ce libertin ? Elle a eu tort ! Voyez monsieur de Châteaufort qui, lui éprouve un vrai chagrin ; voyez Darcy, son œil coquin ferre déjà une autre prise qui feint de jouer la surprise. Monsieur de Châteaufort, amant, l’eût préservée de ces tourments.
- Choisir l’un des deux eût suffi… Quelle idée de jeter ainsi par scrupule et fidélité autant le bon grain que l’ivraie ! On se méprend trop sur les cœurs : le sien, les autres, ces erreurs nous mènent plus vite à la porte.
- Mesdames, respect pour la morte !

Colomba
Orlanduccio Barricini,
Dieu te reçoive en son pays.
Deux étourneaux volent à Lui
Vers des près d’amour infinis,
Deux étourneaux encore neufs,
Tout fraîchement sortis de l’œuf,
Et qui sacrifièrent leurs jours
Non pour une histoire d’amour -
Comme il est d’usage au printemps
Que l’on cherche à se faire amant,
Qu’on laisse s’élancer le cœur -
Mais pour une histoire d’honneur,
Pour venger l’honneur d’un vieux père
Accusé de main meurtrière.
Qui vengera les étourneaux ?
Un père qui courbe le dos ?
Qui châtiera cet épervier
Que Justice a innocenté
Mais qui a fauché deux enfants
Pour l’honneur de son vieux parent ?


Je goûte fort peu Mérimée depuis mes plus jeunes années. Si j’apprécie son ironie et ce qu’il glisse d’énergie dans certaines scènes marquantes, comme Colomba provocante sur son pas battant comme plâtre une foule en train de se battre par la seule force des mots et ses regards méridionaux, je trouve dans tous ses récits un je-ne-sais-quoi qui m’ennuie, une écriture du grand air, quelque chose de trop solaire – je n’aime pas ce vieux soleil, ces pays qu’on dit « sans pareils » qui s’enorgueillissent de lui, où la sueur par litres s’essuie.

J’ai pourtant goûté Mateo, si dur et si froid et si beau : il est tout en scènes marquantes, plein de vérités pénétrantes. Moins du terroir que Colomba, s’il touche les mœurs de là-bas, il vise aussi un peu plus loin l’égoïsme de tout humain.

J’ai aimé à en tomber raide la belle « Perle de Tolède » pour ce qu’elle a de poétique, pour ce qu’elle a de souffle épique.

« La double méprise » m’a plu sans être incroyable non plus. Un scénario à la Balzac (noblesse, amour et des micmacs) avec tout un recul moqueur digne des comédies de mœurs sans être pour autant léger : un Molière qui ne rirait.

La Corse

7 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 9 décembre 2012

Lorsqu'on demande à un Corse le nom d'un écrivain de l'île, ou, à défaut, le titre d'un roman s'y déroulant, il lui vient à la bouche dorénavant le nom de Jérôme Ferrari, depuis qu'il a reçu le Goncourt il y a quelques mois. Mais s'il en cherche un autre, alors pour sur il s'esclaffera "Ah, évidemment, il y a aussi Colomba de Prosper Mérimée, un classique, c'est sur la vendetta". La vendetta, définie par l'auteur comme "la vengeance que l'on fait tomber sur un parent plus ou moins éloigné de l'auteur de l'offense". Cet éclaircissement n'est pas le seul du récit ; Prosper Mérimée traduit quelques mots corses, précise certains lieux et certaines coutumes pour éclairer les non autochtones. Une attention agréable.

En 150 pages défilent une grande partie de ce qui fait la corse : les cochons surgissant d'on ne sait où et dont on n'arrive pas à déterminer au premier abord s'ils sont domestiques ou sauvages, l'immensité du maquis, le dégoût des villes comme Bastia - les "vrais" Corses habitent les villages et les montagnes, les chants polyphoniques ou non... On sentirait presque s'élever des pages l'odeur du figatellu.

Colomba ou l'âme de la Vendetta

6 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 29 octobre 2012

Le retour en Corse du lieutenant Orso ne se fait pas dans le plus grand calme. L'atmosphère qui règne dans l'île, les codes de la Vendetta et surtout la vindicative Colomba l'incitent à repenser au crime de leur père deux ans auparavant. Le besoin d'affronter la famille adverse à la sienne se fait ressentir alors qu'il était enfoui au plus profond de lui-même.

Cette nouvelle réaliste permet de découvrir certaines anciennes coutumes, la Corse et ses habitants. Le personnage de Colomba est emblématique et est une figure féminine au caractère bien trempé. Elle rappelle certaines héroïnes tragiques qui ont le courage de leurs opinions.

Une nouvelle intéressante même si je préfère amplement le Mérimée qui excelle dans le registre fantastique.

Honneur, famille et rancoeurs

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 15 juin 2012

La Corse et l'honneur familial sont décidément, avec Mateo Falcone, des thèmes chers à Prosper Mérimée. C'est une femme, cette fois-ci, qui tient le devant de la scène, pour venger la mort du père, en tentant de faire jouer son rôle à son frère.
La place des deux genres dans la société et la famille corses est intéressante. La femme est en retrait, mais doit influer, et celle-ci ne s'en prive pas. Elle se métamorphose en complément, voire en substitut, de choix à un frère un peu en retrait.
La place de la famille, de la vengeance et de la répartition des rôles ne manque pas d'intérêt.

Comme d'habitude chez l'auteur, le style est enjoué et vif, la narration menée tambour battant, la lectrice et le lecteur bien mis en haleine.

Un plat qui se mange froid !

8 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 20 juin 2010

Colomba ( Nom de l'héroïne du roman ) est une jeune femme corse hantée par le désir de venger son père.
La haine aveugle et la vendetta corse ( laver l'Honneur ) sont au centre de cette oeuvre magnifiquement bien écrite .
A lire de toute urgence !

Description d'un honneur

6 étoiles

Critique de Opalescente (, Inscrite le 8 novembre 2005, 41 ans) - 4 octobre 2008

Un jeune homme un peu candide livré aux griffes de sa sœur qui désire en faire l'instrument de sa vengeance. Voici un bref résumé de cet ouvrage.
On s'ennuie ferme dans ce petit livre. Si durant les premières pages on partage la douleur de Colomba, l'héroïne devient vite odieuse à force de haine et de rancœur. On n'a qu'une hâte, c'est que le frère accomplisse enfin cette vengeance qui semble inéluctable, pour passer, enfin ! à autre chose. Car s'éterniser sur des histoires d'honneur est très rapidement insupportable.
Pas un mauvais livre en soi, je trouve que Mérimée aurait gagné déjà à rendre son héroïne plus sympathique, et peut-être à rendre son cheminement narratif plus concis.

Vendetta

10 étoiles

Critique de Béa (livry-gargan, Inscrite le 14 août 2005, 29 ans) - 10 juillet 2007

La vendetta Corse est parfaitement illustrée dans ce livre. Je passerai le résumé déjà fait dans la critique de Lolita.
L'ambiance est parfaite, on partage les hésitations de Ors'Anton face à ses ennemis : l'honneur Corse ou la noblesse française ?, ses doutes, ses peurs et ses douleurs, son amour pour Miss Lydia.
Et surtout, une TRES belle fin !!!

"L'enquête corse" en 181.

8 étoiles

Critique de Mademoiselle (, Inscrite le 29 mars 2004, 36 ans) - 27 septembre 2004

Un film sur la Corse va bientôt sortir sur les écrans. Mais déjà, il y a 200 ans, la Corse inspirait à Mérimée ce roman tissé de vengeance et de haines ancestrales. Déjà, les Corses revendiquaient leur différence comme l'indique ce passage: "Ce n'est pas flatter prodigieusement les Corses, que leur rappeler qu'ils appartiennent à la grande nation. Ils veulent être un peuple à part, et cette prétention, ils la justifient assez bien pour qu'on la leur accorde."

L'histoire est bien menée et absolument réaliste (Mérimée a rassemblé différents éléments ayant vraiment existé) avec des personnages pittoresques et attachants.

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