Vivre libre ou mourir ! : 9 récits de résistance
de Auteur inconnu

critiqué par Shelton, le 6 novembre 2011
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Indispensable pour ne pas oublier et transmettre...
Je vous ai déjà parlé de l’exposition « Traits résistants » qui a eu lieu au Centre d’Histoire de la résistance et de la Déportation. A cette occasion Xavier Aumage, commissaire de l’exposition, a demandé à Jean-Christophe Derrien de « travailler sur neuf objets emblématiques conservés par le musée de la Résistance nationale » pour en faire neuf nouvelles bédés, celles que nous retrouvons dans cet album. Le travail qui jusqu’alors était réservé à l’exposition peut arriver chez vous. C’est le juste complément du catalogue de l’exposition que je vous avais présenté aussi.
(http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/26979)

Chaque nouvelle, chaque témoignage ou chaque mise en image d’un objet mémoriel, donne au lecteur une petite histoire en bédé précédée d’une page historique. C’est donc, avant toute chose, une lecture travail de mémoire, une façon de découvrir des épisodes inconnus car portés depuis trop longtemps par la seule mémoire humaine d’un ou plusieurs individus. Tout n’y est pas dramatique car Résistance ne signifie pas Tragédie mais Engagement. Certaines sont même, reconnaissons-le, amusantes…

Les dessinateurs étant très différents nous pourrons en fonction de nos goûts, de nos cultures, de nos habitudes, être plus ou moins touchés par les uns ou les autres. C’est bien normal mais, du coup, nous ne resterons pas indifférents à l’ensemble !

J’ai été, pour ma part, surpris de voir qu’avec le graphisme de Nicolas Delestret on pouvait se retrouver dans un ouvrage historique ! Oui, je l’attendais beaucoup plus dans la caricature, dans l’humour… et c’est d’ailleurs bien le cas, mais il y avait de la place pour cela dans cette anthologie humaine de la Résistance et c’est une bonne chose.

Très heureux, aussi, de retrouver Claude Plumail et son art. Pour moi, j’en étais resté à Das Reich, une bande dessinée chez Soleil dont la fin n’avait jamais été publiée. Pas assez de lecteurs avait dit l’éditeur ! Tant pis pour les lecteurs dont je faisais partie ! Scandale avais-je pensé à cette époque… Mais depuis, je me console avec la série Résistances où l’on retrouve Plumail au dessin avec Derrien au scénario…

La dernière des nouvelles, celle qui permet à Olivier Grenson de donner la pleine mesure de son talent en narration graphique, Le bruit des balles, m’a laissé pantois. J’aurais souhaité la voir développée en un peu plus d’espace… N’y aurait-il même pas eu la matière à un album entier ? C’est, en tous cas, l’illustration de toute la force d’une bande dessinée qui n’est pas là simplement pour mêler intimement du texte et du dessin, mais bien créer une bande son – ici terrible – pour permettre au lecteur une immersion totale dans l’histoire… dont on ne revient pas indemne.

Un très bon album que devraient posséder toutes les bibliothèques scolaires, toutes les salles de lectures universitaires et les antres familiales… oui, une belle bande dessinée salutaire pour tous et participant au travail de mémoire…