De la simplicité
de John Maeda

critiqué par Elya, le 29 octobre 2011
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Quand simplicité rime avec objets et loi du marché
Allez-savoir pourquoi, j'ai trouvé ce livre au rayon Philosophie de ma bibliothèque (remarque, les livres de développement personnel sont aussi rangés là!). Ce n'est pas du tout ce que je cherchais, mais le titre m'a attiré. Par sa simplicité (ce n'est pas un jeu de mot!).
Je m'attendais à une variante de l'Art de la simplicité de D. Loreau, ou un autre essai de ce type, dont les fondements sont ceux de la sobriété heureuse chère à Pierre Rhabbi (un thème qui me parle bien qu'il soit rebattu depuis des siècles).
Et bien malgré le résumé, qui nous dit que l'auteur va nous donner quelques règles pour nous simplifier la vie dans notre ère numérique, matérialiste, je ne m'attendais pas du tout à cela.

John Maeda est professeur dans un institut de technologie réputé des Etats-Unis. Lorsque j'ai lu cela, j'ai été rassurée, je me suis dit que le livre allait être richement documenté, et que l'auteur théorisait à partir de choses démontrées par les sciences du marché, la sociologie, et autre. Malheureusement la bibliographie est relativement maigre. En fait, Jonh Maeda est aussi (surtout ?) un web-designer. Sa formation s'est faite partiellement aux Beaux-Arts. Le propos n'est donc pas vraiment scientifique, ce sont surtout les idées de l'auteur qui sont retranscrites, certes issues de son expérience, mais cela ne me suffit pas.

En fait, on est bien loin des notions d'obsolescence programmée, d'écologie environnementale, qui pour moi font partie de la simplicité moderne. Ici, il s'agit surtout de décrire comment faire pour qu'un objet technologique (éventuellement artistique) réponde toujours aussi bien aux lois du marché. Et cela passe par sa simplicité. Car la simplicité est un élément vendeur, contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord. Il prend l'exemple très parlant d'Apple et d'Ikéa, qui conçoivent des biens relativement épurés.
L'auteur décrit quelques lois (de sa pure invention) qu'il répète plusieurs fois (c'est sa vision de la pédagogie ; personnellement, je trouve que ces répétitions n'ont pas sa place dans ce livre, si je veux retrouver ces lois je sais que je peux revenir quelques pages en arrière, pas besoin qu'elles soient écrites de la même façon à 4 endroits différents!). Malgré ces petites contradictions, il faut reconnaître que ces lois nous parlent et qu'elle sont bien illustrées : réduire, organiser, gagner du temps, apprendre, originalité, contexte, émotion, confiance... Certaines coulent de source, d'autres moins mais deviennent très explicites.
"Développer les pratiques sociales utilisant moins de puissance - ainsi que les innovations technologiques visant à collecter et conserver la puissance - permettra de créer un monde où les exemples les plus puissants de simplicité seront paradoxalement ceux qui semblent en nécessiter le moins".

Finalement, on apprend quelques anecdotes sympathiques sur certaines grandes firmes, ou sur certaines évolutions technologiques (barres de chargements, lecteur mp3...), et on ne perd pas notre temps car le livre se lit en une heure.
Mais on est bien loin pour moi du concept de simplicité au sens limiter ses besoins. C'est plutôt une ode à la technologie!