Desproges, portrait
de Marie-Ange Guillaume

critiqué par AmauryWatremez, le 6 novembre 2011
(Evreux - 54 ans)


La note:  étoiles
Faut-il obligatoirement un nouveau Desproges ?
A chaque fois que l’on commémore un comique mort connu anciennement souvent grâce à la "télé"(Desproges, Devos, Le Luron, Jacques Martin, Jean Yanne...), on nous sort le même refrain : "Ahlala, il nous manque il nous faudrait un nouveau mettre ici le nom de n’importe quel comique mort pour se moquer du pouvoir" et je ne sais pas pour vous mais moi je commence à me lasser d’entendre cette stupidité lamentable et hypocrite. En clair, on délègue à un type qui est en train de manger les pissenlits par la racine la tâche de se moquer du pouvoir, des clichés et des idées reçues, en gros on se moque du monde. Qu’est-ce qui nous empêche de nous moquer du monde ? Personne. C’est un peu comme pour les saints laïcs ou non, on les met sur un piédestal et surtout on ne fait pas du tout comme eux, on continue sa routine égoïste. De plus des comiques morts comme Desproges ou vivants, comme Bedos, n’aimeraient qu’arrive un nouvel histrion qui se bornerait à imiter leur style ou leur manière. Il ne faut pas de nouveaux mettre ici le nom d’un comique mort, il faut des comiques qui trouvent leur propre style pour gratter là où ça fait mal et provoquer un peu ou beaucoup la bonne conscience, les consommateurs fous.

9665-12.jpgIl y a de quoi faire, puisque d’un bord politique ou de l’autre l’agressivité devient un comportement de plus en plus répandu, et son corollaire paradoxal qui est la banalité extrême des idées, on ne se contente plus de poser dans le style révolutionnaire romantique ou réactionnaire romanesque, on compense l’absence d’un raisonnement argumenté et construit par des insultes ou un discours très violent contre l’un ou l’autre groupe ethnique, religieux ou politique, ou sexuel. Comme dans la vie où l’agressivité est la parade naturelle des imbéciles pour faire oublier leur imbécilité ou leur incapacité à contempler autre chose que leur nombril. On est de plus en plus anti-intellectuel (on vante la simplicité, l’authenticité des "vrais" gens, tout ça) mais on est de plus en plus complexé par son absence de culture ou la culture des autres. Dans le grand consensus mou actuel, de toutes manières on n’aime pas ceux qui fichent en l’air les préjugés communs les plus cons. On accuse le contradicteur de mille maux (jaloux, complexé, tout ça), on a peur que ce qui le met en valeur porte préjudice, finalement on est dans une société où l’on veut qu’aucune tête ne dépasse, que tout le monde soit logé à la même enseigne. On parle souvent de Stéphane Guillon ou Christophe Alévêque mais on reste avec eux (bien que les horreurs de Guillon me fassent parfois rire) dans le domaine de la complicité, de la connivence chatouilleuse. Et l’embêtant de leur genre d’humour est que les imbéciles prennent souvent leurs vannes au premier degré (sur les femmes, les handicapés etc...).
Retour sur l'impression d'un humoriste 9 étoiles

Pierre Desproges a égrené les médias français des années 1970 et 1980 de son humour grinçant, aussi souvent abrupt que tout en finesse. Ce portrait, à la dimension subjective assumée de la part de l'auteure qui a connu l'intéressé, revient sur la carrière de cet artiste mordant et sensible, dont il s'avère peu aisé de saisir la nature précise. Cet hommage personnel permet de le comprendre un peu mieux, et, en cela, il s'avère bien utile, tout comme pour reconstituer l'ambiance de l'époque qu'il a contribuer à façonner.
Il n'est pas véritablement de chercher à le remplacer, comme le spécifie la critique précédente qui se place plutôt sur un débat sociologique.
Ce livre reste une présentation d'artiste, d'après un vécu, et il paraît intéressant à plus d'un titre, drôle également mais, de cela, on s'en doutait.

Veneziano - Paris - 46 ans - 27 juin 2020