Amère patrie, tome 2 :
de Lax (Scénario), Frédéric Blier (Dessin)

critiqué par Shelton, le 1 novembre 2011
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Réellement de qualité et à lire !
Nous avions quitté nos personnages au début de cette guerre de 14/18. C’était la mobilisation et chacun pouvait croire ou espérer que tout cela ne durerait que quelques semaines. En fait, nous les retrouvons en 1917. Plus rien ne va plus, le moral est dans les chaussettes, et encore ils n’en n’ont plus…

On assiste à quelques assauts, ces séquences meurtrières déclenchées par des généraux qui ne savaient plus ce qu’il fallait faire pour terminer la guerre et qui jouaient avec ces sorties des tranchées pour laisser un nom dans l’histoire. Ce qu’ils laissèrent ? Une longue liste de noms de soldats morts qui ne rentreraient plus chez eux, qui ne retrouveraient plus leurs parents, leurs femmes, leurs enfants…

On retrouve ainsi Jean, Ousmane, le sergent Coudère, et Auxence… « Et puis, plutôt qu’Auxence, je préfère mon lieutenant… » Oui, le temps a passé et les amitiés d’autrefois se retrouvent blackboulées par les sentiments portés par la guerre : la peur, l’angoisse, la souffrance, la mort…

De son côté, Hubertine, la jeune et belle étudiante en médecine, met tout en œuvre pour retrouver son amour, le jeune et vigoureux Jean. Ce n’est pas si simple de se déplacer sur le front quand on est une femme. Mais, d’une part elle est ingénieuse, d’autre part elle a des compétences indispensables pour un front où tous les jours le nombre de blessés dépasse les capacités médicales…

Je ne vous donnerai pas tous les éléments des retrouvailles. Mais vous vous doutez bien que les jalousies étaient très fortes et en ces temps cruels et le bonheur attirait le malheur. Les éléments du drame sont réunis au moment où l’armée française commence à reconnaître trop de désertions et mutineries. Les officiers et les jugent font des exemples, les procès sont bâclés, encore une souffrance de plus pour un peuple à l’agonie…

Ce qui est admirable dans la seconde partie de cette histoire ne réside pas tant dans le drame, assez prévisible pour qui connaît l’époque, que par l’énergie de certains personnages pour obtenir la vérité, la justice, la paix et la sérénité après quatre années de guerre.

La lumière que lancent les auteurs sur le rôle des femmes et les injustices subies par les enfants est remarquable et mériterait à elle seule la lecture de ces deux albums qui me paraissent être les meilleurs sur la première guerre mondiale en bande dessinée.

Un grand scénariste, un dessinateur précis et efficace, un drame inhumain comme la Grande Guerre et un diptyque à posséder, à lire et faire lire toute affaire cessante !!!